Un gouvernement d’experts au Liban ?
Depuis la démission du gouvernement libanais lundi, la question se pose de son remplacement par une équipe d’experts. Des experts chargés non seulement de s’assurer que l’aide internationale parvient bien à ceux qui en ont besoin mais aussi en charge du redressement économique..“Un gouvernement de technocrates qui puisse assurer les réformes et qui gère l’aide d’urgence ” estime la France.
La France est déterminée à éviter que le Liban s’effondre et Emmanuel Macron a insisté lors de sa visite à Beyrouth puis lors de la visioconférence qu’il co-organisait dimanche sur l’aide à la reconstruction: l’aide d’urgence sera acheminée mais le soutien financier nécessaire par la suite pour reconstruire une économie durement touchée par la crise bancaire et qui ploie sous le poids de la dette dépend des réformes.
“Depuis qu’il est venu ici, relève une source politique libanaise de haut rang, Macron se comporte comme s’il était désormais le président du Liban. Ce qui n’est pas une mauvaise chose parce que personne ici n’est en mesure de jouer ce rôle. Personne ne fait confiance à qui que ce soit.”
Le gouvernement sortant était déjà largement formé par des ministres issus de la technocratie, mais nommés par les chefs de file des partis communautaires qui ont continué d’exercer leur influence à travers eux et fait obstacle à des réformes susceptibles de mettre fin à leurs systèmes de patronage.
Le coût de la reconstruction de Beyrouth, où l’explosion a fait 250.000 sans-abri, pourrait atteindre jusqu’à 30 milliards de dollars, ou 25 milliards d’euros, une somme que le Liban est incapable d’assumer seul.
“Plus encore qu’ailleurs, au Liban le temps c’est de l’argent”, souligne une source au ministère français des Finances.
En avril 2018, la conférence CEDRE (conférence économique pour le développement du Liban par les réformes et avec les entreprises) organisée à Paris par Emmanuel Macron a débouché sur des promesses de prêts et de dons de 11 milliards de dollars pour financer des investissements en infrastructures.
Mais leur déblocage dépend de la mise en oeuvre des réformes structurelles et sectorielles promises par le gouvernement libanais, réformes qui se font toujours attendre.
Selon une source gouvernementale libanaise, Emmanuel Macron souhaiterait que le futur gouvernement soit dirigé par Saad Hariri, qui a déjà été à deux reprises Premier ministre. Mais, ajoute cette source, le président Michel Aoun et les partis chrétiens s’y opposent.
Et si au final les factions libanaises ne cédaient pas aux demandes de réformes des pays donateurs, le député français Loïc Kervran, qui préside le groupe d’amitié France-Liban à l’Assemblée nationale, indique que des sanctions pourraient s’avérer un outil efficace, une interdiction de visa par exemple.
“Les hommes politiques libanais voyagent beaucoup, et voyagent beaucoup à Paris par exemple (…) C’est un moyen de pression important”, dit-il.
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