« Coronavirus, en tirer des enseignements sur le changement climatique »
« Face à la crise du coronavirus, de nombreux gouvernements ont fait le choix de mettre en place des mesures radicales pour contenir l’avancée de l’épidémie, avec un impact économique sans précédent, encore difficile à chiffrer aujourd’hui.
Même si nous manquons encore de recul, il est prévisible que beaucoup de ces mesures de ralentissement forcé de l’économie ont induit une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre. On estime ainsi que ces émissions ont baissé de 25 % en Chine au cours du mois de février 2020, tandis que le trafic aérien mondial baissait de 4,3 % au cours du même mois – avant même que Donald Trump n’annonce, le 11 mars, l’interdiction pour les Européens de se rendre aux Etats-Unis.
Paradoxalement, certaines de ces mesures ont même des effets bénéfiques pour la santé publique : la concentration de particules fines a baissé de 20 % à 30 % en Chine pendant la période de confinement, ce qui a vraisemblablement épargné, dans ce pays, un nombre de vies plus important que le coronavirus n’en a coûté : la pollution atmosphérique y est responsable au bas mot, d’une surmortalité annuelle de 1,1 million de personnes, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Il sera sans doute difficile d’estimer l’ensemble des effets, à moyen et long terme, de la crise du coronavirus sur le climat. Mais cette crise montre en tout cas une chose : il est possible que des gouvernements prennent des mesures urgentes et radicales face à un danger imminent, y compris des mesures (très) coûteuses. Et il est possible que ces mesures soient acceptées par la population.
Et pourtant, malgré les menaces très graves qui y sont également associées, nous n’avons pas été capables de prendre des mesures similaires pour contrer le changement climatique. Avant la pandémie, et malgré les appels répétés des scientifiques et des activistes pour décréter « l’urgence climatique », les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuaient de croître de 1 % par an en moyenne, très loin des objectifs de l’accord de Paris, signé en 2016.
Alors que nous sommes parfaitement capables de traiter la pandémie du coronavirus pour ce qu’elle est – une urgence absolue, nécessitant des mesures radicales sur la base d’avis scientifiques – nous sommes à l’évidence incapables de faire de même pour le changement climatique. Pour le dire simplement : nous avons beaucoup plus peur du coronavirus que du changement climatique. Pourquoi ? »
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