Coronavirus : le scandale des Ephad (Monique Pelletier)
L’ancienne ministre Monique Pelletier rappelle, dans une tribune au « Monde », l’urgence de traiter de manière digne et humaine les personnes âgées privées d’autonomie.
Tribune.
Il aura fallu que des centaines de « vieux » en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) meurent en quelques jours du Covid-19 pour que l’opinion s’intéresse enfin à eux. On a d’abord « oublié » de publier le nombre quotidien de leurs décès, réservant cette publication aux seuls morts à l’hôpital, et cela pendant plus d’une semaine. On apprendra finalement que plus de 3 000 d’entre eux sont déjà morts en Ehpad.
Les conditions de vie de ces résidents face au virus sont incompréhensibles et, pour tout dire, inhumaines. Chacun d’entre eux a été cloîtré dans sa chambre depuis plus de six semaines sans pouvoir en sortir, donc sans contact avec les autres résidents et sans recevoir aucune visite des siens. Les soignants, dont on sait qu’ils ne disposent chaque jour que de très peu de temps pour chacun, sont malheureux de ne pouvoir les accompagner. Lorsque la situation des malades s’aggrave et que, hélas, leur décès est prévisible, leur transfert à l’hôpital n’est pas possible, et aucun membre de la famille n’est autorisé à les entourer dans cette triste période. La douleur des familles soumises à cette absence est immense.
Ces faits révèlent à quel point le sort des « vieux » en Ehpad est dramatique. Bien entendu, sur les milliers d’établissements en France, il en est où la vie est douce pour les résidents, mais ces exceptions sont trop rares. Aux Ehpad « à bout de souffle », devrait se substituer plus ou moins vite, plus ou moins facilement, une nouvelle façon de s’occuper des personnes âgées privées d’autonomie, qui seront en France plus de 4 millions en 2050 !
Ce sont notamment les Ehpad à domicile, dont les expérimentations en cours s’avèrent fort intéressantes et répondent aux vœux des personnes concernées. Ils se développeront très probablement. Ceux-ci seront rattachés à un Ehpad central, d’où, en général et pour le moment, s’organise l’Ehpad à domicile. C’est là que sont recrutés les aides-soignantes et aides-soignants adressés aux personnes dépendantes qui ont en ont fait la demande ainsi que les médecins, kinésithérapeutes, auxiliaires de vie, aides ménagères.
Les « aidants », qui jusqu’à présent prodiguaient tous les soins, seront dès lors disponibles pour dispenser l’affection dont les personnes en fin de vie ont tellement besoin. Cette organisation se déroule dans une ou deux communes au maximum et à la campagne dans des rayons de 10 km. Ces expériences sont encore rares puisqu’il y en aurait seulement une vingtaine en France. Les responsables estiment à cinq ans le temps nécessaire pour analyser le dispositif.
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