« Etat-providence » : les contradictions de Macron
« A la fin de son discours du 12 mars, cherchant à alerter la nation sur la conduite à tenir devant l’invasion du virus, le président de la République a eu quelques phrases d’éloge pour ce qu’il a appelé « l’Etat-providence » : « Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, (pour) notre Etat-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe (…). Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. »
Ces mots ont sonné agréablement aux oreilles de la majorité de ses auditeurs. Certains ont pu même être surpris, qui avaient gardé en tête l’expression du même président se plaignant de dépenser, au nom de ce même Etat, un « pognon de dingue » dans les minima sociaux. L’expression avait choqué, notamment nos concitoyens les plus pauvres. Ont été aussi étonnés ceux et celles qui ont vu leurs allocations-logement baisser régulièrement depuis 2017…
Les Français chérissent d’ailleurs de plus en plus cette institution (« Des Français moins inquiets et davantage demandeurs d’intervention publique », Baromètre d’opinion DREES 2017, ministère des affaires sociales, mars 2018). Près d’un quart d’entre eux pensent que le niveau du financement de la protection sociale est insuffisant. C’est la proportion la plus élevée depuis 2011.
En concluant son discours, le président ne fait, au fond, que s’aligner sur le fort soutien des Français à l’universalité des prestations sociales, en particulier l’assurance-maladie : 67 % considèrent que tout le monde – cotisants comme non-cotisants – devrait en bénéficier. Ce n’est pas comme aux Etats-Unis, où les soins dépendent des revenus et du privé, pas des assurances sociales.
C’est aussi la Sécurité sociale que les citoyens et résidents en France ont constamment défendue dans les enquêtes à propos de la réforme des retraites, et dans leurs manifestations. S’ils étaient en majorité favorables à la disparition des régimes spéciaux, ils défendaient en même temps un système de retraites généreux et manifestaient leurs craintes quant aux conséquences de la réforme, temporairement suspendue par les mesures consécutives à l’invasion du coronavirus. »
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