Au cours de la crise sanitaire, Macon avait pratiquement enterré toutes les réformes en cours dont la réforme des retraites « J’ai décidé que toutes les réformes en cours seraient suspendues, à commencer par la réforme des retraites », avait d’ailleurs annoncé Emmanuel Macron le 16 mars dernier. Un répit bienvenu pour ses opposants qui réclamaient une renégociation de la réforme. Le problème c’est que sa base électorale repose essentiellement sur la droite et le centre-droit et que ses électeurs en voté cette réforme ( les électeurs socialistes quant à eux se sont faits avoir avec le fameux en même temps).
Du coup, certains fantassins de la majorité testent l’hypothèse d’un retour possible de la problématique des retraites dans la perspective des élections de 2022. Pour monter au créneau et testé l’idée on envoie surtout des seconds couteaux comme la députée Sandra Motta .
Mais à moins de courir le risque d’un nouvel embrasement social, difficile de reprendre dans l’immédiat le projet de loi tel qu’il a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale. Le seul recours à l’article 49.3 de la Constitution pour y parvenir démontre à quel point le texte a divisé le pays. Et le climat politique ne s’est pas vraiment apaisé depuis. Bien au contraire.
D’autant qu’entre l’organisation des sénatoriales en septembre, les discussions budgétaires en octobre et les élections régionales et départementales en mars 2021, il reste peu de place dans le calendrier pour rouvrir ce dossier « hautement inflammable », reconnaît Cendra Motin. Mais, poursuit-elle, « il faut qu’il soit traité avant 2022 pour montrer qu’on est responsable ». Surtout qu’il existe d’après elle « des dispositifs importants dans cette loi pour la gestion et la sortie de crise économique » qui pourraient permettre de protéger les populations les plus fragilisées.
L’entourage d’Emmanuel Macron a lui-même fait savoir cette semaine que « certains pans de la réforme des retraites pourraient revenir », en particulier ceux qui concernent la justice sociale comme la pension minimum de 1000 euros. La majorité a d’ailleurs tenu à envoyer un premier signal mercredi à l’Assemblée nationale en votant la revalorisation de la retraite minimum des agriculteurs dès 2022. Une promesse qui figurait déjà dans la réforme du gouvernement.
Des responsables situés plus haut dans la hiérarchie de la république en marche sont toutefois dubitatifs dans l’intérêt électoral il y aurait à ressortir une réforme à la fois confuse et largement discréditée par ses contradictions dans l’opinion publique. « Si elle empêche le pacte républicain de se conclure, la réforme des retraites devrait être de mise de côté », expliquait en avril le chef de file des députés LaREM Gilles Le Gendre. « Je ne suis pas certain qu’on pourra mener la réforme des retraites d’ici la fin du quinquennat », confiait également à La Voix du Nord le patron du parti présidentiel, Stanislas Guérini.
Pour autant, la question de l’équilibre financier du système reste extrêmement importante pour l’exécutif. Et peut-être même un peu plus qu’avant sachant que les comptes sociaux se sont sévèrement dégradés depuis le début de l’épidémie de coronavirus. En clair, ce ne sont plus 12 milliards d’euros qu’il faudra trouver d’ici 2027, mais vraisemblablement beaucoup plus.
« Tout doit être repensé en termes de financement. On n’a pas envie de promettre la Lune sans savoir comment financer. Il faudra reprendre la conférence de financement avec les partenaires sociaux dans un contexte complètement différent. Aujourd’hui on ne peut pas le faire parce qu’on est encore dans le brouillard. Il est urgent d’attendre de voir l’état des comptes sociaux d’ici six mois à un an pour savoir comment tout ça va s’articuler », conclut prudemment Cendra Motin.Dont les propos prématurés pourraient bien préfigurer l’enterrement de la réforme des retraites renvoyées après 2022.
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