Une politique monétaire qui mène à l’inflation et aux dévaluations

Une   politique monétaire qui mène à l’inflation et aux dévaluations

L’économiste Jean-Pierre Patat met en garde, dans une tribune au « Monde », contre le mythe d’un retour à la politique de création monétaire des années 1950, rappelant qu’elle a débouché sur l’inflation et des dévaluations à répétition.

 

L’ampleur du défi économique posé par l’épidémie de Covid-19 incite certains à le comparer à celui auquel la France eut à faire face au lendemain de la seconde guerre mondiale, et à évoquer le rôle capital du programme du Conseil national de la Résistance, repris par le général de Gaulle.

Compte tenu de la part majeure qu’occupe, de nos jours, dans la gestion économique, la politique monétaire dont on attend des interventions massives et durables, peut-on tirer des enseignements de la politique monétaire menée durant les années 1940 et 1950…, pourtant à des années-lumière des pratiques d’aujourd’hui ?

La Banque de France n’était pas indépendante (elle ne pouvait pas, entre autres, agir librement sur les taux d’intérêt), elle consentait des avances directes, parfois de grande ampleur, à l’Etat, mais aussi intervenait dans le financement de l’économie avec, notamment, le mécanisme du crédit à moyen terme à la construction, qui aboutissait à faire financer par la Banque des crédits à très lointaine échéance.

Cette stratégie monétaire se déployait dans un environnement financier lui aussi fort éloigné du contexte actuel : activités bancaires très compartimentées ; fortes interventions de l’Etat dans le financement de l’économie au travers d’organismes publics ; marché de capitaux végétatif ; barrières aux mouvements internationaux de capitaux.

Cette politique monétaire a certes eu sa part dans le redressement du pays et dans la longue période de croissance des « trente glorieuses ». Mais elle est aussi partiellement responsable d’une fièvre inflationniste non maîtrisée, avec des dévaluations du franc à répétition – en douze ans, la valeur du dollar en francs passe de 43,88 à 350 francs –, de dérives budgétaires et d’un endettement public qui nous paraîtrait minime aujourd’hui, mais qui, dans le contexte international de l’époque, vaudront à Paris d’être mis sous tutelle du Fonds monétaire international (FMI).

 

L’un des souhaits de ceux qui se réfèrent à cette période est que la Banque centrale renoue avec la pratique des avances directes à l’Etat confronté à un besoin colossal de financement, afin de mettre un terme à sa dépendance vis-à-vis des marchés. Mais cela supposerait déjà qu’un consensus se forme au sein du système européen de banques centrales (SEBC), auquel la Banque de France appartient. Surtout, est-ce que cela apporterait concrètement du nouveau ? 

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