Bridgestone : une fermeture économique et politique
La fermeture brutale duJaponais Bridgestone à Béthune (Pas-de-Calais) constitue évidemment une catastrophe sociale. En effet cette usine emploie 863 personnes dans la fabrication de pneumatiques pour voitures. Cette fermeture a plusieurs dimensions. D’abord une dimension économique avec la baisse du secteur automobile qui pourrait être de 25 % pour la construction en 2020. À cela s’ajoute la montée considérable des pneus fabriqués en Chine.
D’autres entreprises du secteur ont aussi réduit leur production en France comme Michelin récemment à la Roche-sur-Yon, avant en Indre-et-Loire.
Il y a aussi Continental à Clairoix dans l’Oise (683 salariés en 2010) et Goodyear à Amiens-Nord (1.143 salariés en 2014). Les deux ont donné lieu à une forte mobilisation syndicale et entraîné de longues procédures judiciaires. Dans d’autres pays d’Europe les constructeurs ont aussi réduit les capacités de production ou fermer carrément l’usine
Le manufacturier japonais revendique le premier rang mondial sur le marché des pneumatiques. L’usine de Béthune, qui produit des pneus pour l’automobile sous les marques Bridgestone et Firestone, connaît des difficultés de longue date.
Sans doute en prévision de ses difficultés, Bridgestone n’a pas réalisé les investissements qui auraient peut-être permis de rendre plus compétitive l’usine de Béthune. Elle est « la moins performante » parmi la dizaine d’usines du groupe en Europe, affirme la direction. En une décennie, ses effectifs ont chuté de 40%, au même rythme que ses volumes de production dans un marché stable. La crise sanitaire n’a rien arrangé. Le marché automobile européen a chuté de près de 40% au premier semestre et devrait rester en baisse de 25% sur 2020, frappé par les conséquences de la pandémie de Covid-19.
La plupart des responsables politiques s’offusquent de cette fermeture considérant qu’il y a comme une espèce de trahison alors que l’entreprise a évidemment bénéficié aussi du soutien de l’État notamment dans le cadre des mesures de relance.
Cette fermeture renvoie évidemment à l’écroulement du secteur industriel en France dont nombre de pans ont été délocalisés ailleurs. Pour les pneus, la part de marché des produits chinois a atteint 25 % en une dizaine d’années quand elle était insignifiante auparavant. On pourrait évidemment citer bien d’autres produits. Ce qui pose un double problème celui des conditions de l’échange avec un pays dont les conditions de concurrence sont faussées sur le plan fiscal, social et économique. Ceci étant les conditions de la compétitivité française en général notamment des charges et de la productivité sont posées. On ne peut en effet ne privilégier que l’aspect politique de cette affaire sans poser aussi les enjeux économiques spécifiques à la France. De ce point de vue la réaction de Xavier Bertrand, candidat potentiel pour 2022 paraît un peu démagogique et surtout un peu courte quand il déclare:
« Si ça leur coûte d’investir, ça va leur coûter beaucoup plus cher de fermer le site. Et ça va prendre des années. Parce qu’en France, on ne part pas comme ça, c’est pas ‘prends l’oseille et tire-toi’. Dans ces cas-là, il faut assumer ses responsabilités et ça va être des années de procédure. C’est la loi qui est ainsi faite. Et quand on a affaire à des cyniques, on se comporte comme face à des cyniques. (…) La balle est dans leur camp. »
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