Pour un autre financement des ONG internationales
Dans une tribune au « Monde », Pierre Micheletti, le président d’Action contre la faim. A l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, mercredi 19 août, il appelle à une transformation du financement des actions humanitaires.
Tribune
. Une fois encore, 2020 aura été tristement fidèle à la violence qui, à partir de l’attentat de Bagdad en 2003, avait conduit à l’instauration d’une journée mondiale de l’humanitaire. En août, six humanitaires de l’ONG Acted ont été tués près de Niamey (Niger). En juillet, cinq personnels humanitaires avaient été exécutés dans le nord-est du Nigeria, par un groupe se revendiquant de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP en anglais). Pour Action contre la faim, ces nouveaux drames succèdent à un événement identique survenu en 2019 dans ce même pays.
La défaillance des financements publics expose les humanitaires à devoir s’engager sur les sentiers hasardeux – et parfois éthiquement discutables – du marketing émotionnel. On retrouve dans la pratique de certaines ONG internationales les ingrédients d’un libéralisme parfois nié, parfois revendiqué, parfois sources de conflits entre les différentes organisations : culte de la performance managériale, apologie de l’argent privé comme gage de la « liberté d’entreprendre », défiance à l’égard du pouvoir des Etats, revendications de vouloir s’affranchir de toutes formes de régulation ou de coordination, propos parfois hostiles entre ONG à l’égard de la « concurrence ».
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