Climat : « le coût social d’une économie sobre en carbone »

Climat : « le coût social d’une économie sobre en carbone » 

L’économiste Aurélie Méjean considère, dans une tribune au « Monde », qu’il convient de compenser les effets négatifs d’une taxation des émissions de CO2 sur les faibles revenus.

Tribune. Depuis la fin des années 1980, les inégalités mondiales décroissent. Cette tendance est cependant susceptible d’être inversée si l’objectif fixé par l’Accord de Paris d’une limitation du réchauffement en deçà de 2 °C par rapport au niveau préindustriel n’est pas tenu. La faute aux dommages liés au changement climatique, qui creusent les inégalités entre les pays et en leur sein. La mise en place de politiques de réduction des émissions est donc indispensable pour limiter l’effet amplificateur d’inégalité du changement climatique.

Deux politiques-clés pour amorcer la transition vers une économie sobre en carbone sont la suppression des subventions à la production et à l’utilisation d’énergie fossile, et la mise en place d’une tarification du carbone. Ces politiques dirigent les choix de consommation vers les produits et services les moins polluants. Mais en l’absence d’alternatives propres, elles ont pour effet d’augmenter le prix des services énergétiques (transport, chauffage) et des denrées alimentaires (par l’effet de la compétition dans l’usage des terres pour la production de bioénergie en particulier), ce qui touche de façon disproportionnée les ménages modestes, qui consacrent une grande part de leur revenu précisément à ces dépenses.

L’action climatique aggraverait donc, elle aussi, les inégalités car elle pénaliserait les plus pauvres. Comment affronter ce paradoxe ?

Tout d’abord, pour être socialement acceptables et acceptées, les politiques doivent être graduelles, afin de permettre une adaptation des modes de consommation et de production au nouveau jeu de prix relatifs. Dans les pays à faible revenu, par exemple, l’un des grands enjeux de développement est la limitation de la pollution de l’air intérieure, due à la combustion de biomasse traditionnelle dans les habitations. Un renchérissement des énergies fossiles via une suppression de subventions ou une tarification du carbone freinerait l’adoption de modes de cuisson non polluants, car les combustibles de transition sont, dans ce cas, fossiles (gaz de pétrole liquéfié, gaz naturel). Les réformes devront être ciblées et échelonnées : il s’agira de maintenir temporairement les subventions accordées aux combustibles de transition, tout en incitant l’adoption de technologies à partir d’électricité renouvelable, par des subventions, notamment.

Ensuite, l’impact des politiques sur les inégalités dépendra de l’usage qui est fait des revenus associés, c’est-à-dire de l’allocation du budget libéré par la suppression des subventions aux énergies fossiles, et de l’arbitrage sur l’usage des recettes perçues par l’Etat dans le cas d’une taxation du carbone. Les transferts directs, monétaires ou en nature (aide alimentaire notamment), ont démontré leur efficacité pour assurer aux plus pauvres la satisfaction de leurs besoins de consommation de base dans le cas d’une suppression des subventions aux énergies fossiles, par exemple en Indonésie. »

 

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