Mali: coup d’Etat dans un Etat qui n’existe pas
Le président malien a été contraint de démissionner du fait de son arrestation par des soldats mutins. Le président a aussi annoncé la dissolution du gouvernement et du Parlement. Un nouvel épisode d’une démocratie très balbutiante en Afrique où les difficultés démocratiques s’ajoutent aux sous-développement économique et social le plus souvent sur fond de corruption généralisée.
Le pays est aussi secoué par la guerre que mène les terroristes religieux dans une grande partie du Sahel. Dans cette zone, les Etats sont très fragilisés et peuvent basculer du jour au lendemain. C’est le cas du Mali mais aussi par exemple celui du Burkina Faso ou encore du Niger. Des Etats relativement fictifs qui n’existent en réalité qu’autour des capitales le reste étant abandonné aux bandes et aux terroristes.
Au Mali, la coalition d’opposition M5-RFP, à l’origine de manifestations de masse depuis juin pour la démission d’Ibrahim Boubacar Keita, a apporté son soutien aux soldats. Nouhoum Togo, porte-parole du M5-RFP, a déclaré à Reuters qu’il ne s’agissait pas d’un coup d’État militaire mais d’une insurrection populaire.
Des rumeurs selon lesquelles les soldats auraient arrêté le président avaient poussé plus tôt des centaines de personnes à se rendre sur la place de l’Indépendance, pour demander la démission du président, accusé de corruption et d’aggraver la situation sécuritaire dans le nord et le centre du pays où sévissent des rebelles islamistes.
En 2012, une mutinerie sur cette même base de Kati avait conduit à un coup d’État et renversé le président de l’époque, Amadou Toumani Touré, et contribué à la chute du nord du Mali aux mains des djihadistes qui continuent à opérer dans le nord et le centre du pays.
Un diplomate européen a déclaré qu’un nombre relativement faible de membres de la Garde nationale, apparemment en colère à cause d’un conflit salarial, s’était emparé d’un dépôt de munitions mardi mais aurait ensuite été encerclé par d’autres services d’ordres gouvernementaux.
“Oui, mutinerie. Les soldats ont pris les armes”, a déclaré de son côté une source au sein des services de sécurité.
Ailleurs dans la capitale, des ministères ont été évacués, a déclaré un fonctionnaire, et des coups de feu ont été entendus près du bureau du Premier ministre, selon une source des services de sécurité.
Un habitant de Bamako a déclaré que des hommes armés avaient fermé l’accès à deux ponts sur le fleuve Niger dans la ville. L’identité des individus armés n’a pas été immédiatement établie.
Les ambassades de France et de Norvège à Bamako ont exhorté mardi leurs citoyens à rester chez eux.
La France et d’autres puissances internationales ainsi que le secrétaire général de l’Onu ont condamné cette mutinerie.
Emmanuel Macron s’est entretenu avec son homologue malien, Ibrahim Boubacar Keita, ainsi qu’avec Alassane Ouattara, le président de la Côte d’Ivoire, le président sénégalais Macky Sall et le président nigérien Mahamadou Issoufoun, a précisé l’Elysée.
La président français a exprimé son soutien aux efforts de médiations en cours de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui ont appelé au maintien de l’ordre constitutionnel et exhorté les militaires à regagner leurs casernes.
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