Archive mensuelle de juin 2020

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Affaire Fillon : qui a vendu la mèche ?

Affaire Fillon : qui a vendu la mèche ?

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La question risque d’être pendante durant un long moment car dans ce genre d’affaires ceux qui agissent vraiment et pourraient être même inculpés pour action illégale sont souvent des seconds couteaux voir des troisièmes. Il faut se souvenir qu’au moment de l’élection présidentielle Fillon n’était sans doute pas le seul loin s’en faut à rémunérer quelqu’un de sa famille comme collaborateur parlementaire. D’une façon générale pendant des années, cette pratique a même été assez courante.

Une manière d’arrondir les fins de mois. Ce qui est surprenant dans cette affaire c’est la brutalité avec laquelle est intervenue cette nouvelle qui a largement contribué à discréditer l’intéressé et même à lui faire perdre toute chance d’élection.

 

Certains parlent de concurrence et de rivalité au sein même du parquet , la thèse est possible mais on ne livre pas ce genre d’information sans s’être au préalable assuré de l’appui  suscpectible  de vous défendre en cas d’attaque de l’adversaire. Il est clair que Macron a été l’un des principaux bénéficiaires de cette opération de déstabilisation de Fillon qui a pris peut-être un peu trop ses aises avec les privilèges » ordinaires » du pouvoir . ( Hollande était déjà hors jeu).

 

L’attaque peut aussi venir de intérieur même du camp des Républicains. De proches de Sarkosy qui n’appréciaent pas  Fillon les mêmes peut qui ont auussi torpillé la candidature de Juppé. À deux pas de son ­épilogue, l’affaire ­Fillon vient ­peut-être de ­redémarrer. L’ancien ­Premier ­ministre, favori ­déchu de la ­dernière élection présidentielle, attendait sans ­optimisme le jugement du tribunal correctionnel (prévu le 29 juin) sur les emplois ­controversés de son épouse. Et voici que les déclarations surprenantes d’une haute magistrate jettent un doute rétrospectif sur la ­conduite de l’enquête et lui offrent l’occasion d’apparaître non plus en ­suspect mais en ­victime.

La femme par qui le scandale arrive est ­Éliane ­Houlette. À la tête du ­parquet ­national financier (PNF) jusqu’à l’an ­dernier, elle vient de déplorer devant une commission parlementaire les « pressions » exercées par sa hiérarchie en 2017 pour accélérer les poursuites contre ­François ­Fillon. Dès lors, c’est la ­question de l’impartialité de la ­justice qui est posée. Et, par ricochet, celle de la sincérité d’une élection qui a causé la défaite de l’intéressé et abouti à la victoire ­d’Emmanuel ­Macron.

Le chef de l’État ne s’y est ­d’ailleurs pas trompé. ­Conscient qu’une ombre portée sur le scrutin de 2017 pourrait lui porter tort, il a saisi vendredi soir le ­Conseil ­supérieur de la magistrature (CSM), organe indépendant chargé de ­garantir l’indépendance de la justice, pour lui demander « d’analyser si le PNF a pu exercer son activité en toute sérénité, sans pression » dans le dossier ­Fillon. Le CSM devrait vite ­convoquer ­Éliane ­Houlette et les autres ­magistrats susceptibles ­d’éclairer cet épisode, au ­parquet général de ­Paris et à la ­chancellerie, voire l’ancien ministre (PS) de la ­Justice ­Jean-Jacques ­Urvoas et des membres de son cabinet. Mais nul ne sait quelles ­conséquences pourront être tirées de l’avis qui sera rendu, surtout s’il est négatif.

L’avocat de ­Fillon, ­Antonin ­Lévy, n’en attend rien de providentiel : « La séparation des pouvoirs est à géométrie variable, ­ironisait-il samedi. La ­justice ne veut pas que les ­députés s’autocontrôlent sur l’utilisation de leurs frais de mandat, mais elle veut bien que les magistrats s’autocontrôlent sur la ­conduite des procédures. » À ­l’Élysée, on ­confie néanmoins qu’une ­inspection administrative pourrait prendre le relais si les pouvoirs d’enquête du CSM s’avéraient insuffisants.

Quel mystère faut-il percer? Celui des circonstances qui ont conduit le PNF à changer le cadre juridique de l’enquête sur ­Fillon et son épouse, le 24 février 2017. Ce ­jour-là, ­Éliane ­Houlette interrompait subitement l’enquête préliminaire ouverte un mois plus tôt sur la base d’un article du ­Canard ­enchaîné et ouvrait une information judiciaire. Loin d’une simple étape procédurale, cette ­décision transférait la responsabilité de l’enquête de la police à un juge d’instruction ; et surtout, elle ­ouvrait la possibilité d’une mise en ­examen, alors que le candidat avait ­proclamé que seule une telle poursuite l’obligerait à se retirer.

Or dans sa déposition récente devant les députés, ­Éliane ­Houlette affirme que sa supérieure directe, ­Catherine ­Champrenault, a voulu lui imposer ce revirement. « J’ai été ­convoquée au ­parquet général, j’y suis allée avec trois de mes collègues d’ailleurs, […] pour m’engager à changer de voie procédurale, ­c’est-à-dire d’ouvrir une information », ­raconte-t-elle, indiquant même que la procureure générale lui a adressé « une dépêche en ce sens ». L’entrevue entre les deux femmes remonte au 15 février 2017. ­Houlette dit avoir refusé d’obtempérer. Pourtant, une semaine après, elle ouvrait bel et bien une information judiciaire ­contre les époux ­Fillon, notamment pour « détournement de fonds publics ».

Officiellement, le motif de sa ­volte-face tenait à un risque ­imprévu : l’adoption d’un nouveau régime de prescription interdisant de ­facto de poursuivre des délits financiers au-delà de douze ans après les faits, qui pouvait donc bloquer le dossier ­Fillon. S’agissait-il d’un prétexte ­destiné à habiller une décision prise sous la ­contrainte? Même si ­Houlette a « regretté » vendredi le ­tohu-bohu né de ses propos publics, selon elle « déformés ou mal compris », rien n’interdit de le penser puisque sa supérieure, elle, ne nie pas avoir « préconisé » une information judiciaire. D’où une énigme ­supplémentaire dans cette charade à tiroirs : pourquoi la dirigeante du PNF ­n’a-t-elle pas versé cette instruction écrite au dossier, comme la loi le prévoit?

L’imbroglio ne s’arrête pas là. Car une fois l’information ouverte, il fallait la ­confier à un juge et ce choix relevait non du PNF mais du président du tribunal de ­Paris. Alors à ce poste, ­Jean-Michel ­Hayat, magistrat chevronné notoirement classé à gauche, allait ­désigner ­Serge ­Tournaire en sachant pertinemment quelle en serait la ­conséquence : le juge d’instruction, déjà chargé de la ­quasi-totalité des enquêtes visant ­Nicolas Sarkozy et des personnalités de droite, passerait vite à l’action, campagne présidentielle ou non.

Problème : Hayat a révélé par la suite avoir été alerté par ­Houlette dès le 22 février ; mais ­Tournaire n’était de permanence qu’à partir du 24. Tout porte donc à croire que la procureure et le président se sont entendus pour faire coïncider l’ouverture du dossier avec l’agenda du juge d’instruction – ­ralentir le processus pour accélérer la procédure… La suite se déroula comme prévu : trois jours après avoir hérité de l’affaire, ­Tournaire ­convoquait ­Fillon et le 14 mars, le candidat était mis en examen, à quarante jours du premier tour. Déjà ­flétrie, sa campagne tournait au ­calvaire.

Bien sûr, rien ne permet de ­conclure que ces influences secrètes ont été décisives avant sa mise en examen, ­l’ex-Premier ­ministre avait déjà chuté dans les sondages, les éléments de l’enquête le compromettaient et sa défense semblait calamiteuse – ­n’avait-il pas ­lui-même réclamé que la ­justice aille vite? Sans parler de l’affaire des costumes révélée par le JDD en mars. Il n’empêche, les ­confidences de ­l’ex-dirigeante du PNF, désormais retraitée, font ressurgir les soupçons d’instrumentalisation de la justice.

D’autant que la magistrate évoque aussi d’insistantes « ­demandes de précisions » sur l’enquête, venues elles aussi du ­parquet général. « C’est un contrôle très étroit, une pression très lourde », ­a-t-elle dit aux ­députés. En réponse, la procureure générale n’a ­contesté que le terme de « ­pression ». Et pour cause : sa ­position hiérarchique l’autorisait à solliciter de tels renseignements. À qui les destinait-elle? D’évidence, à la chancellerie, et à travers elle au pouvoir. Toujours démentie mais toujours pratiquée, la remontée ­d’informations sensibles fait ­partie de l’ordinaire des procureurs, a ­fortiori en période électorale, où les plus avisés veillent à prendre le bon tournant au bon moment.

Début 2017, ­François ­Hollande s’était déjà désisté ; le jeu était ouvert mais les usages restaient. Dans le livre qu’ils lui ont consacré, Un président ne devrait pas dire ça (Stock, 2016), les journalistes ­Gérard ­Davet et ­Fabrice ­Lhomme décrivent le prédécesseur de ­Macron comme « le président de la Ve ­République le moins au fait des procédures dites sensibles » tout en apportant plusieurs preuves du ­contraire : ­Hollande retraçant la chronologie d’une enquête visant ­Sarkozy, ­confiant avoir été prévenu d’une perquisition par ­Christiane ­Taubira, révélant avoir renoncé à nommer une ministre pour avoir « su qu’il y avait une enquête préliminaire ». « Il vaut mieux ne pas savoir, quitte à prendre des coups », assurait-il aux auteurs. Dans ­l’affaire ­Fillon, certains ont su. Et le coup (de grâce) a été donné.

Coronavirus ADP : perte de € 2,5 mds

Coronavirus ADP : perte de €2,5 mds

 

Sur l’ensemble de l’année le trafic aérien devrait perdre à peu près la moitié de son volume, on voit mal comment les aéroports ne seraient pas aussi victimes de cet écroulement de la demande qui fait suite au blocage administratif de l’offre.  Exit la perspective de privatisation de l’aéroport de a perdu à peu près la moitié de son Sud affaire soit environ 2,5 milliards sur l’année. C’est sans doute heureux pour les candidats à la privatisation qui auraient pris un bouillon historique même si progressivement le trafic devrait reprendre mais sans doute pas à son niveau de 2019 avant plusieurs années. Sans parler des modifications de volume et de structure de la mobilité globale. ADP, qui s’est résolu à fermer l’aéroport d’Orly fin mars, prévoit que 25 liaisons y seront de nouveau assurées dès le 26 juin, date de sa réouverture.

“Au début du mois de juillet, nous devrions avoir 130  vols par jour au lieu de 650  habituellement”, a précisé Augustin de Romanet.

“Les experts estiment que le trafic aérien pourrait retrouver son niveau de 2019, entre 2023 et 2025. Mais cela devrait aller un peu plus vite pour le trafic domestique et pour le trafic Schengen. On peut donc espérer qu’Orly retrouvera son activité normale en 2022-2023. Pour Charles-de-Gaulle, ce sera un peu plus long”, a-t-il ajouté.

Interrogé sur l’éventualité de réductions d’effectifs, alors qu’ADP a mis en place un vaste plan d’économies dès la mi-mars et mis 85 % de ses salariés en activité partielle, le PDG a en outre déclaré : “Nous devrons procéder à des ajustements de même nature que ceux des compagnies aériennes. Nous travaillons à une adaptation de notre projet industriel.”

Coronavirus France : 14 morts en plus en 24, attention aux clusters

Coronavirus France : 14 morts en plus en 24, attention aux clusters

 

 

Santé publique France fait par ailleurs état de 811 cas supplémentaires, ce qui porte le total à 159.452 depuis le début de l’épidémie.

Dans son communiqué, la DGS précise que la Guyane, Mayotte et la Normandie font l’objet d’une “vigilance particulièrement renforcée”.

“En Normandie, le taux de reproduction effectif du virus a sensiblement augmenté cette dernière semaine jusqu’à dépasser le seuil d’alerte fixé à 1,5. Ce chiffre, correspondant au nombre de personnes qu’un cas positif va contaminer, est désormais de 1,6.”

“Cette augmentation (…) s’explique par des opérations de dépistage massives au sein de cette région et par la détection de plusieurs nouveaux cas groupés dans l’agglomération rouennaise, en cours de gestion”, écrit-elle.

“En Guyane, la situation épidémique nécessite des opérations d’évacuation et de renforts humains et techniques en cours de programmation pour anticiper toute surcharge capacitaire et soulager les équipes sanitaires locales.

“A Mayotte, le nombre de cas est élevé, mais la tendance est à la baisse. Les renforts et les évacuations vers la Réunion ont permis d’éviter des tensions majeures.”

Macron: Premier ministre pour remplacer Philippe!

Macron: Premier ministre pour remplacer Philippe!

Comme d’autres présidents qui l’ont précédé, macron n’est finalement guère satisfait de son Premier ministre au point qu’il envisage lui aussi l’hypothèse de son non remplacement. Ainsi la Ve République irait jusqu’au bout de sa logique depuis qu’elle a choisi le quinquennat avec un président qui assumerait tous les rôles et entourés simplement de quelques collaborateurs à l’Élysée où très proches . Macron en est persuadé, s’il dirigeait lui-même le gouvernement il pourrait s’affranchir de cette administration trop lourde qu’il ne cesse de critiquer et dont pourtant il est le produit et l’acteur  indiscutable. Il a été choisi pour cela. Sans doute pour ses qualités personnelles mais surtout parce que son agenda =lui permet précisément d’acceder aux centres de décision, de communiquer avec la nouvelle noblesse d’État constitué pour l’essentiel d’énarques et de leurs courtisans( de sciences Po et autres). Ainsi pour des questions économiques, financières, sociales, techniques etc. l’intéressé choisi  est à peu près certain de trouver des similitudes de pensées et même des reflexes  que ceux de classe chez le collègue sollicité une affaire particulière. Et les entreprises de leur côté recrutent énarques et autres petits marquis pour les mêmes raisons : leur facilité d’accès aux décideurs. La boucle est bouclée. La seule faiblesse dans le système c’est qu’en France tout le monde pense à peu près la même chose puisque nourri au même lait  l’orthodoxie à la fois libérale tout autant que centralisatrice et bureaucratique. Avec le premier ministre actuel de la problématique se complique car le chef de gouvernement ne joue pas le rôle de fusible qui devrait être le sien. Bien au contraire il aurait plutôt tendance à être nettement plus populaire que le chef de l’État lui-même. Bref une sorte d’inversion des rôles et sans doute pensons du côté de l’Élysée aussi des valeurs que Macron pense être le porteur d’un projet alors qu’il n’est que le vecteur d’intérêt qui l’ont porté au pouvoir. Macron va sans doute hésiter à changer de Premier ministre, la première raison c’est que ce premier ministre est relativement populaire comparé au chef de l’État. La seconde c’est que cette modification d’ordre institutionnel bouleverserait les équilibres constitutionnels et le président se verrait par exemple contraint de répondre lui-même directement et systématiquement devant le Sénat et l’Assemblée nationale. Il pourrait choisir une autre solution, une solution qui pourrait plaire : choisir par exemple une femme. Une femme plutôt jeune. Mais une femme sans beaucoup de personnalités ou de charisme qu’il  pourrait facilement écraser de son autorité et de sa royale puissance. Bref le changement mais en pire. Avec Macron tout est possible tellement l’individu en plus est persuadé d’être porteur d’un projet politique historique dont évidemment l’efficacité reste à démontrer puisque jusque-là il n’a pas réussi grand chose

 

 

La science est balbutiante face à la complexité du vivant

La science est balbutiante face à la complexité du vivant

La philosophe, Isabelle Stengers ,  considère, dans un entretien au « Monde », que la crise sanitaire a révélé l’incapacité du pouvoir politique et des « experts » à sortir de l’idéalisme de la croissance et à penser la réalité qui nous attend.

Isabelle Stengers est professeure de philosophie des sciences, retraitée de l’Université libre de Bruxelles. Après avoir longtemps étudié la construction des discours et des concepts scientifiques et les relations entre sciences et pouvoirs (L’Invention des sciences modernes, La Découverte, 1993), elle analyse les risques que l’idéal scientifico-capitaliste fait courir au vivant (Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient, La Découverte, 2008) et s’engage dans un combat intellectuel pour une refondation des rapports sociaux et biologiques (Réactiver le sens commun. Lecture de Whitehead en temps de débâcle, La Découverte, 208 pages, 18 euros) à partir de la pensée du mathématicien britannique Alfred North Whitehead (1861-1947).

Que nous montre le coup d’arrêt provoqué par le virus sur la fragilité du système global de croissance ?

Le premier trait de l’événement pandémique est le rapport étonnant qu’il établit entre le local et le global. Bien qu’il ait partie liée avec les désordres écologiques que provoque l’exploitation tous azimuts du vivant et de son milieu, cet événement a pour point de départ une affaire hyper-locale : un être, qui n’existe que pour cette éventualité rare, rencontre un hôte accueillant, avec lequel, grâce auquel, il pourra participer à l’aventure de la vie.

Une telle rencontre est parfaitement contingente, même si les virus ne cessent de muter, c’est-à-dire d’en augmenter la probabilité. Mais elle a ouvert à celui-ci un destin étonnant, bien différent de celui de ses cousins, qui participent de manière plus ou moins pacifique à la vie de chauve-souris ou de pangolins. Ce qui, pour le virus, est l’accomplissement de sa vocation première et dernière, a réussi à susciter ce qu’a été incapable de provoquer une menace qui, elle, est globale et prévisible : celle du désastre climatique dont les signes avant-coureurs se multiplient aujourd’hui. Certes, des catastrophes se succèdent désormais, imposant le fait qu’il y a « comme un problème », mais il semble entendu que celui-ci devra se résoudre dans le respect de l’impératif de croissance. Quoi que ce soit d’autre est inconcevable. La réussite virale a pourtant provoqué l’inconcevable.

Il y a un contraste assez sidérant entre le désordre climatique, explicable, implacable et indifférent à ses conséquences, et le virus, prince de l’opportunisme, qui n’existe que grâce aux conséquences qu’il provoque, mais sans les expliquer. Car le virus n’explique pas les effets de la rencontre, et encore moins l’« arrêt » sinon du monde, en tout cas de tout ce que ce monde fait circuler. C’est bien plutôt ce monde qui s’est bloqué à son épreuve. Panique générale, sauf en Afrique, où les épidémies, on connaît.

 

« La commission Blanchard-Tirole: l’ entre-soi »

« La commission Blanchard-Tirole: l’ entre-soi »

 

Florence Jany-Catrice

Dans un article précédent nous avions déjà souligné le caractère relativement homogène de la sociologie des experts retenus par  pour définir la nouvelle politique économique ( celle de 2022p et après sans doute. Tous avaient à peu près le même profil d’économistes relativement orthodoxes assez éloignés des problématiques aussi bien environnementales, sanitaires que sociales. L’économiste Florence Jany-Catrice regrette, dans une tribune au « Monde », que la composition de la commission Blanchard-Tirole « sur les grands défis économiques » ne reflète que la vision libérale et productiviste de la science économique « mainstream »

Tribune. L’essoufflement évident et l’effondrement en cours de notre modèle économique libéral financiarisé suscitent de plus en plus angoisse et sidération. La crise sanitaire récente jette une lumière crue sur son incroyable fragilité : il aura suffi d’un virus pour précipiter les économies européennes dans les affres d’un arrêt productif sans aucun précédent historique.

Cette chute extrêmement brutale dit énormément de notre monde et de la manière dont nous l’habitons intellectuellement. En premier lieu, le sacrifice des services publics, en particulier de santé, aux impératifs productifs marchands et industriels d’un autre âge se paie cash : on en connaissait le coût social, on en connaît maintenant le coût économique. Combien de vies et combien de milliards nous aura finalement coûté la volonté drastique de réduire la prévention en matière de santé, l’obsession de la tarification à l’acte et l’idéologie du zéro stock ?

Mais on doit aussi en second lieu mesurer l’effet « révélateur » du confinement : la redécouverte de la joie d’être ensemble, d’un autre rapport au monde, au temps, à la qualité de nos vies. Comme si brutalement le décor de théâtre du « toujours plus et plus vite », qui nous épuise et tue notre environnement naturel, avait glissé au pied de l’estrade. Chute effrayante, puisqu’elle s’accompagne, évidemment, en troisième lieu, d’un effondrement productif qui menace de manière violente les plus exposés d’entre nous, qui risquent désormais de rejoindre la cohorte grandissante des exclus.

Ce triple choc interroge notre dépendance intellectuelle aux logiques libérales et productivistes. Il suppose réflexion. « Rien ne sera plus comme avant », nous a dit, de manière extrêmement solennelle, notre président. Las, son premier acte a été de réunir un comité d’experts pour penser le monde d’après, une commission « d’experts sur les grands défis économiques » – dite commission « Blanchard-Tirole » –, qui doit proposer des politiques économiques efficaces face à trois défis mondiaux dans le contexte post-Covid-19, à savoir les inégalités, le climat et la démographie.

La manière dont ce premier acte a été posé dit tout de la cécité des classes dirigeantes. Est-il bien sérieux, dans ce « monde d’après »de n’avoir réuni dans ce cercle de réflexion que des économistes ? Le monde dans lequel s’est déployée la crise n’est-il pas précisément un monde qui souffre de la domination sans partage de l’économisme ? Ne souffrons-nous pas tous de voir l’économie mise toujours et encore au-devant du vivre-ensemble ?

Mais pour macron quoi de mieux que de choisir des personnalités qui pour l’essentiel pensent comme lui ? Ne serait-ce que pour donner un vernis scientifique à son projet (NDLR)

« La politique de santé ne doit pas se réduire à augmenter les moyens consacrés à l’hôpital »

 « La politique de santé ne doit pas se réduire à augmenter les moyens consacrés à l’hôpital »

Gaby Bonnand Syndicaliste, militant associatif, secrétaire national de la CFDT (2002-2010) en charge des questions de santé, Étienne Caniard Militant mutualiste, membre du Conseil économique, social et environnemental alertent sur la prévention.

«  Se laisser enfermer par les aspects déformants de la crise pour penser le système de santé de demain ne contribuera ni à l’amélioration de la santé des populations ni au bien-être des soignants. La peur à laquelle succède aujourd’hui le soulagement conduisent à une union sacrée autour du « plus jamais ça » qui, plutôt qu’analyser la situation dans toute sa complexité préfère chercher et sanctionner des responsables ou honorer des héros.

Le débat sur l’organisation de notre système de santé ne peut se satisfaire d’une approche déformée par le prisme des tensions dans les services de réanimation et de soins intensifs. Le « Ségur de la santé » doit s’appuyer sur un diagnostic qui n’élude pas les questions de fond sur le sens même d’une politique de santé.

Il faut en finir avec notre déni devant la réapparition des risques infectieux. Les efforts consacrés à la prise en charge des malades chroniques de plus en plus nombreux et la volonté de contenir les dépenses de santé ont concentré notre attention au point que nous nous sommes crus à l’abri du retour des maladies infectieuses. Fascinés et aveuglés par les possibilités thérapeutiques nouvelles et les perspectives de progrès, nous avons négligé les signaux d’alerte pourtant nombreux.

Nous n’avons prêté attention ni aux phénomènes de résistance aux antibiotiques, ni aux liens entre environnement et santé, moins encore aux inégalités d’accès aux soins et d’espérance de vie qui persistent voire s’accentuent. Il nous faut désormais à la fois accélérer l’adaptation du système de santé à l’accompagnement et au suivi des maladies chroniques et créer les conditions pour faire face à des épidémies fulgurantes et mortelles qui risquent de s’installer de manière récurrente.

En mettant en évidence les conséquences des inégalités sociales, la crise rend visible la faiblesse de la prévention dans les politiques de santé. La prévention et la culture de santé publique nécessitent une vision de long terme. Une crise, conduit à privilégier l’urgence. C’est normal. Mais au moment où nous semblons en sortir, il est impératif de prendre du recul et d’essayer de comprendre pourquoi, malgré les discours, la prévention reste le parent pauvre.

En avril 2008, le rapport France 2025 du Centre d’analyse stratégique notait la faiblesse de la France dans ce domaine. Les choses ont peu changé depuis ! Faire de la prévention une priorité exige en effet des changements très profonds. Cela va de la formation des soignants et tout particulièrement des médecins, à l’organisation de l’offre de santé en passant par la capacité des acteurs du monde sanitaire et autres acteurs à agir ensemble sur les déterminants de la santé des individus (logement, travail, environnement) ou encore au rôle de l’école dans l’éducation à la santé.

 

Convention citoyenne : les idiots utiles de Macron

Convention citoyenne : les idiots utiles de Macron

 

On peut difficilement a priori juger du manque de sincérité des 150 citoyens pris au hasard ( sans doute après un filtrage méthodique portant sur plusieurs milliers !) qui .qui se sont engagés de façon un peu naïve dans cette opération de démocratie trottoir proposée par Macron  dont l’objectif était surtout de ne pas  affronter les organisations en charge habituellement des questions environnementales et de façon plus générale des partis politiques. C’est la stratégie habituelle de Macron: contourner les organisations qu’il  il s’agisse du terrain écologique,, politique ou encore sociale ( y compris à l’intérieur de LREM).  Macron se veut le parti lui-même, le seul membre décideur, le seul membre penseur, le seul membre représentatif, les autres n’étant assimilés qu’à des collaborateurs de seconde zone y compris d’ailleurs au sein de son propre gouvernement. Du coup, cette opération convention citoyenne sur l’environnement était cousue de fil blanc dès le départ l’objectif était de détourner l’attention sur nombre de problèmes dans lesquels a chuté le président pour tenter d’orienter l’intérêt sur un objet normalement plus fédérateur. Or comme il fallait s’y attendre cette convention citoyenne en quelques mois n’a pu se transformer en expert de l’environnement même si quelques propositions ici ou là paraissent évidents mais d’une façon générale elles paraissent évidents y comprises à ceux qui fréquentent les bistrots. Rien de révolutionnaire essayait de développer le progrès tout en préservant les ressources de la Terre, la biodiversité, la qualité de la vie bref protéger la vie tous ceux qui vivent. Et de là sont sortis les idées les plus saugrenues comme celle consistant à limiter à 110 km/h la vitesse sur les autoroutes. Notons d’abord que ce ne sont pas sur les autoroutes que ce produisent les masses de d’émissions polluantes mais dans les zones denses des agglomérations. Ensuite cela va imposer à chaque automobiliste de réinvestir dans la vieilles 2cv classiques. Et encore on a échappé à la proposition de réduction du temps de travail à 28 heures sans réduction de la rémunération évidemment bref des propositions qui seront vite enterrées, détournées, déformées mais par contre utilisées politiquement par Macron tenter l’opération de manipulation politique. On essaiera de choisir deux ou trois questions susceptibles de recueillir 60 à 80 % d’adhésion pour donner l’impression que la cote de popularité du président de la de république qui s’effrite de jour en jour est en train de remonter surtout à la veille des élections de 2022. La ficelle est énorme. Mais la procédure elle-même était nulle même si cela ne remet pas en cause la sincérité des participants mais plutôt leur naïveté. Et pourquoi pas aussi des une convection citoyenne sur la coronavirus ?

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La différence entre la France et l’Allemagne

 

 

Pourquoi une telle différence entre la France et l’Allemagne s’interroge Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG. Alo . Selon lui, il s’agit des «différences de sévérité dans les mesures de confinement.» Même constat chez Philippe Waechter. «L’Insee a répété que notre économie tournait à 65% de ses capacités. À titre de comparaison, l’Allemagne c’était 80%.»

Selon lui, trois facteurs vont jouer sur la reprise. «La vigueur des politiques économiques mises en place, les éventuels changements de comportement sur l’épargne et la dynamique de faillites des entreprises», détaille-t-il, rappelant que «tous ces éléments créent de l’incertitude sur ce qu’il va se passer». Selon lui, les prochains mois sont «essentiels» pour que la reprise puisse se faire plus rapidement, voire dès 2021. Eric Dor prévient : tous ces chiffres sont à prendre «avec des pincettes». Une deuxième vague qui frapperait nos économies, ou même la Chine, par exemple, viendrait naturellement empirer ces prévisions, du fait de «l’interdépendance des pays entre eux».

Deuxième élément tout aussi impressionnant qu’inquiétant, celui du chômage. Là aussi, les chiffres plongent à des degrés différents. Toujours selon l’OCDE, avec l’hypothèse d’un «choc unique», écartant donc l’éventuelle seconde vague accompagnée d’un reconfinement, la France verra son taux de chômage passer de 7,8% au premier trimestre à 12,3% au quatrième. 8,5% contre 12,4% en Italie, 3,9% contre 9,7% au Royaume-Uni, ou encore 13,9% contre 21,8% en Espagne. Aux États-Unis, les prévisions du chômage de l’OCDE portent sur un passage de 3,8% au premier trimestre de l’année à 10,4% au dernier. En Allemagne, l’explosion du taux de chômage n’est en revanche pas prévue : 3,4% au premier trimestre contre un modeste 5% attendu au quatrième.

Le débat fait rage en France et ailleurs : que faire de nos dettes ?Comment rembourser ces emprunts colossaux des quatre coins du monde ? En France, la dette à la fin de l’année devrait s’élever à 121%du PIB. C’est une vingtaine de points de pourcentage de plus sur un an. Mais la France ne fait pas figure d’exception. +17 points pour l’Allemagne, 19 points pour les États-Unis (prévision au 1er octobre 2020 selon le Committee for a Responsible Federal Budget) ou encore 20 points pour l’Espagne.

À l’échelle des grandes puissances mondiales, les dettes devraient s’accroître de façon assez équivalente. Pour les années à venir, elles dépendront davantage de la reprise économique et pourraient, là, prendre des chemins différents.. En fait tout dépendra du réajustement de la richesse réelle avec sa représentation monétaire et de ce point de vue le montant de la dette exigera des ajustements incontournables via l’inflation ou tes taux d’intérêt par exemple.

Economie UE : Plan de relance à 27 : c’est loin d’être ficelé

Economie UE  : Plan de relance à 27 : c’est loin d’être ficelé

Si le principe semble maintenant acquis après l’accord entre Merkel et Macron restent à en finir définir les modalités ce qui est loin d’être le cas notamment concernant le montant des aides, des prêts et des conditions de gestion budgétaire que certains pays exigent. Les pays d’une nord  sont très réticents à accorder des sortes de subventions à des pays considérés comme irresponsables sur le plan budgétaire. Ces pays visés sont l’Italie mais aussi l’Espagne, la Grèce et la France qui voudrait bien s’inviter, elle aussi, à cette nouvelle modalité de financement des emprunts pour éviter d’avoir à subir une augmentation de taux d’intérêt de la part des agences de notation.

Dans sa «lettre d’invitation» au sommet, le président du Conseil européen, Charles Michel, estime qu’«un consensus se fait jour» sur la nécessité d’un tel plan et sur le fait qu’il devra «être financé par des emprunts» communs. Mais les divergences restent nombreuses, qu’il s’agisse de son montant, de sa durée, de l’équilibre entre prêts et subventions, des critères de répartition des aides, ainsi que de la délicate question d’une «conditionnalité», c’est-à-dire la contrepartie (par exemple des réformes) réclamée à un Etat en échange de ces fonds.

 

Partisans d’une plus grande rigueur financière, les quatre «frugaux» réclament un niveau de dépense «proportionné», beaucoup moins élevé que les 750 milliards annoncés. Et il optent pour des prêts, que chaque Etat devra donc rembourser, plutôt que des subventions, dont les modalités de remboursement ne sont pas définies dans la proposition de la Commission. Le Premier ministre suédois, Stefan Löfven, se dit «très critique sur le fait que l’UE devrait réunir 500 milliards d’euros (…) pour les distribuer ensuite sous forme de subventions, sans aucune obligation de remboursement, envoyant ainsi la facture aux futurs contribuables». Il faut noter que les divergences sont encore importantes sur la nature et les modalités de cette mutualisation des aides européennes. En outre sur ce terrain l’unanimité incontournable d’où une difficulté diplomatique qui pourra sans doute rallonger les délais au-delà de juillet.

 

Convention citoyenne pour le climat : une nouvelle manipulation !

Convention citoyenne pour le climat : une nouvelle manipulation !

 

 

Il se confirme que la fameuse convention citoyenne de 150 personnes tirées au sort pourrait être une belle manipulation pour faire avaler l’augmentation de la fiscalité et notamment la taxe carbone !

Le  gouvernement a donc lancé sa   convention citoyenne sur le climat dont personne ou presque n’ne parle.  Une convention citoyenne qui est composée de 150 citoyens tirés au sort bien encadrés par des experts (120!) et surtout des politiques. On voit mal ce qui pourrait sortir d’une réunion aussi composite ou évidemment on pourra facilement manipuler les participants. Cette espèce de démocratie directe est évidemment illusoire car les problèmes étudiés sont généralement complexes exigent à la fois connaissance et expérience. Or la convention citoyenne va ressembler à la discussion d’un super bistrot. Cette démarche s’inscrit dans la volonté d’écarter les corps intermédiaires et les organisations compétents sur le sujet. Le dialogue direct voulu par Macron relève tout simplement d’une méthode théocratique.

Composée de 150 citoyens tirés au sort, cette convention est chargée de “redessiner toutes les mesures concrètes d’aides aux citoyens sur la transition climatique dans le domaine des transports, de la rénovation des logements”. Le chef de l’Etat s’est engagé à ce que ses conclusions soient soumises “sans filtre”, au vote du Parlement, soit à référendum, soit à une application réglementaire directe. Mais le premier ministre a déjà prévenu : pas question de reprendre n’importe quelle proposition de la convention dont d’ailleurs presque personne ne parle tellement cette  histoire de pseudo démocratie est marginale.

Convention citoyenne : grosse manipulation pour un referendum

Convention citoyenne : grosse  manipulation pour un referendum

 

Convention climat : un référendum même bidon pour obtenir 80 % de réponses positives ?

En mal dans les sondages de popularité, Macron, pourrait se résoudre à proposer un sondage bidon pour obtenir 60 à 80 % de réponses favorables à une question forcément évidente du type pour ou contre l’écologie. Avec des propositions nunuches des 150 citoyens tirés au hasard et qui découvrent la lune. La puissance de la crise sanitaire relance cette hypothèse, à la veille de la présentation d’un «nouveau chemin». La fin de la Convention climat pourrait être l’occasion, pour le chef de l’État, d’expérimenter ce type de consultation, dont la dernière en date remonte à 2005 avec la Constitution européenne. Le référendum est l’un des outils institutionnels dont dispose le président de la République, avec la démission, la dissolution de l’Assemblée, le remaniement. Pourquoi pas aussi un referendum pour ou contre la fiscalité ?

 

 

Pour répondre aux revendications écologiques fortes qui ressortiront des travaux de ces 150 citoyens tirés au sort, le président de la République étudie plusieurs pistes, dont le référendum.

« La gauche n’a pas disparu»

« La gauche n’a pas disparu»

Les partis socialistes qui s’en sortent le mieux aujourd’hui en Europe sont ceux qui ont « fait un tournant à gauche », expliquait  le sociologue et militant Christophe Aguiton au lendemain des élections européennes.

(le Monde )

Auteur de La gauche du XXIe siècle (La Découverte, 2017), Christophe Aguiton, l’un des fondateurs de l’organisation altermondialiste Attac, est enseignant en sciences sociales à l’université Paris-Est. Il livre son analyse sur l’état de la gauche en France et en Europe, c’était au lendemain des élections européennes.

toute la gauche serait-elle morte ?

Elle doit faire face à la conjonction de deux difficultés. La première tient au fait que la gauche de gouvernement s’est alignée sur les thèses néolibérales depuis le milieu des années 1980 et le tournant de la rigueur. Les électeurs sont en droit de se demander pourquoi voter pour les sociaux-démocrates si c’est pour voir appliquer des politiques qui ne sont pas très différentes de celles du centre droit. Cette tendance lourde explique l’érosion électorale générale des socialistes et des sociaux-démocrates en Europe.

A cela s’ajoute le fait que le corps doctrinal qui avait uni les gauches de transformation sociale au XXe siècle est en voie d’épuisement. Cette vision traditionnelle qui allie l’importance de l’Etat, les nationalisations, la planification de l’économie, une approche hiérarchique de l’arrivée au pouvoir avec le primat à la classe ouvrière et un parti structuré hiérarchiquement … tout ça ne tient plus.

Il y a un besoin tangible de refondation d’une pensée doctrinale. Celle-ci est en train d’émerger sur les questions écologiques, les biens communs, et sur tout ce qui permet à la société de s’exprimer sans passer par des structures étatiques.

L’expression directe était une des bases du populisme de gauche. Comment expliquez-vous son déclin, perceptible avec Podemos et La France insoumise ?

La force des expériences populistes, comme Podemos en Espagne, a été de reprendre le type d’organisation mis en place par un mouvement social très important – les indignés – avec des modes de participation novateurs, basés sur le numérique, et une organisation tels les cercles ouverts sans carte, où l’on ne reçoit pas d’ordre du parti.

Mais Podemos et La France insoumise (LFI) ont aussi fondé leur stratégie sur l’hypothèse que, pour arriver au pouvoir, tout passe par les élections. Il faut donc parvenir à une victoire rapide : c’est l’idée d’une « guerre éclair ». Cela explique l’importance de la communication dans ce mouvement, Podemos comme LFI ayant été infiniment plus efficaces dans l’utilisation des réseaux sociaux que tous leurs concurrents.

Ensuite, ils ont une certitude : puisqu’ils vont renverser la table, ils n’ont pas besoin d’alliances. En Espagne, cela s’est traduit par la dénonciation de la « caste », Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et Parti populaire (PP) mélangés ; en France, par le dégagisme cher à Jean-Luc Mélenchon. Les deux mouvements pensaient qu’ils allaient gagner tout seuls et qu’une fois la victoire acquise, viendrait le temps des alliances. Cela ne s’est pas passé ainsi. Enfin, quand on est dans une bataille électorale de type blitzkrieg, la démocratie n’apparaît pas essentielle.

Acéphale

Acéphale

Sous le nom d’Acéphale, Georges Bataille a constitué et dirigé la revue entre 1936 et 1939 …( http://www.histophilo.com/acephale)

 


Définitions :

  • Qui n’a pas de tête; Qui n’a pas ou ne reconnaît pas de chef; Animal sans tête (source : fr.wiktionary)

Sous le nom d’AcéphaleGeorges Bataille a constitué et dirigé entre 1936 et 1939 :

  • une revue publique qui portait ce titre et qui ne rencontra que cinq numéros ;
  • une société secrète et ésotérique, qui ne comportait que quelques membres qui avaient juré de garder le silence.
  •  
  •  La revue Acéphale

Le premier numéro est daté du 24 juin 1936 et ne comporte que huit pages. La couverture est illustrée d’un dessin d’André Masson qui couvre 80% de la page. Ce dessin s’inspire ouvertement du célèbre dessin de Léonard de Vinci intitulé Homme de Vitruve, mais ce dernier est décapité et son sexe est occulté par une tête de mort. Sous le titre on trouve les mentions Religion. Sociologie. Philosophie suivies à la ligne suivante de l’expression La conjuration sacrée.

Homme de Vitruve

Le premier article est signé de Bataille et s’intitule «La conjuration sacrée» et débute par ces phrases :

«Il est temps d’abandonner le monde des civilisés et sa lumière. Il est trop tard pour tenir à être raisonnable et instruit — ce qui a mené à une vie sans attrait. Secrètement ou non, il est indispensable de devenir tout autres ou de cesser d’être.»

On retrouve dans cette déclaration liminaire une annonce explicite du programme de la revue et un message ésotérique («secrètement ou non…») qui s’adresse aux membres de la société secrète que Bataille va mettre en place pendant les six mois qui vont séparer ce premier numéro du second.

Bataille explicite le titre Acéphale légèrement plus loin dans son article : «La vie humaine est excédée de servir de tête et de raison à l’univers. Étant donné qu’elle devient cette tête et cette raison, étant donné qu’elle devient indispensable à l’univers, elle accepte un servage.» C’est ce refus du servage que Bataille va tenter de développer dans les numéros suivants à travers sa vision de la philosophie nietzschéenne, sa lutte contre le fascisme, les thématiques – constantes chez lui – de la mort et du religieux.

Bataille et Nietzsche

Pour apprécier la valeur transgressive de la référence à Nietzsche par Bataille il faut rappeler le contexte historique : nous sommes en pleine période d’avant guerre, le fascisme semble triompher et Nietzsche est revendiqué par cette idéologie montante comme leur héraut. Bien entendu le philosophe allemand n’a pas bonne presse en France. C’est dans ce contexte que le second numéro débute par un grand article intitulé «Nietzsche et les fascistes» où Bataille débute par attaquer violemment Élisabeth Fœrster, la sœur du philosophe en l’appelant Élisabeth Judas-Fœrster. Il y rappelle une déclaration de Nietzsche (écrite en capitales)  : «Ne fréquenter personne qui soit impliqué dans cette fumisterie effrontée des races.»

Le même numéro contient une traduction inédite de Nietzsche sur Héraclite, un article de Jean Wahl intitulé «Nietzsche et la mort de Dieu» qui est un commentaire sur un texte de Karl Jaspers à propos de Nietzsche.

Les autres numéros sont aussi centrés sur le philosophe allemand. Le dernier numéro, préparé mais non publié s’intitulait «La folie de Nietzsche» et comportait sur la première page en gros caractères la déclaration suivante :

«Le 3 janvier 1889, il y a cinquante ans, Nietzsche succombait à la folie : sur la piazza Carlo-Alberto, à Turin, il se jeta en sanglotant au cou d’un cheval battu, puis il s’écroula ; il croyait, quand il se réveilla, être DIONYSOS ou LE CRUCIFIÉ.»

La mort et le religieux

La mort est un autre fil conducteur de la revue. Dès le premier numéro Bataille l’évoque en parlant de André Masson qui, dit-il, évoquait avec lui sa propre mort. Bataille rappelle que «la vérité de l’homme est la mort» mais la mort c’est aussi la «mort de Dieu» ce qui, écrit Jean Wahl commentant Nietzsche, condamne l’homme à «l’immense don qu’est l’idéale solitude.»

Aussi le religieux, selon Bataille, n’a rien d’une dévotion rendue à une quelconque divinité. Cette «conjuration sacrée» à laquelle nous invite Bataille c’est «la condamnation de tout ce qui s’est vu consacré actuellement.» (n° 1 d’Acéphale)

Les collaborateurs de la revue

En dehors de Bataille qui signe la majorité des textes, sans compter les notules non signées qui sont certainement de sa main, on relève les noms de :

La société secrète

L’histoire de la société secrète Acéphale est nettement moins facile à décrire que celle de la revue car ses membres, qui avaient juré le silence ont, dans la totalité, tenu leur parole.

Cependant en février 1937, après un exposé de Roger Caillois au café du Grand Véfour sur Les principes qui doivent diriger la formation d’un groupe, Georges Bataille lut un texte intitulé Ce que j’ai à dire où il déclare :

«C’est uniquement s’ils se battent jusqu’à la mort ou s’ils sont pris par une émotion physique violente et contagieuse que des êtres humains sortent de cette difformité confuse de leurs intérêts qui en fait ensemble une accumulation de déchets inertes.»

La généalogie du projet

Bataille qui fait plusieurs fois référence à Marcel Mauss dans divers textes s’est certainement inspiré de son Manuel d’ethnographie où l’ethnographe avait étudié les sociétés secrètes africaines en montrant :

  • le caractère collectif de ces sociétés qu’il décrivait même comme «un phénomène social total» car leur existence est publique mais leur fonctionnement et surtout leur langage est secret ;
  • le caractère «régulier» de ces sociétés qui ne sont pas des sociétés de complot comme en Occident mais plutôt des «sociétés d’initiés» ;
  • la dimension «graduelle» de ces sociétés où l’avancement s’obtient suite à extases ;
  • la tonalité «cosmique» de ces sociétés dont la vie est rythmée par l’écoulement des saisons.
  • L’Apprenti Sorcier : Ce que j’ai à dire, éd. de la Différence, Paris, 1937
  • Acéphale, réédition des numéros publiés et du numéro final non publié, éd. Jean-Michel Place, Paris, 1995
  • L’Apprenti Sorcier (textes, lettres et documents (1932-1939) rassemblés, présentés et annotés par Marina Galletti), Éditions de la Différence, Paris, 1999
  • Maurice Blanchot, La Communauté inavouable, Éditions de Minuit, Paris, 1984.
  • Marcel Mauss, Manuel d’ethnographie, Petite bibliothèque Payot, Paris, 1967.
  • Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre, Gallimard, Paris, 1992.
  • L’unebévue, n° 16 : Les Communautés électives, EPEL, 2000.
  • Jean-Luc Nancy, La Communauté désœuvrée, Christian Bourgois Éditeur, coll. «Détroits», 1986 ; nouvelle édition, revue et augmentée, 2004.
  • Denis Hollier, Le Collège de Sociologie, Gallimard, Paris, rééd. augmentée 1995.
  • (de) Stephan Mœbius, Die Zauberlehrlinge. Soziologiegeschichte des Collège de Sociologie, Konstanz, 2006.

Bibliographie

Textes de Georges Bataille

Autres références

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