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«Coronavirus : risque d’explosion en Afrique»

«Coronavirus : risque d’explosion en Afrique»

 

D’énormes risques d’explosion du Coronavirus en Afrique par ailleurs de système sanitaire est souvent défaillant. le Dr Cheikh Sokhna, épidémiologiste au Sénégal craint le pire dans une interview au monde.

 

Service médical des étudiants au Sénégal, le 16 mars.

« Nous pouvons nous interroger sur le nombre de cas détectés, estimé à 450 contre 50 il y a une semaine. Environ 40 pays peuvent détecter les patients atteints par ce virus, les autres pas. Et encore, les structures sanitaires ne permettent pas de réaliser les tests nécessaires dans toutes les régions des pays touchés. Nous pouvons donc avoir de sérieux doutes sur l’état de la situation qui nous est présenté. Certaines régions du continent sont enclavées, d’autres en guerre. Toutes les conditions sont réunies pour que le nombre de cas explose en Afrique dans les prochains jours et semaines.

De plus en plus d’Etats décrètent la fermeture de leurs frontières aériennes et l’interdiction des rassemblements. Est-ce suffisant ?

Non, ce n’est pas assez. Dans les aéroports, les mesures mises en place ne suffisent pas. Les caméras thermiques permettent de voir si un patient a une fièvre dépassant les 38° mais elles ne permettent de détecter les porteurs du virus qui n’ont pas de fièvre. Il faut mettre en œuvre des interrogatoires systématiques des passagers pour connaître l’origine de leur voyage, la présence de symptôme comme la toux, la congestion nasale, les maux de gorge ou la diarrhée. Cette surveillance sanitaire permettra de détecter plus tôt les cas contagieux, c’est comme cela que l’on arrêtera la chaîne de transmission. Elle devra aussi être mise en œuvre aux frontières terrestres. Le principal problème est que celles-ci sont très poreuses. On peut passer d’un pays à l’autre sans trop de difficulté à l’heure du coronavirus, en empruntant la voiture ou les transports en commun.

Certains affirment que le virus ne peut survivre à plus de 20 ou 26 degrés. Fake news ?

Cela fait partie des fausses informations qui compliquent la mise en œuvre des stratégies de prévention. Le virus a résisté dans la ville de Touba, à Nouakchott, à Ouagadougou où la température dépasse quotidiennement ces températures, et de loin.

«A Dakar, l’hôpital de référence de Fann ne compte que 36 lits avec une assistance respiratoire au sein du service des maladies infectieuses et tropicales. Hormis l’Afrique du sud, les pays sont presque tous en sous-capacité»

Certains pays ont affronté des épidémies comme Ebola. Les autorités sanitaires y sont-elles rodées ?

L’Afrique n’a pas tiré suffisamment les leçons de la crise sanitaire en Asie et en Europe et du retard pris dans le processus d’endiguement de l’épidémie. Malgré les premières mesures prises (fermeture d’écoles, contrôle dans les aéroports puis fermeture des liaisons avec certains pays, suspension de rassemblements…), rien n’atteste d’un confinement des populations. Les gens continuent à emprunter les transports en commun qui sont bondés, et n’adoptent pas les bonnes mesures de prévention. Un émigré de retour d’Italie a contaminé récemment 20 personnes dans la ville de Touba au Sénégal, qui devient l’épicentre de l’épidémie. C’est le problème des familles élargies qui peuvent compter plus de 20 membres en Afrique. Les Etats doivent donc aller plus vite, mobiliser l’armée, la gendarmerie, les pompiers pour mettre en œuvre le confinement et faire davantage de sensibilisation auprès des plus démunies et des analphabètes.

Quelle est la capacité d’accueil des patients dans les structures de réanimation ?

Nous avons mis en œuvre des cellules d’alerte et des numéros verts mais toute la chaîne de soins est très contrainte. La capacité d’accueil en réanimation est très faible par rapport au nombre d’habitants. A Dakar, par exemple, l’hôpital de référence de Fann ne compte que 36 lits avec une assistance respiratoire au sein du service des maladies infectieuses et tropicales. Hormis l’Afrique du sud, les pays sont presque tous en sous-capacité en Afrique subsaharienne. Nous manquons aussi de réanimateurs, de pneumologues, de gériatres. Nous n’avons pas de réserve sanitaire. Les équipements comme les oxygénateurs sont limités. Il faut donc changer les comportements en insistant sur la prévention et décentraliser au maximum le traitement des patients. Il s’agit notamment de développer le traitement en ambulatoire pour éviter que les gens se pressent à l’hôpital et se contaminent entre eux.

Comment minimiser les risques de la propagation ?

Il faut surtout se laver régulièrement les mains avec une solution hydroalcoolique ou à l’eau et au savon. Le savon est accessible à tous à un coût réduit. Les études menées au Pakistan et au Sénégal montrent une diminution de 50 % des maladies diarrhéiques et respiratoires chez les populations se lavant régulièrement les mains. Le plus important est donc l’hygiène corporelle en Afrique. Ensuite, comme ailleurs, il faut aussi respecter les règles de distanciation, se couvrir la bouche et le nez avec le pli du coude ou avec un mouchoir en cas de toux ou d’éternuement et jeter le mouchoir immédiatement après dans une poubelle fermée. Cette stratégie de prévention doit être déployée au niveau des communautés et de manière coordonnée au niveau sous-régional.

Les grandes ONG ont-elles commencé à agir ?

Les institutions bilatérales et multilatérales vont commencer à se mobiliser pour nous venir en aide afin d’acquérir les équipements nécessaires au diagnostic et à la lutte. Nous avons besoin d’experts pour combattre l’épidémie. Et nous devons aussi demander l’appui de pays comme la Chine et la Corée du Sud qui ont testé des protocoles thérapeutiques et publié des résultats recherches. Il faut profiter de leur expérience.

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