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«Contact tracing: une opportunité européenne »

«Contact tracing: une opportunité européenne »

André Loesekrug-Pietri est entrepreneur, directeur de la Joint European disruptive initiative (JEDI). milite pour une technologie de traçage européenne (à noter cependant que l’Allemagne s’est  retirée du projet). 

 

Loin d’être anecdotiques, les discussions sur l’application de traçage du Covid-19 pourraient bien être le symbole de la capacité des Européens à vraiment innover et penser grand – ou au contraire à rester dans l’inefficacité et le défensif.

Les chercheurs continuent à se diviser. Le protocole Robert, sur lequel s’appuie l’application française, s’inscrit dans la ligne du projet « Pan-European privacy-preserving proximity tracing » (PEPP-PT). Or la stratégie du PEPP-PT repose sur une certaine dose de centralisation : lorsque l’app est téléchargée, le serveur envoie un ID (numéro d’identification) permanent et des ID Bluetooth éphémères. Les ID temporaires sont conservées sur le serveur.

Ce protocole ne stocke aucune information qui permettrait de remonter au téléphone des utilisateurs. En outre, il a une meilleure capacité à empêcher les fuites d’informations statistiques que la solution décentralisée DP-3T, que viennent d’adopter la Suisse et l’Autriche. Cependant, le protocole pourrait présenter des vulnérabilités, par l’analyse à petite échelle des signaux envoyés pour réattribuer une identité avec une forte probabilité. Contrairement à ce que laisse entendre le gouvernement, il n’existe pas de technique d’anonymisation 100% fiable aujourd’hui, et Robert ne déroge pas à la règle.

En outre, la centralisation suppose que l’autorité soit digne de confiance. Et que les données recueillies ne soient pas utilisées à d’autres fins. Il faut en effet souligner que, si les gouvernements souhaitaient examiner le graphique social des pseudonymes, non seulement ils pourraient le faire, mais les utilisateurs n’en seraient pas avertis.

Pion. Enfin, la nécessité d’avoir le Bluetooth fonctionnant automatiquement en arrière-plan – dispositif justement supprimé du fait d’abus de traçage ! – nécessite l’accord d’Apple (mais aussi de Google pour Android) et rend, de l’aveu du secrétaire d’Etat au Numérique Cédric O, le développement de l’application pour l’instant impossible. Il semble bien impuissant face à une société qui, en son temps, avait bravé les pressions du FBI.

Une application européenne ne résoudrait pas tous les problèmes, mais l’UE est moins susceptible de céder à la tentation de garder ces données à la fin de l’épidémie. Et surtout, cela permettrait de mettre réellement en œuvre un marché unique du digital qui n’est aujourd’hui pas beaucoup plus qu’un champ de ruines.

Si l’Union ne veut être rétrogradée au rang de pion, elle doit éviter la fragmentation et a l’opportunité unique de développer dans les prochains jours un standard commun, apte à permettre un immense marché sur lequel des start-up ou des industriels européens pourront s’appuyer pour devenir des acteurs mondiaux. Sinon, l’argent déversé dans les start-up et autres projets de recherche fragmentés ne sera à nouveau que de l’argent à forte connotation de coup politique.

André Loesekrug-Pietri est entrepreneur, directeur de la Joint European disruptive initiative (JEDI).

 

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