Dette « non remboursable « , la folie du concept
L’expert financier Karl Eychenne analyse dans une tribune au « Monde » les glissements successifs qui conduisent les banques centrales de l’octroi massif de liquidités à la création monétaire, puis à la dette perpétuelle et à son annulation de fait.
« On ne prête pas à n’importe qui et pas à n’importe quelles conditions. » Au départ, il s’agissait d’un simple principe de bon sens, pour qui souhaite récupérer son dû après avoir fait le sacrifice de s’en priver. Mais aujourd’hui ce principe n’opère plus. Il est devenu un axiome bien trop restrictif pour un monde à fleur de peau. On lui préfère le geste solidaire : prêter autant que nécessaire.
Aujourd’hui converties au « quoi qu’il en coûte », nos politiques nous annoncent l’arrivée de « la dette à tout faire » comme moyen ultime d’échapper à la tyrannie d’un présent qui colle aux doigts. Et puisque décidément plus rien n’est comme avant, cette dette de circonstance serait financée à partir de rien (création monétaire), et reconduite éternellement (jamais remboursée) ; deux attributs d’une opération du Saint-Esprit.
Mais un point agace : avec l’arrivée de cette dette XXL, la génération présente se doterait d’une créance exorbitante auprès des générations futures, ces dernières étant alors mises en demeure de faire le nécessaire pour assurer l’intendance.
Pour éviter cela, une solution radicale est alors invoquée : annuler la dette qui sera achetée par la Banque centrale européenne (BCE), sans toutefois retirer du circuit économique la monnaie créée qui permettra de financer cette dette. Hier encore, cette option était rangée au rayon du tragicomique. Mais aujourd’hui, tout le monde en parle.
Alors, appelons un chat un chat : qu’est-ce que l’on prête et que l’on ne réclame plus ? Un don.
Métaphore freudienne
L’histoire qui nous mène de la dette au don n’a rien d’original. Il s’agit de la métaphore freudienne du chaudron qui est prêté puis rendu, mais avec un trou, et dont l’emprunteur nie en être responsable. Dans le cas de la dette, cela se raconte ainsi : la génération présente a emprunté aux générations futures un chaudron, mais ces dernières accusent la première de lui avoir rendu avec un trou, un trou de la taille de la quantité de monnaie et de dette émises.
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