Le programme gargantuesque de Castex

Le programme gargantuesque de Castex

 

Beaucoup d’observateurs sont très  dubitatifs face au menu gargantuesque du Premier ministre. Ce dernier n’a d’ailleurs pas mis beaucoup de temps pour s’en rendre compte puisque quelques jours après l’annonce solennelle devant le Parlement, il décide de reporter en principe début 2021 les questions relatives à la réforme des retraites et à l’assurance chômage.

Pas vraiment étonnant avec des objectifs si nombreux, si complexes, si contradictoires il paraît difficile d’accorder une grande fiabilité à ce programme indigeste. Pour faire court, Castex veut tout traiter et en peu de temps. En peu de temps, car il lui reste théoriquement 600 jours avant l’élection présidentielle sachant qu’au moins 6 mois, voire davantage seront complètement neutralisés par la campagne électorale.

La relance économique qui à elle seule suffirait  à occuper un honnête homme nommé premier ministre. C’est le pivots de beaucoup d’autres réformes. De l’état économique du pays dépend la situation sociale et la plupart des grands équilibres ( chômage bien sûr mais aussi retraite, budget, dettes, profondeurs des réformes, les moyens de la décentralisation, la prise en compte réel de la problématique environnementale voire les moyens à mettre en œuvre pour prendre en charge la sécurité et le séparatisme).

Comment même avec un sa bonne volonté apparente, Castex pourrait-il réussir en 18 mois là où Macron a échoué en trois ans avec en plus toutes les conséquences dramatiques d’une crise sanitaire sans précédent. Un programme beaucoup trop ambitieux, trop vague, insuffisamment ciblé pour disposer de moyens à la hauteur de l’ambition affichée

Sans redressement de l’économie, les orientation demeureront théoriques éventuellement confinés dans des lois sans contenu.

 

Dans le détail, les orientations annoncées:

100 milliards pour l’économie

100 milliards d’euros au plan de relance de l’économie qui sera présenté à la rentrée pour créer les “conditions d’une croissance économique plus robuste, plus innovante, plus écologique et plus solidaire”. Notons déjà que la facture des 30 milliards d’euros pour le chômage partiel va dépasser les prévisions en 2020. Par ailleurs les 8 milliards annoncés pour 2021 sont notoirement insuffisants. En cause, le fait qu’on sera loin de retrouver le niveau de chômage de fin 2019 en 2021. Au moins un demi-million de chômeurs supplémentaires  fruits de la crise sanitaire seront indemnisés d’une manière ou d’une autre(par le chômage partiel ou  le chômage classique).

L’annonce d’un commissariat général au plan paraît sympathique mais là aussi l’ambition paraît démesurée. La redécouverte de l’impérative nécessité de la prospective partagée avec les acteurs économiques est sans doute incontournable si on veut éclairer l’avenir. Quant à dire comme l’affirme Castex que c’est  pour « planifier une politique économique de long terme, » c’est évidemment ridicule. La première chose c’est que le plan n’a jamais été l’instrument de planification de toute l’économie ( en dépit des critiques des pisse-froid de l’ultra libéralisme . La seconde chose c’est que l’objectif d’éclairer l’avenir sur les enjeux de long terme avec des scénarios constitue déjà une tâche immense. Mais on est loin d’une planification qui n’a d’ailleurs jamais existé même après 1945.

Le Premier ministre veut mobiliser 1,5 milliard d’euros pour la formation, en plus des 15 milliards du Plan d’investissement dans les compétences (PIC) qui devaient être répartis sur le quinquennat. Les personnes qui se tourneront vers les métiers en tension verront leur compte personnel de formation (CPF) abondé. Une orientation difficilement critiquable mais qui aurait pu commencer par un audit sérieux des 35 milliards qui sont dépensés annuellement au titre de la formation sans réel contrôle et sans réelle efficacité au regard de l’énorme enveloppe.

Castex annonce 40 milliards d’euros pour renforcer l’industrie française, qui “s’est affaiblie” pendant la crise, alors que certains fleurons français sont passés “sous pavillon étranger, sans que nous puissions, ou souhaitions, réagir”. Un phénomène structurel puisque la France a perdu en une trentaine d’années de l’ordre de 2 millions d’emplois industriels. Une véritable hécatombe. Il ne s’agit pas simplement de renforcer mais de reconstruire

Le premier ministre prend à son compte les mesures présentées mardi par Emmanuel Macron afin d’éviter une flambée du chômage chez les jeunes, Jean Castex a annoncé la création de 300.000 parcours et contrats d’insertion pour les jeunes en situation de décrochage et de 100.000 places en service civique, en plus des 140.000 places déjà existantes. Rien que sur les places relatives aux services civiques il y a lieu de sourire quand on sait ce service n’a pas grand chose de civique et pas grand-chose de formation professionnelle

La veille, Emmanuel Macron avait précisé qu’il serait aussi possible pour les jeunes diplômés d’effectuer un semestre ou une année d’études en plus avec l’ouverture de 200.000 places dans des formations qualifiantes supérieures ( dans des universités dans les effectifs vont déborder de partout ?). Cela afin de retarder leur entrée sur le marché du travail.

Et le premier ministre qui veut décidément faire dans le super concret d’annoncer le prix des repas pour les étudiants boursiers, pourquoi pas aussi le menu ?

L’hymne au territoire

Le premier ministre a dû prononcer au moins 30 ou 40 fois le mot territoire pour marquer sa volonté de décentralisation et de proximité. Et d’annoncer encore une loi, organique celle-là, pour réorganiser en profondeur l’État. Un champ d’action qui a été complètement ignoré par Macon. Et pour illustrer le propos le premier ministre de citer un déploiement du très haut débit qui n’atteindra que le cœur des agglomérations aussi les fuites d’eau ! Et la sauvegarde de lignes ferroviaires fermées déjà depuis des années voire des décennies.

Le premier ministre a aussi abordé l’enveloppe de la recherche et effleurer l’écologie avec des objectifs très généraux, beaucoup trop généraux.

« Le plan de relance proposera de mobiliser plus de 20 milliards d’euros pour la rénovation thermique des bâtiments, la réduction des émissions des transports et des industries, la production d’une alimentation plus locale et plus durable et le développement des technologies vertes, comme les batteries. » Des propos aussi très généraux concernant la santé plutôt l’absence d’ambition sur la réforme globale système sanitaire.

Dans cet inventaire à la Prévert, ressort tout d’un coup la catastrophique réforme des retraites tellement chère à Macon sera sans doute limitée à la suppression à terme ( clause du grand-père) des régimes spéciaux.

Le premier ministre a eu cependant le mérite de mettre des mots clairs sur un des problèmes essentiels de notre société à savoir les phénomènes de violence, d’insécurité.

Jean Castex entend “lutter contre l’islamisme radical sous toutes ses formes” et les “groupuscules violents” qui perturbent, notamment, les manifestations en France. Il a annoncé pour la rentrée un “projet de loi contre les séparatismes” pour “éviter que certains groupes ne se referment autour d’appartenances ethniques ou religieuses”.

Le Premier ministre a également annoncé la mise en place “de juges de proximité spécialement affectés à la répression des incivilités au quotidien”.

Une très bonne intention compte tenu de la déliquescence de l’État dans nombre de quartiers sensibles où  constate même des actes criminels contre les représentants et acteurs du service public. En conclusion, un menu complètement indigeste parce qu’il est impossible à mettre en œuvre. Castex aurait pu se limiter au redressement de l’économie et à l’insécurité. Le risque est que le gouvernement se disperse et finalement pratique aussi le saupoudrage politique à coup de mesurettes.

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