Les banques centrales impuissantes ?
Les Banques centrales qui gèrent la politique monétaire sont actuellement la cible de responsables politiques cela vaut pour la FED mise en cause à de nombreuses reprises par Trump et qui en très peu de temps a du modifié ses taux directeurs. Cela vaut aussi pour la BCE dont on estime que son plan de soutien et insuffisant. Le problème général, c’est que la plupart des banques fédérales ont déjà utilisé la plupart de leurs armes du fait de politique de plus en plus accommodante depuis des années. À tel point que les taux directeurs sont proches de zéro -certains même négatifs–; les banques centrales ont aussi procédé à des rachats massifs d’actifs permettant à certaines entreprises et aux Etats de retrouver un peu d’oxygène budgétaire mais parfois artificielle. Le problème, c’est que les banques centrales manquent de munitions à moins d’arroser encore davantage les marchés de liquidités. Un effet hélicoptère qui pourrait entraîner une grave crise financière en particulier une renaissance brutale de l’inflation. Pour parler simplement, il s’agirait d’emballer la planche les billets, une manœuvre qui a ses limites. Pour être efficaces, les politiques monétaires doivent nécessairement maintenir leur caractère accommodant voire amplifié mais surtout aussi être articulées avec les politiques budgétaires et fiscales. L’urgence est en effet de soutenir la demande à un moment de très grande fragilité de l’offre. le Coronavirus ne saurait être responsable de tout. En fait, cette catastrophe sanitaire agit comme une sorte d’étincelle pour révéler une crise conjoncturelle structurelle. On assiste en effet à une double crise en matière économique : une crise de l’offre aussi une crise de la demande, les deux bien antérieures au virus chinois.
Jérôme Powell, le patron de la Fed, suggérait lui-même qu’une baisse des taux risquait d’avoir peu d’effet.
« Nous reconnaissons qu’une baisse de taux ne réduira pas le taux d’infection et que cela ne résoudra pas les problèmes de chaînes d’approvisionnement. Nous avons cela en tête », avait-il déclaré lors d’une conférence de presse improvisée.
Mêmes doutes concernant l’efficacité de telles mesures sur la demande.
« Si vous ne voulez pas faire un voyage d’affaires ou aller à un concert, le fait que la Fed abaisse ses taux ne changera probablement pas votre décision, qui se fonde sur votre peur du virus », commentait, à l’AFP, Karl Haeling de la banque allemande LBBW.
Pis encore, de nombreux spécialistes s’interrogent sur les risques d’une trop grande précipitation, redoutant que les banques centrales se retrouvent dans les semaines à venir « sans aucune munition » pour agir si l’épidémie perdure.
« La capacité des banques centrales à faire face à un choc est très réduite et cela participe à l’envolée du stress sur les marchés », estime l’économiste indépendante Véronique Riches-Flores.
« Le geste rapide de la Fed pourrait être catastrophique si la pandémie venait à se poursuivre car cela restreint les possibilités de la réserve fédérale américaine pour rassurer les marchés. Le manque de liquidité fait craindre de plus en plus une crise financière sans précédent », commente Vincent Boy, analyste marché chez IG France.« En effet, le monde est inondé de liquidité depuis 10 ans alors même que l’économie se portait bien mais au vu de l’ampleur de la crise à venir les banques centrales mondiales pourraient se retrouver sans marges de manœuvre pour soutenir l’économie mondiale », poursuit-il.
Selon ce même analyste :
« Les économies du monde entier devraient plutôt se concentrer sur le ralentissement de la propagation, puis annoncer des mesures fiscales et budgétaires immédiates et efficaces avant d’intervenir au niveau monétaire ». « Si l’épidémie perdure et si les petits commerçants ne sont pas massivement soutenus, une relance monétaire sur un tissu économique décimé n’aura aucun impact et mènera probablement à la prise crise financière que le monde est connu », prévient-il.
A la question de savoir si les banques centrales avaient perdu de leur aura sur les marchés, Stéphane Boujnah, le patron de l’opérateur boursier paneuropéen Euronext, a répondu, sur France Inter, que la crise actuelle «sans les mécanismes en place des liquidités dites abondantes serait beaucoup plus grave». Mais, a-t-il reconnu, les marchés considèrent que les réponses «les plus pertinentes» sont «les messages de relance et de soutien budgétaires».
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