UE: une discussion « sans tabou » avec la Turquie ?
La France estime que l’Union européenne doit ouvrir une “discussion de fond sans tabou ni naïveté” sur ses relations avec la Turquie, a déclaré mercredi le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.
Les relations entre Paris et Ankara se sont dégradées ces dernières semaines, notamment sur le conflit en Libye ou les explorations turques de gisements gaziers en Méditerranée orientale.
Visiblement la France ne parvient pas à entamer de véritables négociations quant au partage du pouvoir à intérieure de la Libye. La France est accusée par la Turquie (soutenue par la Russie ) d’aider une faction et la même accusation est portée contre la France concernant l’autre tendance. Pas sûr que l’union européenne se sorte mieux de ce bourbier que la France elle-même car s’il y a des intérêts économiques, il y a aussi des intérêts géo stratégiques soutenus notamment par la Russie. “La France estime indispensable que l’Union européenne ouvre très vite une discussion de fond, sans tabou, sans naïveté sur les perspectives de la relation future de l’UE avec Ankara et que l’UE défende fermement ses propres intérêts car elle en a les moyens”, a déclaré Jean-Yves Le Drian lors de la séance des questions au gouvernement devant le Sénat.
“Il faut des clarifications sur le rôle que la Turquie entend jouer en Libye où j’estime que nous assistons à une syrianisation de la Libye puisque l’intervention militaire de la Turquie se fait par des supplétifs syriens”, a-t-il poursuivi.
La Turquie, qui soutient en Libye le gouvernement d’entente nationale, a estimé mardi qu’Emmanuel Macron souffrait de “trous de mémoire” dans le dossier libyen.
Plongée dans le chaos depuis 2011, la Libye est divisée en deux camps rivaux entre le gouvernement d’entente nationale (GEN) dirigé par Fayez el Sarraj, qui siège à Tripoli et qui est reconnu par la communauté internationale, et un gouvernement parallèle soutenu par le maréchal Khalifa Haftar, dans l’Est.
Le 25 juillet 2017, une réunion interlibyenne sous l’égide du gouvernement français se tient au château de La Celle, en présence du président de la République, Emmanuel Macron, et du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian ; la réunion se conclut par la signature d’un accord entre Fayez el-Sarraj et le maréchal Haftar qui s’engagent à un cessez-le-feu en Libye19. Le 17 décembre 2017, deux ans après la signature des accords de Skhirat, le maréchal Haftar affirme que le mandat du Conseil présidentiel, reconnu par la communauté internationale, mais qu’il n’a jamais reconnu, a pris fin20.
Considéré comme l’homme fort de l’Est libyen, il retourne fin 2017 la situation politique à son avantage, ses forces contrôlant une grande partie du pays, au détriment du gouvernement d’entente nationale.
Ces deux camps sont soutenus officiellement ou officieusement par des puissances régionales – la Turquie pour le GEN et la Russie, l’Egypte ou encore les Emirats arabes unis pour le maréchal Haftar.
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