Néonicotinoïdes : la ministre écolo condamnée à faire la girouette
Le ministère de l’écologie ne sert à peu près à rien, ce n’est pas une grande découverte. La plupart des ministres n’ont jamais pu impulser la moindre politique environnementale un peu cohérente qui permette notamment de préserver l’environnement tout en assurant la transition pour ne pas casser l’économie. Du coup, le ministère est condamné à faire la girouette en prenant des mesures précipitées quitte à revenir dessus compte tenu de leur incohérence. C’est le cas avec cette décision de revenir sur l’interdiction des néonicotinoïdes .
La filière sucrière alerte depuis quelques semaines le gouvernement sur les pucerons verts qui envahissent leurs plantations. Ces insectes piqueurs-suceurs sont vecteurs de la jaunisse, un virus qui s’attaque aux betteraves. Elle entraîne une perte de rendements allant de 30% à 50%. Un communiqué du ministère de l’agriculture publié jeudi 6 août qualifie cette crise de la jaunisse d’« inédite ». Elle »fragilise l’ensemble du secteur sucrier et crée le risque d’un abandon massif de la betterave en 2021″.
Le communiqué souligne que cette crise serait due à l’interdiction des néonicotinoïdes en 2018, puisque les alternatives utilisées contre les pucerons « se sont révélées inefficaces ». Selon le syndicat CGB, affilié à la FNSEA, la France va ainsi produire « 600 000 à 800 000 tonnes de sucre » en moins cette année.
Pour ne pas perdre la place de premier producteur européen de sucre et soutenir la filière, le gouvernement fait volte-face. Dès 2021, il veut à nouveau autoriser les agriculteurs à utiliser, sous « conditions strictes », des semences de betteraves enrobées de néonicotinoïdes. Le ministère de l’Agriculture souhaite obtenir cet automne une « modification législative » permettant de déroger à l’interdiction de 2018 jusqu’en 2023 au plus tard. Il sera interdit de pulvériser les pesticides dans l’air, ni de planter sur la même parcelle des cultures susceptibles d’attirer les pollinisateurs pour ne pas les exposer « aux résidus éventuels ».
. Les néonicotinoïdes regroupent sept molécules dérivées de la nicotine. Ils sont utilisés pour débarrasser les cultures des insectes ou de leurs larves, particulièrement des pucerons et des chenilles.
La persistance du produit dans la terre fragilise l’écosystème, selon une étude menée par Greenpeace en touchant les insectes comme les papillons et les fourmis, mais aussi les invertébrés, comme les vers de terre, et jusqu’à la faune des cours d’eau, notamment les batraciens.
Interrogé par France 3 Hauts-de-France, Dominique Fiévez, qui cultive des betteraves dans la Somme, assure que « les pollinisateurs comme les abeilles ne viennent pratiquement pas sur les betteraves, car les betteraves ne développent pas de fleurs. » Selon lui, l’interdiction des néonicotinoïdes pour ces plantations »n’avait pas de sens ! Mieux vaut enrober les semences avec cet insecticide, que de pulvériser un aérosol ensuite.«
Pourtant, du côté des associations de défense de l’environnement et des apiculteurs, le retour aux néonicotinoïdes est une immense déception. L’ancienne ministre de l’Environnement et avocate Corinne Lepage dénonce »une faute sanitaire et politique ».
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