« Dépistage : utiliser la technique du “pooling” »
Seul un dépistage massif de la population permettra un contrôle efficace de l’épidémie, estime, dans une tribune au « Monde », Gilbert J. Fournié, ancien directeur de recherche à l’Inserm. Mais cette stratégie suppose d’autoriser la technique de « pooling », qui consiste à tester un mélange d’échantillons.
Tribune. En cette période de rentrée, l’inquiétude gagne les milieux de l’entreprise et de l’éducation nationale. Elle est partagée par le conseil scientifique, qui a bien précisé, début juillet, qu’il fallait s’attendre et se préparer à une nouvelle vague d’épidémie à l’automne.
Cette inquiétude est légitime dans la mesure où la stratégie prévue par nos dirigeants pour faire face au risque de diffusion de l’épidémie reste fondée en priorité sur des protocoles de distanciation physique et de port du masque. S’il est désormais établi que le port du masque, en toutes circonstances, et particulièrement dans les espaces clos, est une mesure essentielle de lutte contre l’épidémie de Covid-19, les tests PCR de dépistage des personnes infectées sont indispensables pour gérer efficacement l’épidémie.
Or, sur ce sujet essentiel, la France a pris aussi un retard coupable. Les pays qui ont le mieux géré l’épidémie ont tous mis en œuvre, dès janvier-février 2020, la réalisation à grande échelle des tests de dépistage, le traçage des contacts, la recherche de l’infection chez ces contacts et l’isolement des personnes infectées (Corée du Sud, Singapour, Taïwan, Japon, Allemagne, Nouvelle-Zélande, en particulier). Ces pays déplorent aujourd’hui le moins de morts par million d’habitants liés à l’infection et n’ont pas été obligés de recourir à la mesure, si coûteuse sur le plan économique, du confinement généralisé.
Ce fait est aujourd’hui enfin admis par nos dirigeants qui se vantent maintenant d’être en mesure de pouvoir faire réaliser plus de 100 000 tests par jour. Mais ce déploiement risque de se révéler rapidement insuffisant.
Cette technique permettrait de tester plusieurs millions de personnes par semaine et paraît donc bien adaptée au dépistage de l’infection chez des personnes groupées au sein des entreprises et des établissements d’enseignement
En effet, alors que la dissémination de l’infection se fait souvent à partir de porteurs sains ou paucisymptomatiques du virus [ne présentant que très peu de symptômes], seul le dépistage massif de la population autorise un contrôle efficace de l’épidémie. Au vu de la diffusion actuelle de l’épidémie, les protocoles consistant à tester les personnes symptomatiques puis à tracer et tester les contacts et à mettre en quatorzaine les cas positifs (stratégie « test et isolement ») seront insuffisants pour faire face à la multiplication prévisible des foyers d’infection (clusters) dans les entreprises, écoles collèges, lycées et universités.
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