« Les entreprises, la biodiversité et le climat »

« Les  entreprises, la biodiversité et le climat »

Dans une tribune au « Monde » un collectif d’entreprises, associations professionnelles, ONG et chercheurs propose de fusionner les informations financières, sociales et environnementales des entreprises en un seul document, la « déclaration de performance intégrée », afin de faciliter la mutation de leur « modèle d’affaires »

 

Tribune. La crise systémique que nous vivons – et que le Covid-19 a révélée plus fortement – nous oblige tous à nous réinventer et à rendre possible ce qui ne l’était prétendument pas. En particulier, la transition écologique de nos modèles de production, de consommation et de nos sociétés apparaît plus que jamais comme une urgence de premier ordre, exigée par une grande majorité de Français ainsi que par la convention citoyenne pour le climat.

Pour être effective, une telle transition écologique doit porter sur l’évolution des modèles d’affaires des entreprises, de manière à les rendre compatibles avec la préservation de la biodiversité, du climat, des ressources naturelles et de la résilience des écosystèmes. Significativement, les dirigeants de trois grandes entreprises – Danone, MAIF, Pfizer France – viennent de lancer une « consultation citoyenne européenne pour repenser le rôle de l’entreprise dans la société ».

Mais poursuivre un tel objectif implique nécessairement une transformation forte et rapide des systèmes d’information utilisés par les entreprises. Les règles qui encadrent le reporting extra-financier des entreprises, la déclaration de performance extra-financière (DPEF) où sont consignées les informations concernant les dimensions sociales et environnementales de leurs activités, souffrent en particulier d’importantes lacunes, dans la mesure où elles ne permettent pas de rattacher véritablement les modèles d’affaires – reposant sur des bases financières – à des données extra-financières.

Dans le prolongement des recommandations de 2003 du Conseil national de la comptabilité (CNC), devenu Autorité des normes comptables (ANC) et de l’Autorité des marchés financiers (AMF), ainsi que du rapport Notat-Senard de mars 2018, l’enjeu déterminant consiste aujourd’hui à faire évoluer la DPEF en connectant données financières et données extra-financières dans une recherche de performance globale, avec ce que les professionnels appellent une déclaration de performance intégrée (DPI).

La DPI permettrait d’accompagner au plus près l’indispensable transition écologique en utilisant le nouveau concept comptable de coût à caractère environnemental, qui regroupe les dépenses environnementales (qui visent à prévenir, réduire ou réparer les dommages environnementaux) et les dépenses pour la transition écologique (qui visent à faire évoluer les modèles d’affaires).

Dans le contexte actuel des plans d’urgence et de relance, cette DPI serait un outil puissant de suivi de la réalité des fonds alloués par les entreprises à la transition écologique, en particulier pour celles qui bénéficient d’aides publiques.

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