Revoir la politique vis-à-vis de la Chine
Tribune.
L’Europe doit repenser sa politique à l’égard de Taïwan et les relations entre les deux rives. Pendant des décennies, elle s’est attachée à maintenir un équilibre entre le principe d’autodétermination, la résolution pacifique des différends entre Pékin et Taipei, et le « principe d’une seule Chine » ainsi que la rhétorique « un pays, deux systèmes » déployés par la République populaire de Chine (RPC). Le comportement récent de la Chine met à mal cette politique européenne. Elle doit donc être revue.
Les positions européennes concernant Taïwan tiennent à ce jour en quatre mots : préserver le statu quo. L’Europe a mis en garde Pékin contre toute coercition. Elle n’a jamais encouragé le moindre geste de Taïwan conduisant vers une indépendance. Elle s’est abstenue de discuter d’un traité de libre-échange, et n’a pas soutenu vigoureusement la participation de Taïwan dans les institutions internationales telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pour le reste, elle a traité Taïwan comme une entité séparée sur les questions pratiques, qui vont des visas aux liens économiques et commerciaux.
Ce statu quo est maintenant miné et délégitimé par Pékin. Sur deux points cruciaux, la RPC a détruit la crédibilité de sa propre politique concernant Taïwan. Tout d’abord, sur le modèle « un pays, deux systèmes » qui était censé s’appliquer à Hongkong, où les agissements récents de la Chine populaire violent les termes du traité international qu’elle a signé en 1984. Alors que la population hongkongaise ne veut pas être gouvernée par le Parti communiste chinois (PCC), la réponse de Pékin se fonde sur la coercition, le contrôle et la subjugation. Cela démontre de la façon la plus explicite aux Taïwanais et au monde qu’une « réunification » accompagnée d’une forme d’autonomie significative ou d’un partage des pouvoirs ne peut constituer actuellement une offre sincère. Le rejet du modèle « un pays, deux systèmes » par les citoyens de Taïwan a été si fort qu’il a grandement facilité une victoire triomphale de Tsai Ing-wen aux élections de janvier.
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