Idéologie: L’écologie : une pensée globale ?
José Bové, Noël Mamère affirment sans nuance dans une contribution au Monde que l’écologie est une pensée globale susceptible d’inspirer et d’orienter toute la politique.ils suggèrent également que le mouvement des Verts s’engage seul dans la conquête du pouvoir en ignorant les formations obsolètes. Le succès de plusieurs écolos aux municipales semble monter à la tête ( notons quand même que le vainqueur des municipales est le parti républicain et que les socialistes ont bien maintenu leurs positions. Les écologistes arrivent loin derrière). Faire de l’écologie la référence idéologique centrale pour gérer la société constitue une sorte de réduction des champs de l’intérêt général. Par exemple quid de la démographie, de la sécurité, de l’éducation, de la culture. Bref la confirmation d’une vision réductrice. L’enjeu environnemental reste évidemment majeur mais il ne saurait être exclusif ni être géré de manière brutale.
La tribune :
L’écologie s’impose comme le meilleur outil d’analyse d’un monde abîmé, relèvent les deux figures du mouvement écologiste français, appelant leurs amis politiques à « se mettre en ordre de marche » en vue des prochains enjeux électoraux.
Face à l’urgence climatique et au délitement social et démocratique, les écologistes sont aujourd’hui devant une responsabilité historique : répondre à la demande d’une société mobilisée qui attend toujours la formalisation politique de ses exigences écologiques et sociales. C’est vers elle qu’ils doivent, d’abord, se tourner plutôt que de gaspiller leur énergie à des discussions sans fin avec des appareils politiques « condamnés » de toute façon à s’écologiser, ou avec des formations qui ont décidé de creuser seules leur sillon.
Après avoir été les partenaires obligés de la social-démocratie pour exister politiquement, les écologistes doivent prendre la tête d’un rassemblement en mesure de transformer la société sur la base des questions qu’ils posent pour apporter des solutions en commun.
Repenser la géopolitique
En effet, après un long hiver politique, les questions que pose l’écologie sont devenues centrales et majoritaires dans la société. Elles ne sont plus le privilège des « élites » instruites mais concernent toutes les catégories sociales, de façon transversale : les familles précaires victimes des effets de la malbouffe avec le diabète et l’obésité, les « gilets jaunes », condamnés à la relégation territoriale, les travailleurs précaires et les chômeurs à la santé dégradée faute de pouvoir se soigner, les jeunes marcheurs pour le climat…
Les questions que pose l’écologie – longtemps le chaînon manquant des grandes idéologies politiques – et les réponses qu’elle propose sont aujourd’hui le lien qui associe « mécaniquement » les problématiques sociales, sanitaires et environnementales, économiques et démocratiques.
Ce faisceau de questionnements redéfinit le périmètre de la justice, avec les notions d’écocide et de justice environnementale, promeut l’égalité des droits et l’écoféminisme, nous oblige à repenser la géopolitique ; il rompt avec l’idée cartésienne, toujours dominante, selon laquelle l’homme serait « maître et possesseur de la nature », alors qu’il n’en est qu’une composante, dont l’avenir sur cette terre dépend de son respect du monde vivant…
L’écologie est bien une pensée globale et une révolution dans notre conception du monde et dans notre manière d’habiter la Terre. Elle s’impose aujourd’hui comme le meilleur outil d’analyse d’un monde abîmé où le futur a cédé la place à l’incertain.
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