Déforestation: la responsabilité des consommateurs
La lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts tropicales, dont l’agriculture et l’élevage sont responsables, doit être menée tant au niveau local qu’international, au travers d’une coopération solidaire entre pays producteurs et pays importateurs, estiment les écologues Plinio Sist et Claude Garcia dans une tribune au « Monde ».
Tribune. Au cours des trente dernières années, la planète a perdu 403 millions d’hectares de forêts tropicales, soit en moyenne plus de 13 millions d’hectares par an. En plus de la déforestation, la dégradation forestière causée par l’exploitation illégale des bois rend les écosystèmes forestiers plus vulnérables face aux risques d’incendies et au changement climatique. Lutter contre la déforestation et la dégradation forestière est primordial, si nous voulons atteindre à la fois les objectifs du développement durable, ceux de l’accord de Paris sur le climat [2015] et de la convention sur la diversité biologique.
L’agriculture et l’élevage représentent la principale cause directe de disparition des forêts tropicales. En vingt ans, et notamment en Amérique latine, l’agriculture commerciale a dépassé l’agriculture de subsistance comme principal moteur de déforestation : la responsabilité des consommateurs est plus que jamais engagée.
Les nombreux accords, conventions et instruments de politique internationale pour la préservation des forêts tropicales mis en place depuis le sommet de Rio, en 1992, n’ont jusqu’à présent pas montré leur efficacité. Cela tient sans doute au fait que ces instruments reposent presque exclusivement sur la base de déclarations d’objectifs de chaque pays, et donc sur la volonté et la capacité de ces pays à lutter contre la déforestation à l’échelle nationale.
En Amazonie brésilienne, les chiffres de la déforestation repartent ainsi à la hausse. Pourtant, le Brésil avait adopté une politique volontariste qui avait abouti à une baisse très significative de la déforestation de 80 % entre 2004 et 2012.
Malgré une politique nationale actuelle peu favorable, certains territoires comme Paragominas, en arrière des fronts de déforestation, continuent à maintenir le contrôle de leur déforestation, en liens étroits avec tous les acteurs du territoire. La réhabilitation des terres dégradées pour l’agriculture et l’élevage est la prochaine étape à mettre en place afin que ces territoires soient durablement aménagés.
L’Europe et la France se sont engagées à mettre en place avant 2030 un système juridique exigeant que les entreprises importatrices de viande, d’huile de palme, de cacao, etc. démontrent que ces produits ne sont pas issus de la déforestation
Il ne s’agit pas seulement de ralentir la perte des forêts mais bien d’inverser la tendance, entre autres, à travers des programmes de restauration forestière ambitieux.
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