Parler officiellement de déconfinement aujourd’hui peut paraître assez surréaliste et particulièrement irresponsable dans la mesure où l’enjeu prioritaire consiste à persuader le maximum de populations à rester chez eux. Une recommandation déjà insuffisamment suivie notamment dans certaines zones urbaines. La problématique du déconfinement supposerait que déjà les pouvoirs publics sont en mesure d’imaginer la sortie de crise sanitaire. On en est encore loin, en France comme dans le monde. Au plan international , on a en effet un doublement des infectés officiels en une semaine. Le temps n’est donc pas venu de donner de faux espoirs et d’encourager un relâchement vis-à-vis du confinement.
Le confinement dépendra évidemment de l’évolution des chiffres de personnes concernées par la maladie mais surtout des progrès qui seront faits en matière de tests, de traitement et de vaccin. Pour l’instant la France est bien incapable comme en Allemagne -ou mieux- en Corée d’envisager un dépistage massif qui permettrait d’identifier davantage ceux qui sont infectés. Par ailleurs, la question du traitement fait encore polémique, aucun ne s’est encore vraiment imposé. Plusieurs pistes sont étudiées notamment celle de la chloroquine. Enfin le vaccin, lui, ne pourra pas mais être mis au point avant des mois voire une année. Il faut aussi tenir compte du fait que ce virus montre des résistances particulières. Certains experts pensent que ces effets pourraient encore se faire sentir pendant un voire deux ans. Du coup, toute hypothèse de déconfinement paraît discréditée tant que les incertitudes évoquées ci-dessus n’auront pas été levées
Le gouvernement, poussé par des responsables politiques en mal existentiel, a d profité de la toute première séance d’audition de la mission d’information parlementaire, mercredi soir, pour esquisser la suite. «Plusieurs équipes y travaillent», a indiqué le premier ministre devant les députés. Édouard Philippe a exclu une sortie du dispositif en «une fois, partout, pour tout le monde», laissant comprendre que la solution serait graduelle et sans doute différenciée selon les territoires ou l’âge, sans en dire davantage. «Je comprends l’impatience des Français, mais cela ne sera pas pour demain matin», a-t-il martelé, jeudi soir, sur TF1.
Un peu plus tôt, devant les chefs de parti réunis pour une visioconférence, Édouard Philippe a promis de leur présenter les différents scénarios possibles, une fois qu’ils seront définis. «La science travaille», a-t-il lâché, cachant mal son embarras.«On aurait préféré ne pas aborder dès maintenant ce sujet», reconnaît un membre du gouvernement, pour qui évoquer le déconfinement, dans cette période, porte le risque une nouvelle fois d’envoyer des messages contradictoires.«Le déconfinement, cela n’a jamais été fait, sauf par les Chinois, mais leur cas est difficile à interpréter, résume un conseiller de poids. On ne sait pas comment faire, ni si on le fera dans quelques longues journées ou dans plusieurs semaines.». Notons enfin qu’on ne peut exclure l’arrivée d’une deuxième vague de contamination avec un déconfinement massif.
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