Coronavirus : Une commission d’enquête sur la responsabilité du gouvernement
Il est clair que depuis le début de la crise les hésitations et les contradictions se sont multipliées. Il y a d’abord eu le scandale de l’insuffisance de masques qui a exposé dramatiquement le personnel médical au virus. Aussi la doctrine vis-à-vis dépistage qui a été modifiée uniquement par manque de personnel, de tests et même de laboratoires. Enfin, la doctrine très floue de confinement qui autorise certains à travailler sans qu’on sache exactement lesquels tandis que d’autres sont confinés. Un confinement parfois relatif mais le président de la république a reculé devant la mise en place de mesures plus strictes comme le couvre-feu renvoyant le bébé aux collectivités locales !
À juste titre Damien Abad, président du groupe LR à l’Assemblée nationale, souhaite créer « une commission d’enquête » après l’épidémie de coronavirus. « L’objectif est d’identifier les éventuels défaillances et dysfonctionnements pour les corriger », affirme-t-il dans une interview au JDD. Il s’interroge notamment sur « trois sujets [qui] cristallisent les inquiétudes des Français : la pénurie de masques, la doctrine de tests de dépistage, et les capacités en termes de lits de nos services de réanimation. » Et le député prévient : « Il faudra repenser tout notre logiciel politique. Je suis de ceux qui pensent que les politiques de coupes budgétaires en matière de santé publique doivent être abandonnées. »
Que pensez-vous de la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement?
Nous vivons une crise sanitaire inédite et je mesure la difficulté de la tâche du gouvernement, mais il y a des interrogations, et des questions qui sont légitimes. Je suis favorable au débat utile, pas à la polémique inutile. Le débat utile vise à poser les bonnes questions pour mettre un terme plus rapidement à la crise. Le débat utile, c’est demander pourquoi il y a une telle pénurie de masques ; pourquoi, contrairement à tous les pays européens, nous n’avons pas fait de dépistage massif avec des tests ; pourquoi nous avons été les seuls à ne pas suivre les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. L’objectif n’est pas de distribuer des bons ou mauvais points au gouvernement, mais d’identifier les éventuels défaillances et dysfonctionnements pour les corriger et en tirer des leçons.
Comment identifier ces défaillances?
Je vais proposer à mon groupe de déposer à l’automne une résolution pour créer une commission d’enquête, afin de tirer toutes les leçons de l’épidémie, dans les domaines sanitaires, économiques, social, administratifs et politiques. Il ne s’agit pas de faire une enquête à charge, mais de répondre à une question : comment en est-on arrivé là? Trois sujets cristallisent les inquiétudes des Français : la pénurie de masques, la doctrine de tests de dépistage, et les capacités en termes de lits de nos services de réanimation.
Pourquoi attendre cet automne?
Parce que nous devons concentrer nos forces aujourd’hui sur la gestion de cette crise, et préserver l’unité nationale dans un esprit de responsabilité.
N’écornez-vous pas l’unité nationale avec cette initiative?
Non, parce que notre démarche a pour objectif d’éclairer les responsables politiques que nous sommes, et de construire l’avenir sur des bases nouvelles. Il y aura un avant et un après coronavirus. Il faudra repenser tout notre logiciel politique. Je suis de ceux qui pensent que les politiques de coupes budgétaires en matière de santé publique doivent être abandonnées. Certains domaines doivent échapper aux logiques comptables. Je le disais déjà avant la crise du coronavirus. Contrairement à Mme Le Pen ou Mélenchon, nous ne sommes pas des pompiers pyromanes, mais une opposition responsable. Mais les Français s’interrogent. L’unité nationale se construit, aussi, sur la vérité et la transparence.
Les mesures de confinement sont-elles suffisantes?
Non. Le gouvernement doit davantage écouter l’OMS et renforcer massivement le dépistage. Mais le confinement a son utilité. Le confinement, ce n’est pas des vacances. Il faut être intraitable avec ceux qui ne respectent pas les règles. Pourquoi ne pas mobiliser l’armée via la force Sentinelle aux côtés des forces de l’ordre pour faire respecter le confinement? La dissuasion de sortir doit être absolue. Il ne peut y avoir de « en même temps » en matière de confinement.
Faut-il renforcer les mesures prises?
La question du couvre-feu ne doit pas être éludée. Le gouvernement doit aussi envisager de réquisitionner les biens privés pour produire des masques ou du gel hydroalcoolique. On ne peut pas envoyer les soignants au front sans gilet par balle. Il faut surtout éviter les injonctions contradictoires, aux effets dévastateurs. Pour être respectée, la parole publique doit être cohérente et claire. Sinon, elle génère de l’anxiété, donc des droits de retrait et des demandes de chômage partiel massifs. Et in fine, comme on l’a vu dans le secteur du BTP, vous laissez des employeurs seuls face à une situation ingérable.
Le parlement va adopter avec retard le projet de loi sur l’état d’urgence sanitaire à cause du débat sur la date de dépôt des listes pour le second tour. Était-ce un débat si important?
Non et je le regrette. La République en marche aurait mieux fait d’accepter le consensus politique qui avait été trouvé avec tous les groupes parlementaires. L’heure n’est pas à l’esprit d’arrière-boutique. Elle est au rassemblement.
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