- « Crise : la revanche du monde rural ? »
- Selon Jean-Christophe Gallien, la ruralité doit devenir l’une des priorités stratégiques
- Jean-Christophe Gallien est un politologue et communicant français. Il est directeur de la société JCGA et enseigne à l’Université de la Sorbonne.
- La terrible crise du covid-19 qui frappe nos sociétés interroge par ses effets sanitaires, économiques mais aussi démocratiques notre modèle de développement. Elle révèle, chaque jour davantage, nos multiples fragilités et dépendances mondialisées. La crise ouvre un débat que l’on espère sincère et surtout agissant, sur les mobilités humaines, industrielles, technologiques, commerciales, financières. Du côté des technocrates, on parlerait d‘aménagement du territoire. Chez de nombreux citoyens de notre pays qu’ils soient issus de zone urbaine ou de milieu rural, le confinement a crée l’occasion de se projeter dans l’incroyable modernité d’une France plus rurale.
- Alors que le déconfinement ouvre nos portes, je peine à l’écrire, mais il y a comme une revanche de la ruralité. Un peu partout dans le monde, se fait jour l’existence du mirage métropolitain d’une croissance et d’un destin individuel uniquement possibles au cœur de l’urbain. Grace à cette épreuve pandémique, de nombreux habitants sont conduits à s’interroger sur leurs vies au cœur des villes ou des banlieues. Et surtout, notre capacité à réellement prospérer dans un après monde urbain este remise en cause.
- Qui demain pourra s’engager dans un projet immobilier à Paris?
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- Soyons clairs: la vie va coûter très cher. Entre le logement, alimentation, nos vies sociales, culturelles, éducatives et professionnelles. D’autant plus que l’on nous annonce que nos situations professionnelles ainsi que nos libertés individuelles et collectives pourraient être profondément modifiées. Qui demain pourra s’engager dans un projet immobilier à Paris?
- Une volonté a mûri pendant ce confinement, celle de reprendre le contrôle de son destin propre mais aussi celui de l’ensemble collectif. Quitter les rues du chacun pour soi et rejoindre les espaces où la solidarité règne.
- Le confinement c’est presque un concept d’urbain.
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- Finalement le confinement, presque un concept d’urbain. Densité, mouvement et vitesse de propagation. Ce sont ces activités caractéristiques de la ville que l’on a dû stopper. Un stop généralisé qui s’avère inutile dans les espaces ruraux qui proposent d’autres rythmes et d’autres économies.
- Il ne s’agit pas ici d’opposer les territoires, encore moins les différentes «France». Il s’agit simplement de saisir ce qui nous tend les bras: la campagne. Les espaces ruraux, dans leur ensemble, sont de formidables réservoirs d’avenir! Si l’on parvient à valoriser leurs richesses au coeur des promesses d’une nature protégée.
- Comme la santé, la ré-industrialisation, les souverainetés technologique, numérique, énergétiques et l’éducation, la ruralité doit devenir l’une des grandes priorités stratégiques de la France. Et mesdames et messieurs les Commissaires, Parlementaires et Chefs d’États ou de gouvernements de l’Union européenne, vous qui malheureusement n’êtes d’accord que sur très peu de choses, vous devez faire de la ruralité un axe majeur des budgets et des programmes de la mandature européenne de crise qui tarde à s’affirmer. Dans la nouvelle guerre froide des blocs qui nous oppose désormais en particulier à la Chine, peut-être demain à notre allié américain sans parler de la Russie ou de l’Inde, la ruralité européenne pourrait devenir une force.
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