Trois « autoroutes » ferroviaires décidées
Le principe de développer le transport de fret va se concrétiser dans un premier temps par la mise en service de trois autoroutes ferroviaires. La réactivation de l’activité ferroviaire est évidemment souhaitable notamment pour des questions écologiques. Reste que la conséquence sur le partage modal entre notamment le train et la route restera assez anecdotique. Aujourd’hui la route transporte environ 90 % des marchandises et le fret ferroviaire nettement moins de 10 %. La remontée sera difficile. Plusieurs facteurs explicatifs: la compétitivité bien sûr de chacun des modes, les conditions de concurrence affectées en particulier par la venue de pavillons routiers étrangers, les évolutions structurelles de la nature des marchandises, la transformation de la distribution enfin la qualité. La création de trois autoroutes ferroviaires constitue un symbole, pas sûr cependant qu’elles annoncent un redressement significatif du fer dans un marché particulièrement complexe et très concurrencé.
À noter que le terme autoroutes ferroviaire est impropre, il n’est même pas très heureux. Il ne s’agit en fait ni d’autoroutes, ni de lignes nouvellement créées mais de trains directs sur des lignes existantes. En plus, il faudra surtout trouver des clients, des utilisateurs dont la plupart seront sans doute routiers. L’argument sera celui de la qualité. En cas d’insuffisance dans ce domaine, les fameuses autoroutes ferroviaires ne sont pas appelées à un grand avenir. Pour preuve, la desserte Perpignan Rungis qui existait il n’y a pas si longtemps a dû être fermée faute de clients suffisants.
Le Premier ministre a donc annoncé en milieu d’après-midi la réouverture du “train des primeurs” entre Perpignan et Rungis et la création d’autres “autoroutes ferroviaires” sur les lignes Sète-Calais et Bayonne-Cherbourg.
Pour favoriser la création de ces nouvelles “autoroutes de fret ferroviaire”, l’Etat s’engage à mettre en place un dispositif d’aides au démarrage pouvant aller jusqu’à 35 millions d’euros par an, précise le gouvernement dans un communiqué.
“Il y a des péages pour emprunter des sillons, c’est-à-dire les voies que les trains de marchandises empruntent (…). Nous avons décidé la gratuité de ces péages jusqu’à la fin de l’année 2020 et une division par deux en 2021 du prix de ces péages”, a également annoncé Jean Castex.
Le coût de l’annulation de ces péages que doivent payer les entreprises de fret ferroviaire est évalué à 63 millions d’euros sur la période juillet-décembre, indique le gouvernement.
L’effort financier sera le même en 2021. “C’est un signal extrêmement fort que le gouvernement donne et c’est une première étape dans le plan de reconquête du fret ferroviaire”, a souligné le Premier ministre.
“Le transport combiné c’est l’avenir (…) Il s’agira donc d’un sujet essentiel dans le cadre du plan de relance vers la transition écologique”, a-t-il dit.
Les trois lignes directes mises en service ne constituent qu’une très petite partie du potentiel de transport combiné qui lui mériterait une politique de soutien significative.
La part de marché du fret ferroviaire en France, qui était de 45% en 1974, n’a cessé de s’éroder au profit du transport routier et n’est plus aujourd’hui que de 9%, la moitié environ de la moyenne européenne, précise le gouvernement.
Les premières mesures post-Convention citoyenne sur le climat feront par ailleurs l’objet d’un projet de loi examiné au Parlement en début d’année prochaine.
“Une première version du projet de loi sera prête pour fin septembre (…) présentée au conseil des ministres en novembre pour un examen au parlement en janvier 2021”, a annoncé la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a l’issue d’un conseil de défense écologique qui s’est tenu dans la matinée à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron.
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