5G : la France ouvre la porte à Huawei (ANSSI)
Encore une fois une position pas très claire de la France vis-à-vis de la 5G chinoise. Une décision pas très claire sur le plan technologique dans la mesure où le choix de tel ou tel grand opérateur pourra créer des distorsions de concurrence. ( exemple orange qui va choisir Nokia et Ericsson tandis que par exemple SFR préfère le chinois Huawei ). Notons par parenthèse que la France sur ce sujet très tendu n’en fait même pas une arme diplomatique pour exiger le respect de la démocratie à Hong Kong ! Un silence assourdissant qui témoigne d’une diplomatie française tout aussi lâche qu’inaudible ( remarquons que l’union européenne n’est pas plus courageuse ! ).
“Ce que je peux dire, c’est qu’il n’y aura pas un bannissement total”, déclare Guillaume Poupard, patron de l’ ANSSI, autorité de régulation. Tout en précisant cependant qu’”il y aura des refus” et qu’ils ne concerneront pas Nokia et Ericsson, les concurrents européens du groupe chinois dans les équipements nécessaires à cette nouvelle norme de téléphonie mobile.
“Les opérateurs qui n’utilisent pas Huawei, nous les incitons à ne pas y aller car c’est un peu le sens naturel des choses. Ceux qui l’utilisent déjà, nous délivrons des autorisations dont la durée varie entre trois et huit ans”, poursuit-il.
“Nous ne sommes pas dans du Huawei bashing, ni dans du racisme anti-chinois”, se défend-il. “Nous disons juste que le risque n’est pas le même avec des équipementiers européens, qu’avec des non-européens. Il ne faut pas se mentir.”
Huawei est au coeur d’un bras de fer aux allures de Guerre froide entre les Etats-Unis et la Chine, Washington soupçonnant l’équipementier de se livrer à des opérations d’espionnage pour le compte de Pékin et s’inquiétant de l’avancée technologique prise par le groupe chinois.
Le déploiement de la 5G, avec le rôle qu’y joue Huawei, est devenu un enjeu géopolitique international, Washington réclamant de ses alliés qu’ils en excluent le géant chinois, lequel dément de son côté que Pékin puisse utiliser ses structures pour des missions d’espionnage.
En mars, des sources avaient déclaré à Reuters que la France autoriserait les opérateurs télécoms à utiliser une partie des équipements de Huawei mais seulement pour les parties non sensibles du réseau, comme les antennes, qui posent moins de risques en termes de sécurité que les “coeurs de réseau”, équipés de logiciels traitant de données sensibles dont celles des usagers.
Dans l’interview qu’il a accordée aux Echos, Guillaume Poupard ne précise pas sur quels types d’équipements s’appliqueront les refus.
“A partir de la semaine prochaine, certains opérateurs qui n’auraient pas reçu de réponse peuvent considérer que c’est un refus, conformément à ce que prévoit la loi”, souligne Guillaume Poupard.
Orange a annoncé fin janvier qu’il avait choisi Nokia et Ericsson au détriment de Huawei.
Free (Iliad) avait pour sa part opté dès septembre 2019 pour un partenariat avec Nokia pour construire son réseau 5G en France et en Italie.
Bouygues Telecom et SFR en revanche ont des équipements Huawei. “La vraie question en cas de refus, c’est comment on rend cette décision absorbable par l’opérateur (…) L’objectif n’est évidemment pas de les tuer !”, dit le patron de l’Anssi.
Interdire aux opérateurs télécoms déjà équipés d’infrastructures Huawei de recourir à l’équipementier chinois pour la 5G pourrait engendrer une distorsion de la concurrence sur le marché français, estimait en février Martin Bouygues, dont le groupe n’excluait pas de porter si nécessaire l’affaire en justice.
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