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Brexit: un accord encore possible ? (Ursula von der Leyen )

Brexit: un accord encore possible ? (Ursula von der Leyen )

La présidente de la commission européenne a sans doute raison de ne pas exclure encore un accord sur le brexit . En effet ,personne ne peut prévoir les provocations, et les retournements de position de Boris Johnson. Ce dernier a souvent utilisé le bluff et la contradiction dans ses rapports politiques internes comme internationaux. Il faut se souvenir qu’à l’origine Boris Johnson était contre le brexit . Il ne s’est rallié aux brexiters que pour s’opposer au Premier ministre et prendre sa place. Il n’est d’ailleurs pas très certain que Boris Johnson ait une position très claire quant à l’issue de négociations qui a priori paraissent très compromises.

 Cependant devant la détérioration économique sociale et politique dans le pays, on ne peut exclure totalement un nouveau revirement qui serait forcément habillé par la victoire du nationalisme britannique mais sans changer grand-chose à la situation présente.

Dans une interview accordée à quelques médias européens, Ursula von der Leyen appelle à conclure au plus vite la négociation du Brexit, tout en exhortant Londres à respecter ses engagements. Et promet une refonte « majeure » de la gestion des migrations en Europe. ( Interview dans les Échos)

Vous allez proposer une refonte complète du système de Dublin, qui organise l’accueil des réfugiés en Europe. Quels sont les principes qui guident cette nouvelle approche ?

Les migrations ont toujours existé et elles ne vont pas disparaître. Notre noble tâche est de les organiser de manière humaine et efficace. Mais le système actuel ne marche plus. Il a atteint ses limites. Nous allons mettre sur la table une proposition plus large, plus européenne, qui inclut à la fois les enjeux d’asile et d’intégration, de retour dans les pays d’origine et de gestion des frontières. Notre principe est de rééquilibrer solidarité et responsabilité.

Comment croire que vous allez dépasser les blocages qui durent depuis si longtemps sur ce sujet ? 

Au cours des derniers mois, nous avons mené un dialogue intense avec tous les Etats membres sur cette question. Les commissaires en charge du sujet ont préparé le terrain pour définir une zone d’atterrissage commune à tous. Nous nous efforçons d’avoir une approche européenne tout au long de la chaîne, depuis les pays d’origine jusqu’à l’intégration dans l’UE. C’est une proposition majeure qui a été très bien préparée.

Compte tenu de la situation politique au Royaume-Uni, un accord avec Londres sur la relation future est-il encore envisageable ? 

Je suis convaincu que c’est encore possible. Mais il n’y a plus beaucoup de temps. Nous devons donc nous focaliser sur cette négociation plutôt que de détruire ce qui a déjà été acté. Le fait que l’accord de retrait ait été mis en question a constitué une surprise très déplaisante. Il est nécessaire que le Royaume-Uni rétablisse la confiance dans sa signature. Et fasse disparaître le point d’interrogation qu’il a placé au sujet d’un traité qui existe déjà.

L’amendement voté par la Chambre des communes résout-il les problèmes ? 

C’est au Royaume-Uni de décider comment il gère la situation. La balle est dans son camp. Mais tant que la loi britannique sur le marché intérieur prévoit des changements à l’accord de retrait , nous avons un problème.

L’Union européenne peut-elle faire quelque chose pour répondre aux inquiétudes britanniques quant à la fragmentation éventuelle de son propre marché intérieur ? 

L’accord de retrait a été négocié longuement, les deux parties l’ont signé avant qu’il soit ratifié par le Parlement européen et la Chambre des communes. Nous étions d’accord sur le fait qu’il allait préserver la paix sur l’île d’Irlande et respecter l’accord du Vendredi Saint [qui a mis fin au conflit irlandais en 1998, NDLR]. Maintenant, il faut le mettre en place, et non pas le rouvrir. C’est un bon accord qui préserve la paix. Ne perdons plus de temps.

Vous imposez que les Etats membres consacrent 37 % de leur plan de relance au pacte vert, et 20 % au numérique. Est-ce une façon de les empêcher de faire ce qu’ils veulent avec les fonds ? 

Lors du Conseil européen historique de juillet dernier , au cours duquel nous avons mis en place le plan « Next Generation EU », ces deux sujets ont fait l’objet d’un très large consensus. Nous avons même dit, à cette occasion, que 30 % des 1.800 milliards prévus dans le plan de relance et le prochain budget pluriannuel devraient être consacrés au développement durable. Il est donc de notre intérêt à tous d’être ambitieux en la matière. Il ne fait pas de doute que les plans de relance doivent être nationaux car chaque Etat sait mieux ce qu’il doit faire. Mais nous sommes tous alignés sur la nécessité de nous moderniser et d’avoir des économies plus durables. J’ajoute que les deux domaines se complètent et se renforcent mutuellement : nous ne réussirons pas le pacte vert sans utiliser les technologies de pointe, les énergies propres, etc.

Quel est votre diagnostic au sujet de la crise en Méditerranée orientale ? 

Il est essentiel et légitime que la Grèce et Chypre disposent d’une totale solidarité de l’Union européenne. La situation était très critique lorsque la Turquie s’employait à intimider ses voisins . Le fait que son navire d’exploration soit retourné dans les ports turcs constitue néanmoins un bon signe : cela ouvre la voie à une négociation et au dialogue. Il faut maintenant tirer profit de cet espace qui s’ouvre et tenter de trouver une solution pacifique. Et vous pouvez compter sur l’Union européenne pour s’asseoir à la table de négociation. Ce sujet est au coeur des intérêts de l’UE.

Compte tenu de l’évolution des relations avec la Russie, pensez-vous que l’Union européenne doive reconsidérer son approche au sujet du gazoduc NordStream 2 ? 

Pendant longtemps, nous avons eu sur ce sujet une approche strictement économique. Je suis convaincue que c’est également un projet hautement politique . Or le comportement de la Russie ne s’est pas amélioré et a même eu tendance à se détériorer. L’espoir que nous avons eu de faire progresser notre relation avec ce gazoduc diminue. La Russie ne va pas changer d’attitude du fait de cette infrastructure. Nous devons donc réintégrer dans ce sujet la question plus large de la relation que nous avons avec Moscou.

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