PMA « dépasser les diktats «
Le faible taux de réussite est le problème principal de la PMA, et les recherches visant à déterminer le potentiel de développement des embryons doivent être autorisées afin d’éviter cette situation, souligne René Frydman, pionnier de la médecine procréative.(Tribune dans le monde)
Quarante ans après ses débuts, quel est le problème principal de la procréation médicalement assistée (PMA) ? C’est le faible taux de réussite et les répétitions souvent inutiles qui en découlent puisque, in fine, 40 % des couples n’auront pas l’enfant désiré. Vouloir étendre les indications de la PMA est un problème de société, vouloir améliorer les taux de succès est une problématique médicale.
Selon l’Agence de biomédecine en 2016, 297 744 embryons ont été conçus après PMA in vitro. Seulement la moitié (49,2 %) ont été jugés aptes, en fonction de leur aspect morphologique, à être transférés ou congelés en vue d’un transfert ultérieur. Et, parmi les embryons transférés, seuls 16,5 % se sont développés jusqu’à la naissance. Ainsi, on estime qu’environ 60 % des embryons obtenus in vitro ne sont pas aptes à se développer, et ce pourcentage atteint 80 % chez les patientes âgées de 40 ans et plus.
Des recherches visant à déterminer le potentiel de développement des embryons doivent être autorisées afin d’éviter cette situation. N’est-ce pas faire violence aux femmes que de faire comme si cela n’existait pas ? L’analyse de l’aspect morphologique des embryons est aujourd’hui la base du choix du transfert ou non, mais cette approche est loin d’être fiable. C’est pourquoi il faut se tourner vers d’autres marqueurs. Par exemple, on pourrait étudier certains constituants du milieu de culture dans lequel l’embryon se développe, ou étudier les caractéristiques des petites cellules qui l’entourent.
Ce sont des perspectives intéressantes, mais on peut dès aujourd’hui réaliser le prélèvement d’une cellule embryonnaire, ou diagnostic préimplantatoire (pratiqué depuis 1991), à cette fin. Cette technique permet l’analyse des chromosomes et permettrait également des recherches sur le métabolisme intracellulaire ou sur l’équipement mitochondrial de l’embryon. Ces techniques de prélèvement cellulaire embryonnaire ne sont pas délétères, mais, à la différence de la plupart des pays européens, demeurent interdites en France pour ce type de recherche sur le potentiel de développement.
Des données internationales récentes, parues dans la revue Fertility and Sterility en 2019, montrent que pour 661 patientes randomisées (c’est-à-dire bénéficiant de l’examen chromosomique embryonnaire ou non), cet examen n’apporte aucun bénéfice pour une population standard de moins de 35 ans. Par contre, chez les femmes âgées de plus de 35 ans, cette technique devient très pertinente. Ces données démontrent la nécessité d’autres recherches sur des situations telles que les échecs répétés d’implantation, ou les fausses couches à répétition. Comme toute donnée scientifique, celles-ci doivent être vérifiées. »
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