Coronavirus : La création monétaire démesurée est dangereuse
Jean-Michel Naulot, Ancien membre du Collège de l’Autorité des marchés financiers/AMF explique dans le monde en termes techniques que le fait de faire tourner la planche à billets pourrait conduire certains pays à la ( mises en défaut) ou à l’écroulement de la monnaie européenne. Une évidence quand le volume de monnaie complètement est disproportionné par rapport à la vieille richesse réelle. Une création monétaire abondante, fort agréable dans un premier temps pour les investisseurs, renvoie malheureusement à des expériences historiques douloureuses
L’ancien membre de l’Autorité des marchés financiers Jean-Michel Naulot s’inquiète dans une tribune au « Monde » du gonflement du bilan de la Banque centrale européenne que va engendrer ses rachats massifs des dettes souveraines et du risque de « défaut ordonné » qui guette certaines d’entre-elles.
Tribune.
Les difficultés rencontrées pour parvenir à un accord au sein de l’Eurogroupe sont une fois de plus révélatrices du défaut initial de la zone euro. L’absence de budget destiné à compenser les chocs asymétriques, les inégalités historiques et géographiques, les divergences inévitables de politiques économiques, font de la zone euro un système incomplet, bancal.
Depuis dix ans, les capitaux ne circulent plus. Les dirigeants eux-mêmes sont divisés sur la nature de l’Union monétaire. La menace est réellement existentielle. Cette menace est d’autant plus réelle que les inégalités entre pays de la zone monétaire n’ont cessé de se creuser, attisant les divisions. Depuis la création de l’euro, la production industrielle a progressé de 31 % en Allemagne, alors qu’elle a baissé de 2 % en France et de 16 % en Italie.
Christine Lagarde a déclaré que la BCE pourra désormais acheter des actifs « autant que nécessaire et aussi longtemps que nécessaire ». Cette monétisation de la dette publique, c’est-à-dire à la possibilité pour un Etat de se financer auprès de la Banque centrale, via le marché secondaire, autant que de besoin et de fait gratuitement, est une petite révolution pour la BCE.
Les marges de manœuvre, pour le moment importantes, pourraient cependant vite devenir plus étroites. Pour mettre en place cette monétisation, la BCE a en effet renoncé aux règles dites de proportionnalité (respect de limites par pays). Or, en 2018, la Cour de Justice du Luxembourg avait conditionné sa décision favorable sur le rachat des dettes publiques à l’existence de ces règles. De nouvelles actions judiciaires ne sont donc pas à exclure.
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