Crise économique : les économistes dans le potage

Crise économique : les économistes dans le potage

 

À écouter nombreux d’économistes s’exprimer dans les médias, on constate que pour la plupart ils sont largement dépassés par la crise économique qui s’annonce et finalement se contentent  de donner une légitimité scientifique à la politique du gouvernement en particulier de Bruno Lemaire, le ministre de l’économie et des finances. Pas étonnant, régulièrement le ministre des finances les réunit pour tenter d’éclairer un peu les enjeux et surtout les perspectives.

Mais ces économistes pataugent sérieusement car la situation est inédite, du coup ils se rallient  à peu près tous à une politique keynésienne de relance et au passage d’abandon des critères de gestion dont certains avaient été les plus grands avocats. La conversion des ultras libéraux à l’interventionnisme aura été rapide. La vérité sans doute c’est que la crise est tellement complexe, que les économistes eux-mêmes ont besoin de se réassurer intellectuellement en s’accrochant à la pensée dominante du moment quitte à en changer le moment venu.

 Mais ils ne se rendent sans doute pas content que comme les scientifiques de la santé  ils sont en quelque sorte instrumentalisée. Notons d’ailleurs que comme les scientifiques du comité sanitaire du gouvernement, les grands économistes sont souvent des personnages très médiatiques qui depuis longtemps n’ont pas produit d’études ou de recherche se contentant de reprendre les synthèses de leurs collaborateurs ou de leurs étudiants.

 

Ces économistes sont Vingt-deux, triés sur le volet qui participent depuis le début de la crise du coronavirus à une réunion téléphonique hebdomadaire avec Bruno Le Maire. Objectif : nourrir l’action du ministre de l’Economie et des Finances dans sa bataille face à la plus grande récession que la France ait connue depuis 1945.

Parmi les élus, des institutionnels comme le patron de l’Insee, Jean-Luc Tavernier, le chef économiste de la Banque de France, Olivier Garnier, ou Laurence Boone, de l’OCDE. Des économistes du privé aussi, comme Gilles Moëc (Axa), Mathilde Lemoine (HSBC), Patrick Artus (Natixis), Ludovic Subran (Allianz), Nicolas Bouzou (Asterès) ou Marc Touati (ACDEFI). Et surtout beaucoup d’universitaires : Jean Pisani-Ferry (Sciences Po, ancien directeur du programme d’Emmanuel Macron), Jean-Hervé Lorenzi (Dauphine, président du Cercle des économistes), Agnès Benassy-Quéré (Ecole Economie Paris), Xavier Ragot (OFCE), Philippe Aghion (Collège de France), Daniel Coen (Normale sup), Elie Coen (CNRS) et d’autres… Tous très présents dans les médias – « Il ne faut pas être naïf, c’est aussi le moyen de traiter les économistes pour qu’ils n’aillent pas baver ailleurs », sourit un participant. Et masculins à 80 %.

Certains regrettent le manque de débat. « Quelques-uns s’écoutent parler. D’autres font du lobbying pour les fédérations professionnelles qui leur sont proches », dénonce un participant. « Sur une heure de réunion, on passe entre 20 et 30 minutes à écouter des lapalissades », persifle un autre. « Il va falloir passer à quelque chose de plus constructif », ajoute un troisième.

 « C’est surprenant de voir à quel point les économistes français ont tendance à penser la même chose. Ils ont tous internalisé le réflexe interventionniste », remarque un économiste ayant fait une partie de sa carrière à l’étranger.  

La vérité sans doute c’est que les économistes eux-mêmes complètement déboussolés par la nature et l’ampleur de la crise qui met en jeu bien sûr des aspects sanitaires mais aussi économiques, sociaux, financiers, environnementaux et sociétaux difficiles  appréhender non seulement sur le court et moyen terme mais aussi sur le long terme. Bref une approche systémique au champ spatial et temporel élargi. Il est notamment curieux que pratiquement aucun économiste n’ait  abordé les conséquences de la crise économique et financière sur l’inflation et la dévalorisation de fait  de l’euro pas,  davantage la très difficile transition d’une société productiviste à une société plus respectueuse de l’environnement. Une transition indispensable si on ne veut pas sacrifier la dimension sociale.

 

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