« Démocratisation de l’entreprise et environnement »
Huit chercheuses en sciences sociales rejointes par 3 000 de leurs collègues, appellent dans le Monde à un nouveau partage du pouvoir au sein des entreprises, condition d’une véritable transition écologique.
Tribune. Que nous apprend cette crise ? En premier lieu que les humains au travail ne peuvent être réduits à des « ressources ». Les caissiers, les livreurs, les infirmiers, les pharmaciens, les docteurs, toutes celles et ceux qui nous permettent de continuer à vivre dans cette période de confinement en sont la démonstration vivante. Cette pandémie nous montre aussi que le travail lui-même ne peut être réduit à une marchandise. Les soins de santé, la prise en charge et l’accompagnement des plus vulnérables sont autant d’activités qui doivent être protégées des seules lois du marché, sans quoi nous risquons d’accroître toujours plus les inégalités, jusqu’à sacrifier les plus faibles et les plus démunis.
Pour éviter un tel scénario, que faut-il faire ? Démocratiser l’entreprise – c’est-à-dire permettre aux employés de participer aux décisions. Et démarchandiser le travail – c’est-à-dire que la collectivité garantisse un emploi utile à toutes et tous.
Au moment où nous faisons face à la fois au risque pandémique et à celui d’un effondrement climatique, ces deux changements stratégiques nous permettront non seulement d’assurer la dignité de chacun, mais aussi d’agir collectivement pour dépolluer la planète et la sauver.
Ceux, et singulièrement celles, qui font partie des personnels essentiels – particulièrement les personnes racisées, migrantes et les travailleurs de l’économie informelle – se lèvent chaque matin pour aller servir les autres, pendant que tous ceux qui le peuvent restent confinés. ces personnes témoignent de la dignité du travail et de l’absence de banalité de leur fonction. Et elles démontrent le fait-clé que le capitalisme a toujours cherché à rendre invisible, cherchant à transformer les humains en « ressource » : il n’y a ni production ni service sans investisseurs en travail. De leur côté, les confinés – et singulièrement les confinées – mobilisent tout ce qu’ils peuvent pour assurer la poursuite des missions de leur organisation depuis leur domicile. Ils et elles démontrent massivement que ceux qui supposent que le grand enjeu de l’employeur est de garder sous ses yeux le travailleur indigne de confiance pour mieux le contrôler se fourvoient. Les travailleurs démontrent chaque jour qu’ils ne sont pas une simple « partie prenante » de l’entreprise parmi d’autres. Ils sont la partie constituante, pourtant toujours trop souvent exclue du droit de participer au gouvernement de l’entreprise, monopolisé par les apporteurs de capitaux.
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