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Dépistage du Covid-19 : une stratégie incohérente

Dépistage du Covid-19 : une stratégie incohérente

Pour contrôler l’épidémie, il faut chercher systématiquement les porteurs du virus en testant massivement la population, plutôt que cibler les « clusters » comme le font les autorités françaises, explique l’épidémiologiste Catherine Hill dans une tribune au Monde.

Tribune.

 

Les autorités françaises ont enfin compris que le port du masque est utile, mais l’essentiel, à savoir l’identification rapide et généralisée des porteurs du virus par test PCR, n’est toujours pas à l’ordre du jour. La plupart des personnes infectées ne sont contagieuses que pendant une dizaine de jours ; pour réduire la transmission du virus, il faut donc les trouver dans cette période et les isoler.

Au lieu de chercher systématiquement les porteurs de virus, les autorités sont actuellement concentrées sur les foyers. Un foyer (ou cluster) est défini comme « la survenue d’au moins trois cas confirmés ou probables, dans une période de sept jours, et qui appartiennent à une même communauté ou ont participé à un même rassemblement de personnes, qu’ils se connaissent ou non ».

On voit bien qu’une partie de la circulation du virus échappe à cette surveillance : une personne contagieuse qui se déplace peut contaminer d’autres personnes ici où là, sans que ces contaminations correspondent à un foyer identifiable. C’est d’ailleurs pour cela que les foyers identifiés rassemblent des personnes repérables par leur appartenance à un groupe : rassemblements familiaux, entreprises privées et publiques, établissements de santé…

Le nombre de cas connus, la proportion de tests positifs, le taux d’incidence de la maladie et le nombre de reproduction effectif du virus sont des indicateurs calculés à partir du nombre de tests PCR positifs. Ils dépendent donc de la stratégie de test : si on teste plus largement la population, le nombre de cas cliniques connus et le nombre de tests positifs augmentent, mais la proportion de tests positifs diminue. Au début de l’épidémie en France, environ un tiers des tests étaient positifs, alors qu’aujourd’hui 2,5 % des tests sont positifs. Pour contrôler l’épidémie, il faut tester suffisamment pour que la proportion de tests positifs devienne très faible.

Le taux d’incidence, défini comme le nombre de personnes testées positives rapporté au nombre d’habitants, dépend aussi beaucoup de la proportion de la population testée. Cet indicateur n’estime l’incidence de la maladie, c’est-à-dire la fréquence des nouveaux cas dans la population, que si on teste un échantillon représentatif de la population. En dehors de cette situation, il n’est pas vraiment utile.

Enfin, le nombre de reproduction du moment est estimé à partir d’un modèle mathématique sur la base du nombre de tests positifs par semaine, il dépend donc lui aussi de l’intensité du dépistage par test PCR. Pour mesurer directement l’intensité du dépistage, on peut calculer la proportion de la population testée par PCR. Du 6 au 12 août, on a testé 610 000 personnes, donc moins de 1 habitant sur 100.

 

 

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