• Accueil
  • > Archives pour février 2020

Archive mensuelle de février 2020

Page 5 sur 27

Engie : règlement de comptes et départ d’Isabelle Kocher, la directrice générale

Engie : règlement de comptes et départ d’Isabelle Kocher, la directrice générale

La directrice générale d’Engie quitte son poste avant l’échéance. De toute manière son éviction était programmée autant par le gouvernement que par le conseil d’administration.  Plusieurs raisons à l’éviction de la directrice générale mais la plus importante est politique. Le gouvernement n’a guère apprécié qu’Isabelle Kocher soit soutenue par des personnalités de gauche pas plus que paradoxalement,  il n’a apprécié le recentrage un peu écolo d’Engie. Un recentrage écolo pourtant pas évident pour une entreprise qui gère nombre de matières à forte émissions polluantes.  La directrice générale est aussi victime de ses relations détestables avec l’influent président du  conseil d’administration. On reproche aussi à l’intéressé de n’avoir pas su arroser suffisamment les actionnaires donc évidemment l’État. Enfin , le fait d’être une femme n’a pas avantagé la directrice générale dans un monde du CAC  40 exclusivement dirigé par des hommes.

Engie devait à l’origine se prononcer fin février sur la reconduction ou non de la dirigeante, en poste depuis 2016.Mais, selon plusieurs sources au fait du dossier, les relations entre Isabelle Kocher et Jean-Pierre Clamadieu se sont dégradées à un tel point ces dernières semaines que le groupe a décidé d’accélérer sa décision.

Des sources internes à Engie et des observateurs du groupe indiquent que l’Etat, qui peut se désengager du capital depuis le vote de la loi Pacte, reproche à Isabelle Kocher de s’être entourée d’une équipe dirigeante manquant d’envergure et d’avoir informé trop tardivement le conseil de certaines décisions et orientations stratégiques.

La progression du cours de Bourse de l’entreprise sous son mandat (+13% environ), jugée trop modeste, est elle aussi invoquée comme motif de son éviction. Alors que des rumeurs sur son éviction potentielle ont commencé à circuler fin 2019, des salariés du groupe ont publiquement pris position en faveur de son maintien et, plus récemment, des personnalités du monde politique et des affaires lui ont apporté leur soutien – dont Anne Hidalgo, Xavier Bertrand ou encore Cédric Villani et Aurore Bergé -, ce que la présidence d’Engie et l’Etat auraient très mal perçu.

Isabelle Kocher, après avoir déjà entretenu des relations tendues avec l’ancien président d’Engie Gérard Mestrallet, a régulièrement estimé ces dernières années qu’elle était la cible de critiques en raison du virage stratégique qu’elle a fait prendre au groupe.

Ce dénouement rapide ne faisait guère de doute, tant les relations s’étaient dégradées ces derniers mois entre la dirigeante et son conseil ; les deux camps se sont livrés une vraie guerre de tranchées. Après dix-huit ans dans le groupe, Isabelle Kocher, qui a fait part de son « immense émotion », a aussi démissionné de son mandat ­d’administratrice « par souci de cohérence », indique Engie, ajoutant que les conditions ­financières de son départ seront rendues publiques.

Critique envers l’ex-DG, le conseil d’administration lui reprochait de ne pas avoir su convaincre le gouvernement français d’accorder à terme une place plus importante au gaz naturel, qui doit être « supprimé du mix énergétique » du pays en 2050. Autre reproche : une contribution aux résultats ­décevante des énergies renouvelables et des « solutions clients », censées incarner le virage de l’entreprise. Le conseil a désigné un trio chargé de l’intérim en attendant la nomination d’un remplaçant à celle qui estimait que sa stratégie, consistant à tendre vers le « zéro carbone » « dérangeait ». Il comprend Claire Waysand, la secrétaire générale, nommée lundi directrice générale « avec effet immédiat ».

Grandes plates-formes numériques de distribution : des dangers potentiels

Grandes plates-formes numériques de distribution : des dangers potentiels

Nombre de produits de grandes plates-formes numériques internationales comme celle d’Amazon distribuent certains produits dangereux en tout cas non conforme aux normes. Rien que chez Amazon 4000 produits ont été considéré comme non conformes voire dangereux. Le problème c’est qu’il existe déjà peu de régulation concernant ces plates-formes encore moins de contrôle et de sanction. Tous les produits aux normes ou non sont vendus sans tenir compte forcément des conditions notamment sanitaires. Lorsqu’ils sont attaqués par des consommateurs, ils réapparaissent sur d’autres plates-formes concurrentes. Il est pour le moins contradictoire d’imposer des normes de plus en plus rigoureuses aux productions européennes et parallèlement de laisser librement entrer des marchandises sur les mêmes marchés sans label et sans régulation préalable. Il s’agit d’une autre problématique que celle de la taxe internationale qui vise les GAFA. Il ne s’agit pas seulement de les taxer en raison de la puissance de leur ingénierie parafiscale mais aussi de contrôler la nature de leur production en leur imposant les mêmes contraintes coproduction européennes. D’après le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), sur 250 produits achetés en ligne, les deux tiers ne respectaient pas la législation européenne en matière de sécurité.

Le Bureau européen de consommateurs (BEUC) a alerté ce lundi sur la dangerosité des produits achetés en ligne, sur des sites comme Amazon, eBay, AliExpress ou encore Wish.

Le BEUC regroupe 45 organisations nationales de consommateurs indépendantes, présentes dans 32 pays. Parmi elles, six associations ont testé 250 produits de janvier 2019 à janvier 2020. Chargeurs USB, jouets pour enfants, détecteurs de fumée, cosmétiques … 18 types de produits ont été contrôlés. Résultats: les deux tiers ne respectent pas la législation européenne en termes de sécurité.

Des  tests montrent «que les achats en ligne ne sont pas aussi sécurisés que dans le monde hors-ligne, a commenté Monique Goyens, la directrice générale du Beuc, dans le communiquéLa raison est simple: les marchés ne parviennent pas à empêcher l’apparition de produits dangereux sur leurs sites».

«Les groupes de consommateurs ont signalé à plusieurs reprises les produits dangereux, après quoi les marchés ont supprimé la liste. Mais cela ne peut pas devenir un modus operandi pour assurer la sécurité des consommateurs, car des produits similaires réapparaissent», a-t-elle ajouté. L’association britannique Which?, l’un des six groupes à avoir mené cette enquête, a ainsi précisé dans son propre communiqué avoir alerté à plusieurs reprises sur la dangerosité de sièges auto pour enfants vendus sur eBay, entre autres. Which? assure avoir prévenu eBay en 2017 que ces sièges ne respectaient pas les normes européennes, après quoi ils avaient été retirés de la vente. Mais, en 2019, ils étaient de nouveau réapparus sur eBay.

En août 2019, des journalistes du Wall Street Journal ont également révélé que plus de 4000 produits présents sur la plateforme d’Amazon pouvaient être considérés comme dangereux ou non conformes. En réalité, ce sont les vendeurs tiers qui sont mis en cause car Amazon n’est pas responsable des produits vendus. Le site de e-commerce est toutefois en charge de la sélection des vendeurs qui doivent, eux, satisfaire à des critères de qualité. Le Wall Street Journal avait ainsi pris en exemple la mort d’un client du Missouri dans un accident de la route, alors qu’il portait un casque acheté sur Amazon. Casque qui était non conforme à la réglementation du ministère des transports des États-Unis. La cour de Philadelphie avait alors estimé que l’entreprise avait la «pleine capacité, à sa seule discrétion, de supprimer tous les produits dangereux de son site».

Pratiquement un an plus tôt, en décembre 2018, c’était la Direction générale de la concurrence (DGCCRF) qui avait publié une enquête sur les produits de Noël vendus en ligne. Sur 46 objets testés par la DGCCRF et vendus sur des plateformes en ligne comme Amazon, Cdiscount, eBay, Fnac.com ou encore Aliexpress, 75% étaient «non conformes» et 39 % représentaient un «danger pour les consommateurs». Les entreprises de e-commerce avaient alors été contactées par l’organisme afin qu’elles retirent ces produits dangereux.

«Il est temps que l’Union européenne rende les marchés en ligne responsables des produits dangereux vendus sur leurs sites, et que les autorités les placent sous un examen approfondi», a souligné Monique Goyens, la directrice générale du Beuc.

Coronavirus: on ne sait rien mais tout est sous contrôle !

Coronavirus: on ne sait rien mais tout est sous contrôle !

 

Évidemment, la plupart des médias sont pleins d’interventions et de déclarations à la fois d’autorités publiques et de responsables sanitaires. Le problème, c’est que le diagnostic est particulièrement confus et même contradictoire. En réalité, on ne sait pas grand-chose de ce virus.

 Première inconnue l’origine même de cette épidémie qu’on peut attribuer à des chauves souris et transmise à l’homme. La seule certitude, c’est l’identification de la zone géographique de départ du virus.

Les tout premiers cas de Covid-19 – nom attribué à la maladie provoquée par ce nouveau coronavirus – concernent majoritairement des personnes qui se sont rendues ou qui travaillaient sur un marché de Wuhan, où étaient vendus des fruits de mer et des animaux vivants. Concernant les symptômes il y a encore de nombreuses divergences. Les symptômes seraient proches de celui d’une grippe classique avec de la fièvre des maux de gorge, de la fatigue de la fièvre et des formes de rhume. Mais d’autres considèrent justement qu’il n’y a aucune forme de rhume dans ce virus.

Les deux autres divergences importantes concernent surtout la période d’incubation où la c’est le grand brouillard. En effet certains affirment que cette période se situe entre cinq et six jours

et dans des cas plus rares, elle serait comprise entre 1 et 14 jours. Mais on vient de découvrir en Chine un délai de 27 jours pour une personne infectée. C’est l’inconnue la plus dangereuse car pendant la période d’incubation des patients considérés comme non infectées peuvent contaminer d’autres personnes.

En outre les personnes avec des formes très légères voire asymptomatiques pourraient aussi transmettre le virus, sans que l’on ne connaisse leur niveau de contagiosité. Il conviendrait aussi d’évaluer le taux de dangerosité c’est-à-dire notamment de mortalité. Par ailleurs  ce chiffre est impossible à établir compte tenu des incertitudes totales concernant les statistiques chinoises;  le nombre d’infectées et de personnes décédées pourrait être 10 fois supérieur à celui officiellement déclaré.

On sait seulement  que la Chine voit le virus s’étendre puisque  700 millions de Chinois serait désormais confinés dans leurs lieux de résidence. Il n’y a pas de traitement spécifique pour  les symptômes par exemple les infections pulmonaires. Quant aux perspectives de vaccin pour prévenir la maladie on ne peut les envisager avant au moins. Bref ou presque ce qu’on raconte et surtout caractérisé par des incertitudes voire des contradictions inquiétantes.

 

Départ de Nissan du Royaume-Uni ?

Il ne s’agit pas d’une menace mais plutôt d’une hypothèse vraisemblable. Nissan considère  en effet que sans accord commercial entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, ses unités de production du Royaume-Uni pourraient être menacées de disparition. Notons cependant qu’à terme un projet de restructuration du processus de production de Nissan pourrait ne pas concerner seulement le Royaume-Uni en Europe mais aussi l’Espagne par exemple. “Nous partons du principe qu’ils vont trouver un accord qui puisse satisfaire les besoins de l’usine (de Sunderland)”, a déclaré Gianluca de Ficchy, président de Nissan Europe, à des journalistes au siège européen du groupe à Montigny-Le-Bretonneux (Yvelines).

“Mais on a toujours dit que sans accord, (…) avec des tarifs à 10%, le ‘business model’ de Nissan Europe dans son ensemble ne sera plus viable”, a-t-il ajouté.

Le Royaume-Uni, qui a quitté officiellement l’UE le 31 janvier dernier, doit entamer des négociations avec Bruxelles pour parvenir à un accord commercial avant la date butoir du 31 décembre 2020.

L’usine de Sunderland, qui produit le tout nouveau Juke et doit assembler la future génération de Qashqai, exporte 75% de sa production, essentiellement vers l’Europe.

Quant à la possibilité d’utiliser à la place d’autres usines européennes de Nissan ou du partenaire Renault, Gianluca de Ficchy a jugé cette solution très complexe et très coûteuse à mettre en place.

“Une transition d’un véhicule produit d’une région à l’autre, en terme de délai, en terme de coût, serait absolument difficile à gérer sur une certaine période”, a-t-il dit.

Nissan prévoit un rebond de ses immatriculations en France cette année, où le marché est attendu en légère baisse, mais un nouveau recul de ses ventes en Europe car 2020 est considérée par le groupe comme une année de transition pour ses produits et de recentrage

“Il faut qu’on revoie la stratégie industrielle en Europe dont (l’usine de) Barcelone fait partie, mais on ne va pas rentrer dans l’immédiat dans une opération de restructuration”, a ajouté Gianluca de Ficchy. Il se donne quelques mois pour élaborer cette nouvelle stratégie.

Dans le contexte actuel, le président de Nissan Europe a jugé la coopération avec Renault encore plus vitale aujourd’hui pour faire face aux lourds investissements sur l’électrification que doivent consentir tous les constructeurs.

“Nissan en Europe n’aurait pas existé sans la présence de Renault”, a dit Gianluca de Ficchy, faisant référence aux moteurs et boîtes de vitesse développées en commun, ainsi qu’à l’assemblage de fourgons Nissan dans les usines Renault.

“Je pense qu’il y a énormément d’opportunités pour trouver de plus en plus de synergies dans l’avenir et encore pas mal de choses à faire en terme de produits”, a-t-il ajouté.

Allemagne climat des affaires: légère amélioration

Allemagne climat des affaires: légère  amélioration

 

L’enquête de L’Ifo a mesuré une légère amélioration climat des affaires en Allemagne qui permet d’espérer une très petite croissance en 2020 cependant sans doute inférieure à 1 %. Notons cependant que cette enquête a été effectuée avant qu’on ne prenne connaissance du développement du Coronavirus dans de nombreux pays dont l’Italie. L’indice du climat des affaires calculé par l’institut d’études économiques Ifo s’affiche à 96,1 contre 96,0 en janvier, chiffre révisé à la hausse après une estimation initiale à 95,9.

Les économistes interrogés par Reuters s’attendaient à une baisse de l’indice pour le mois en cours, à 95,3.

“L’économie allemande apparaît épargnée par les développements entourant le coronavirus”, déclare dans un communiqué le président de l’Ifo, Clemens Fuest, qui maintient sa prévision d’une croissance de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne au premier trimestre.

Plongeon des marchés mondiaux : pourquoi ?

Plongeon  des  marchés mondiaux : pourquoi ?

 

Il y a plusieurs facteurs qui ont favorisé le plongeon des marchés financiers  mondiaux. D’abord évidemment, l’épidémie du virus chinois qui ne cesse de prendre de l’ampleur et qui menace donc la santé. La propagation de la maladie risque de rendre les consommateurs plus prudents et plus attentifs en matière d’achat. La première conséquence serait donc une baisse de la consommation des ménages.

La seconde raison tient à la désorganisation des chaînes d’approvisionnement et de distribution. C’est maintenant qu’on va prendre la mesure de l’importance de la Chine dans les processus de production et de distribution. Nombre de productions de produits manufacturés sont en effet élaborées en totalité en partie en Chine et dans les pays asiatiques. Pour l’instant,  les stocks ont partiellement comblé les ruptures d’approvisionnement mais on est proche du  point  critique.

Encore plus fondamental est l’interrogation des décideurs sur la pertinence géographique de l’organisation d’une production de plus en plus internationale. Certes, toutes les productions des pays développés ne seront sans doute pas rapatriées dans leur pays d’origine. Une partie cependant pourrait l’être mais surtout, on pourrait assister à une restructuration profonde de l’aire des délocalisations

Le dernier facteur défavorable aux bourses découle du fait que les cotations sont montées au zénith et que de toute manière un fait ou un autre peut mettre à tout moment le niveau des actions en péril. Ces actions ont en effet atteint des niveaux complètement incohérents et irresponsables. Beaucoup seront donc incités à prendre maintenant leur bénéfice aggravant encore la baisse.Les Bourses européennes ont donc chuté lundi, l’aggravation soudaine de l’épidémie de coronavirus en dehors de la Chine alimentant les craintes d’un impact plus important que prévu sur l’économie mondiale.

À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 3,95% à 5.791,87 points, un plus bas en clôture depuis le 10 décembre. Le Footsie britannique a perdu 3,34% et le Dax allemand a cédé 4,01%.

L’indice EuroStoxx 50 a reculé de 4,01%, le FTSEurofirst 300 de 3,77% et le Stoxx 600 de 3,79%.

La Bourse de Milan a dévissé de 5,43%, sa plus forte baisse en une séance depuis fin mai 2018, après l’annonce par les médias d’un septième décès attribué au nouveau coronavirus dans la péninsule.

Alors que les nouveaux cas ont baissé en Chine, la multiplication du nombre de personnes contaminées hors de Chine, notamment en Europe, au Moyen-Orient et en Corée du Sud amène les investisseurs à se replier vers les actifs moins risqués.

“L’énorme bond du nombre de cas au cours du week-end dans d’autres pays amène à réévaluer les objectifs de croissance de 2020. Si le virus continue de se propager, nous pourrions avoir rapidement une baisse des bénéfices et des perspectives de croissance pour 2020”, a écrit Ryan Detrick, chargé de stratégie chez LPL Financial.

Tous les indices sectoriels ont terminé nettement dans le rouge, perdant entre 1,84% pour l’indice Stoxx de l’immobilier et 5,98% pour les transports et les loisirs.

Easyjet (-16,67%) et Ryanair (-13,79%) ont accusé les plus lourdes pertes du Stoxx 600.

Les compartiments très exposés à la Chine comme l’automobile (-5,52%) sont également sanctionnés.

PSA (-6,97%) a enregistré la deuxième plus forte baisse du CAC 40, derrière STMicroelectronics (-7,03%).

Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones perdait 3,56%,

Coronavirus: on attend quoi pour suspendre l’espace Schengen ?

Coronavirus: on attend quoi pour suspendre l’espace Schengen ?

 

 

Alors que la crise du virus chinois continue de s’étendre, les autorités se refusent toujours à envisager l’interdiction de la  mobilité des personnes  entre les foyers potentiels de la pandémie. Même avec la Chine, les relations ne sont pas contraintes. Ce sont seulement des compagnies aériennes qui suspendent leur vol à destination de la Chine et d’autres pays asiatiques. À l’intérieur de l’Europe il n’est pas question non plus d’envisager la suspension de l’espace Schengen. En clair , on attend que l’épidémie gagne en ampleur pour  prendre les mesures qui pourtant s’imposeraient sans doute. Pire, on va sans doute autoriser un match de football entre une équipe de Turin- la Juventus- et Lyon d’où un brassage de supporters qui peut évidemment comporter des risques. Tout rassemblement de très grands ampleur en effet paraît aujourd’hui particulièrement inopportun.

On pourrait s’interroger sur les raisons de cette politique. En effet,  il s’agit évidemment pour les autorités de rassurer les acteurs économiques en indiquant que la situation est sous contrôle. Le problème, c’est que la contagion s’étend et que les acteurs économiques eux-mêmes commencent à prendre la mesure de conséquences graves sur l ‘ activité. D’où hier un phénomène de panique dans les bourses qui devraient s’amplifier d’autant plus que les cotations depuis un an sont montées  au ciel de manière irresponsable.

On commence aussi à évaluer les énormes dégâts que provoque la désorganisation des chaînes d’approvisionnement et de distribution. Nombre de produits manufacturés étant en effet en totalité ou pour partie élaborés en Chine ou d’autres pays d’Asie.

Il est clair que la réplique des autorités n’est pas à la hauteur des enjeux  ni sur le plan sanitaire, ni sur le plan économique.

“Concernant les différents scénarios tels qu’une suspension coordonnée de Schengen, nous ne les envisageons pas pour le moment, mais nous travaillons à divers plans d’urgence”, a déclaré Janez Lenarcic, commissaire européen à la Gestion des crises, lors d’une conférence de presse à Bruxelles.

Les restrictions de voyage dans l’espace Schengen doivent être proportionnées, coordonnées et fondées sur des preuves scientifiques, a quant à elle estimé Stella Kyriakides, commissaire à la Santé.

“Pour le moment, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pas recommandé de limiter les voyages ni le commerce”, a-t-elle souligné, ajoutant que des représentants de l’instance se rendraient mardi en Italie pour évaluer la situation.

 

Compteur Linky: sous surveillance

Compteur Linky: sous surveillance

 

 

Un double surveillance d’abord celle de la CNIL, aussi cette  action collective lancée par deux avocats toulousains pour autoriser le refus de la pose du compteur Linky réalisée par Enedis.  D’une certaine manière, la commission nationale de l’informatique et des libertés a déjà mis sous surveillance le compteur Linky qui se substitue aux anciens compteurs EDF. En même temps , la commission en supprime grandement l’intérêt pour les distributeurs d’électricité. En effet, l’objectif était surtout à partir des conditions d’utilisation réelle de chaque foyer de mettre en place une tarification très fine qui permette d’augmenter les prix de l’électricité en douceur.

 

En  effet , la situation financière d’EDF est particulièrement catastrophique non seulement en raison de son endettement mais aussi des énormes investissements à réaliser pour le grand carénage notamment, aussi pour le traitement des déchets ou encore le développement des EPR. Les besoins de financement sont tels qu’ EDF que les prix devraient doubler en disant. Soit une  ans augmentation en moyenne de 6 % politiquement difficile à faire passer. Donc comme pour cette année, l’objectif serait de limiter officiellement l’augmentation d’électricité à 3 % en général mais de la compléter par une augmentation des prix individuels justement par la tarification très diversifiée permise par le compteur Linky.

La commission a exigé que les abonnés donnent leur accord analyser les données fines d’utilisation de l’électricité de chaque abonné. Le problème cependant, c’est que la commission n’a guère de moyens pour vérifier dans quelle mesure les abonnés  donneront ou non un accord.  La recommandation pourrait donc se révéler assez formelle.

“EDF et Engie recueillent effectivement un consentement auprès de leurs utilisateurs, ce consentement n’est ni spécifique ni suffisamment éclairé s’agissant des données de consommation à l’heure ou à la demi-heure”, écrit la Cnil dans un communiqué. S’agissant d’EDF, “la rédaction de la mention accompagnant la case à cocher ‘j’accepte’ est particulièrement susceptible d’induire l’abonné en erreur sur la portée de son engagement”, estime-t-elle. Concernant Engie, “aucune information suffisamment précise” n’est donnée avant de recueillir le consentement pour “permettre à l’utilisateur de comprendre la différence de portée” entre la collecte des données de consommation journalière et des données de consommation fines à l’heure ou la demi-heure.

L’autre “manquement” relevé par la commission concerne les durées de conservation “parfois trop longues au regard des finalités pour lesquelles les données sont traitées”, conservation “excessive” “en violation” selon la Cnil du règlement général sur la protection des données (RGPD).

Actu économie, social, société: les plus lus

 

 

 

 

Déménagement de la gare de l’Est à Paris: le maire n’a aucune compétence !

 

 

 

 

 

  • Liens

 

 

 

 

 

 

Nouvelles technologies (5G, internet, console etc.): le risque d’un contrôle social généralisé Neutralité carbone 2050 : il manque 20 milliards chaque année Trou de la sécu : la faute à la croissance et à l’absence de financements des nouvelles mesures Taxes Trump contre l’Europe : l’OMC se couche devant Washington L’intelligence artificielle : comment prendre en compte l’intelligence humaine Vote pour les partis radicaux : 75% des français tentés Croissance France : maintien à un bas niveau Croissance mondiale en panne Enjeu du climat : Macron-Thunberg, le camelot et la prophétesse Immigration: les quotas, réponse trop partielle Économie circulaire: encore très insuffisante Sondage attentat Préfecture de Paris: Castaner disqualifié Incendies en Amazonie : une catastrophe écologique mondiale Islamisme : Macron sous –estime la situation (Xavier Bertrand) » Alstom- Le conseiller de Macron soupçonné de prise illégale d’intérêt Etats-Unis – Chine : accord ou seulement fin de la guerre ? Etats-Unis – Chine : accord ou seulement fin de la guerre ? Rejet de Sylvie Goulard: « l’échec de l’arrogance de Macron » (Raphaël Glucksmann ) Croissance en berne Terrorisme France, Allemagne, Grande Bretagne : le retour des fous de Dieu Convention citoyenne pour le climat : une belle manipulation Commission européenne: Macron ridiculisé Encore un député LREM ,Thierry Solère, mis en examen pour fraude fiscale Usine Michelin : nouvelle fermeture à La Roche-sur-Yon La collapsologie: le nouveau concept pour discréditer les écologistes Brexit: l’enfumage de Johnson se précise Crise de la santé publique : très grosse manif le 14 novembre CICE : profitable surtout aux grandes entreprises mais pas forcément à l’emploi Choisir entre les Immigrés et les Kurdes : l’odieux chantage d’Erdogan

Green Deal : « protéger le modèle européen»

Green Deal : « protéger le  modèle européen»

Le juriste Bertrand de Kermel et le syndicaliste Christophe Quarez (CFDT)  expliquent, dans une tribune au « Monde », qu’il faut taxer au niveau du marché du carbone européen les produits importés, rendus compétitifs par le dumping, qu’il soit social, fiscal ou environnemental. Le produit de cette taxe doit être affecté à la transition énergétique et écologique.

Tribune. 

 

« Premier chantier lancé par la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dix jours seulement après sa prise de fonctions [le 1er décembre 2019], le Green Deal européen repose sur trois piliers : d’abord un pilier environnemental, avec la révision des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (de 40 % à 50 % d’ici à 2030) et la neutralité carbone en 2050 pour répondre à l’urgence climatique ; ensuite un pilier social, qui passe par le soutien financier et l’accompagnement des régions de l’Union européenne (UE) encore fortement dépendantes d’activités minières dans leur transition pour qu’elle soit socialement juste ; enfin un pilier économique, avec la mise en place de politiques et d’instruments financiers pour financer la transition énergétique des différents secteurs d’activité.

Mais la politique commerciale européenne est-elle à la hauteur des enjeux affichés ? A l’Organisation des Nations unies (ONU), en septembre 2019, le président de la République Emmanuel Macron déclarait : « Notre jeunesse, parfois nous-mêmes [les chefs d’Etat], ne comprenons plus rien au fonctionnement de ce monde. On veut collectivement reprendre le contrôle. On veut retrouver à la fois de la souveraineté au niveau régional, du contrôle de soi et du sens. Et donc on ne peut plus avoir un agenda commercial qui soit contraire à notre agenda climatique. »

Cette déclaration signifie que nous avons perdu des pans de souveraineté au profit du monde marchand, que la mondialisation n’est plus sous contrôle, qu’elle n’a pas de sens au plan humain, et qu’elle n’est pas cohérente avec l’urgence climatique.

Depuis la crise du multilatéralisme et la paralysie de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les accords commerciaux bilatéraux et régionaux se développent. Ces nouveaux accords ne se limitent plus à la simple réduction des droits de douane, mais ont vocation à créer des normes communes au nom de la convergence réglementaire, avec le risque d’un moins-disant social, environnemental ou phytosanitaire.

C’est ce risque, réel et sérieux, qui a suscité les mobilisations lors de la discussion du projet de partenariat transatlantique de commerce et d’investissement [PTCI, accord de libre-échange également connu sous l’acronyme anglais TAFTA], et finalement son abandon.

Comment la BCE peut financer la transition verte

Car l’UE a trop souvent fait preuve de naïveté en matière commerciale, faisant de l’Europe le marché le plus ouvert du monde. Réciprocité et promotion des normes sociales et environnementales doivent guider les négociations des accords de libre-échange. »

Politique sociale: le fiasco de Macron

Politique sociale: le fiasco  de Macron

une analyse de  Xerfi Canal diffusée notamment dans la Tribune.

 

« Comment est-on parvenu à un climat social aussi dégradé en France ? Il s’agit d’une colère perlée : les étudiants, le personnel hospitalier, les enseignants, les avocats, les salariés de la RATP ou de la SNCF, les pompiers, la police, les éboueurs, les dockers… Sans compter la longue traine des «gilets jaunes». Tout se passe comme s’il n’y avait plus personne de satisfait en France.

Mais tout se passe aussi comme si chacun poursuivait sa cause catégorielle, sans véritable convergence des luttes, faisant écho au diagnostic d’une atomisation du corps social. Le gouvernement se trouve ainsi confronté à une guérilla sociale, contre laquelle il s’use. Comment en est-on arrivé-là ? Qu’est-ce que Macron a loupé dans sa politique sociale ?

Partons de l’esprit qui guidait sa politique en 2017. Sur le papier, c’était :

  • Une orthodoxie budgétaire douce. Une réduction mesurée de l’emploi public, de la dépense et de la dette publique en % du PIB. Rien qui puisse s’apparenter à une stratégie violente visant à affamer la bête selon l’expression des néoconservateurs américains.
  • Un attachement réaffirmé à l’économie sociale de marché, avec deux gages symboliques forts : la conservation du système de répartition et le maintien de l’âge légal à 62 ans pour les retraites. Les principes semblaient clairs…
  • Plus de flexisecurité : étendre la protection des chômeurs, faciliter l’accès à la formation ou à l’apprentissage, revaloriser les minimas en contrepartie d’un assouplissement du droit du travail, négociable au niveau des branches et de l’entreprise.
  • Un objectif d’universalité fortement affirmé aussi, au nom de l’équité, visant à regrouper, simplifier uniformiser les régimes : assurance chômage universelle étendue aux indépendants et démissionnaires, retraite universelle, regroupement des minima, système de formation mieux coordonné et fléché vers les moins qualifiés, etc.
  • En matière d’équité fiscale et de redistribution, enfin, c’était un donnant donnant. Moins d’impôts sur le patrimoine et le revenu du capital, pour les premiers de cordée….

Et le marqueur fort de la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des contribuables, avec la classe moyenne en cœur de cible. Un allègement des prélèvements de ceux qui travaillent (cotisations) et son report sur les baby-boomers retraités, rentiers des trente-glorieuses.

Sur le papier, donc un dosage équilibré. Et une confiance dans le fait que le Gaulois réfractaire, enfant gâté de la protection sociale, avait enfin ouvert les yeux sur le fait que certains ajustements étaient nécessaires en phase avec le reste du monde. La politique Macron pariait sur un corps social mou.

Venons-en maintenant à la réalisation. Premier constat : la vitrine des grands principes universalistes a dissimulé un tour de vis budgétaire. Du système universel de chômage ne reste que le nom et surtout des économies sur le dos des chômeurs. Après réforme, le système demeure à plusieurs vitesses, limitant drastiquement la création de droits pour les démissionnaires et les indépendants et réduisant ceux des salariés instables. Idem pour les APL, réforme reportée, mais qui derrière l’affichage technique, permet d’économiser 1,2 Md€ en année pleine. Et idem encore pour la réforme des retraites, dont les intentions financières cachées ont mis le feu au poudre.

Second constat : la terrible opacité qu’a engendrée la volonté de simplification, avec des règles minées de dérogations et avec des résultats très difficiles à mesurer au plan individuel. L’ancien système des retraites était balkanisé. Mais il limitait l’incertitude sur l’ampleur du décrochage entre le dernier salaire touché et la première pension versée. C’est ce qui compte le plus. Une retraite à point, indexée sur toute la vie, crée de nouveaux risques de décrochages violents, qui varient au cas par cas. Idem pour les minima, certes revalorisés, mais avec l’idée que certains oisifs doivent en être exclus. En fait, la machine sociale de Macron, qui se revendique universelle, par répartition, est une énorme machine à individualiser les droits. Comme une assurance privée, sans en porter le nom. Son opacité, ses économies mal assumées, créant une véritable paranoïa sur le fait que le seul véritable motif de la réforme est de récupérer « l’argent de dingue ». Ajoutons à cela la politique fiscale. Là encore, derrière l’équilibre affiché, perle une multitude de petits ajustements essaimés qui reprennent d’une main ce qui a été concédé de l’autre aux classes moyennes. Même illisibilité et même soupçon de distorsion cachée en faveur des plus riches.

Tout cela participe à la défiance perlée dont je parlais en entrée. Mais la grosse erreur de Macron, c’est sa perception du corps social assagi, qui passe totalement à côté du rejet des excès de la financiarisation des économies après 2008. Manque de moyens, dégradation des conditions de travail, la crise a laissé une longue traine qui va bien au-delà de la question salariale. Et tout effort est perçu aujourd’hui comme la facture exigée aux citoyens pour sauvegarder coute que coute la rente financière phénoménale au profit d’une minorité. Macron, décalé de la réalité, a misé sur un corps social docile, alors que le rejet du système n’a jamais été aussi violent.

Supprimer l’ENA ?

Supprimer l’ENA ?

Aurélien Colson, Professeur de science politique et directeur de l’Institut de recherche et d’enseignement sur la négociation, ESSEC , s’interroge sur la réforme de l’ENA dans la Tribune;

 

« Ce mardi 18 février 2020, Frédéric Thiriez a remis son rapport sur la réforme de la haute fonction publique. Le dossier, composé d’une soixantaine de pages pour 40 propositions, compte répondre aux trois priorités affichées par l’exécutif : décloisonner la haute fonction publique, diversifier son recrutement et dynamiser ses carrières.

Les auteurs proposent ainsi une refonte totale de l’institution sous sa forme actuelle. L’École nationale d’administration deviendrait alors l’École d’administration publique (EAP) et se verrait obtenir un statut d’établissement d’enseignement supérieur, placé sous l’ombrelle de l’université Paris Sciences et Lettres. Concours profondément remanié, socle commun de six mois suivi de quatre mois sur le terrain, classement de sortie supprimé, Frédéric Thiriez propose un véritable catalogue de mesures sur lesquelles l’exécutif devrait vite se pencher.

L’annonce faites par le président de la République de supprimer l’École nationale d’administration (ENA), et qui se voulait une réponse au mouvement des « gilets jaunes », avait suscité des débats houleux, entre détracteurs de l’école et partisans d’une réforme beaucoup moins radicale.

Car ce n’est pas rien d’en finir avec le dispositif instauré par l’ordonnance du 9 octobre 1945 du Gouvernement provisoire de la République française, alors présidé par le Général de Gaulle.

Son objectif était triple : sélectionner les futurs hauts fonctionnaires, les former à leurs responsabilités à venir, les affecter à leur premier poste via le classement.

Les observations qui suivent naissent d’une expérience directe de l’ENA sur deux décennies. J’y ai enseigné chaque année depuis 1998, devenant en 2002 le coordinateur du séminaire de « négociation dans l’administration publique » pour toute la promotion. Des promotions « Cyrano de Bergerac » à « Molière » en passant par « Senghor », qu’ai-je appris au cours des 20 années écoulées sur cette école, qui puisse contribuer à la réflexion sur sa suppression et le dispositif qui lui succédera ? Reprenons les trois fonctions de l’ENA – sélectionner, former, affecter – pour mieux souligner combien le problème se trouve, en fait, ailleurs.

Le recrutement, tout d’abord. Il ne serait pas suffisamment démocratique. L’impression de celles et ceux qui enseignent à l’ENA est assez différente : le concours interne (ouvert aux fonctionnaires ayant déjà quatre années de services) et le troisième concours (ouvert à tous ceux témoignant de huit années d’expérience dans le secteur privé ou associatif) ajoutent beaucoup de diversité aux « bêtes à concours » provenant majoritairement de Sciences Po Paris et qui, certes, dominent le concours externe.

Chaque année, j’ai rencontré dans le groupe d’élèves dont j’avais la charge des personnalités attachantes, issues de régions et de milieux diversifiés – même un ancien intermittent du spectacle – aux antipodes de la caricature du Parisien fils d’archevêque à particule.

En outre, les promotions sont internationales, accueillant un quart d’élèves étrangers. Pour avoir à de multiples reprises retrouvé ultérieurement ces élèves lors de missions à l’étranger, je mesure le rayonnement de cette école de par le monde, grâce à ses 3 500 anciens élèves étrangers.

En dépit de ces impressions subjectives, que disent les chiffres ? Ils démontrent un décalage entre le profil sociologique d’une promotion d’énarques et celui de la population française. Au sein de la promotion actuelle à l’ENA, « seuls 19 % des élèves ont un parent ouvrier, commerçant, employé, agriculteur, artisan ou chômeur » écrivait l’actuel directeur de l’ENA dans une tribune publiée par Le Figaro. La proportion s’inverse dans l’ensemble de la population française, où les cadres et professions intellectuelles supérieures représentent un peu moins de 20 %.

Mais un tel décalage se retrouve dans toutes les grandes écoles françaises et dans toutes les filières sélectives de l’Université ! La ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, l’a souligné lors de son discours du 4 juin 2019 devant la Conférence des grandes écoles. Pourquoi reprocher aux concours d’entrée à l’ENA un manque de démocratisation qui est d’abord dû aux défauts du dispositif français d’éducation nationale et d’enseignement supérieur ?

Le manque de démocratisation du mode de recrutement à l’ENA n’est donc qu’un symptôme parmi tant d’autres, relevés par les enquêtes de l’OCDE qui démontrent que notre système est un de ceux qui réduisent le moins les inégalités de départ.

Ainsi, l’excellente mesure de dédoublement des classes de CP et de CE1 en ZEP, décidée par Jean‑Michel Blanquer, aura à terme un effet plus concret pour la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur. Idem pour les dispositifs d’éducation populaire du type « Une grande école, pourquoi pas moi ? », lancés par l’ESSEC en 2002.

Sans chercher dans cette brève contribution à cerner ce qui est nécessaire au futur haut fonctionnaire, et qui devrait constituer le cœur de sa formation, je n’évoquerai ici que de ce que les directeurs successifs de l’ENA m’ont demandé d’y coordonner, à savoir le séminaire de négociation dans l’administration publique.

En trois jours, que tâche-t-on d’apprendre au futur haut fonctionnaire ? À défendre les intérêts qui lui sont confiés par le décideur politique, et dont on espère qu’ils correspondent à l’intérêt général. À générer du consensus, chaque fois que c’est possible. À assumer dignement le dissensus, chaque fois que c’est nécessaire.

Et, pour y parvenir : à privilégier la logique de coopération et de partenariat sur celle de compétition et d’affrontement ; à valoriser la préparation en équipe plutôt que l’improvisation solitaire ; à préférer la sincérité de l’écoute aux artifices de la rhétorique ; à éviter, plus que tout, l’excès de confiance en soi – mais que peuvent ces trois jours dans tout un système ?

Le séminaire est très apprécié des promotions successives – il aurait sinon disparu depuis. Fondé sur des mises en situation inspirées de cas réels, ce séminaire a depuis 2007 été retenu pour inaugurer la scolarité de chaque promotion. Depuis 2014, une partie de la promotion choisit de le suivre en anglais – car, oui, en ce XXIe siècle, le haut fonctionnaire français est amené à négocier en anglais au cours de sa carrière.

Venons-en enfin au classement, qui détermine l’affectation au premier poste de la carrière. Pourquoi est-il tant décrié ?

Interrogé, en mars 2003, par la commission sur la réforme de l’ENA présidée par Yves-Thibault de Silguy, j’avais indiqué, paraphrasant Churchill, que « le classement est le pire des systèmes… à l’exclusion de tous les autres ».

Il a ses défauts, certes, dont la focalisation excessive des élèves sur leur notation. J’avais d’ailleurs obtenu, en 2005, que le séminaire de négociation ne soit plus noté, afin que les élèves se concentrent sur l’apprentissage d’un bagage utile sur le long terme, et non sur la perspective utilitariste d’une évaluation. Cette focalisation sur les notes incite aussi à un comportement individualiste, là où le responsable doit apprendre à coopérer pour travailler en équipe.

Mais ces défauts ne l’emportent pas sur la profonde légitimité du classement pour affecter aux meilleurs postes. Ainsi, avant-guerre, les systèmes d’entregent et d’héritage familial entachèrent trop souvent les processus de cooptation dans les corps les plus prestigieux, y compris au quai d’Orsay. Marc Bloch en donna une puissante description dans L’Etrange défaite (1946).

La seule critique valable du classement est que sa tête, curieusement appelée « la botte », permet l’accès direct aux grands corps de l’État, les plus prestigieux et puissants : Conseil d’État, Inspection des Finances, Cour des comptes.

Ainsi, le fait de réussir brillamment deux stages et quelques notes sur dossier dans sa prime jeunesse trace d’emblée, pour toute la vie professionnelle qui s’ensuit, une trajectoire de carrière exagérément plus favorable que celle de l’administrateur civil « de base ». Ce n’est pas sain durant la scolarité. Ce n’est pas mobilisateur après celle-ci.

L’ENA devrait déboucher sur trois corps : administrateurs civils, magistrats des chambres régionales des comptes, magistrats des tribunaux administratifs. Ce n’est qu’après une première partie de carrière, au vu des mérites concrètement illustrés durant celle-ci, que les énarques pourraient candidater à une haute juridiction (Conseil d’État et Cour des comptes) ou un corps d’inspection (finances, inspection générale de l’administration, inspection générale des affaires sociales). Cette procédure de sélection gagnerait à s’inspirer de ce qui existe déjà ailleurs dans l’État : l’École de Guerre, qui repère chaque année les meilleurs officiers destinés aux plus hauts grades.

Mais le problème, au fond, est ailleurs. Ou, pour être précis, après l’ENA. Il est dans ce mal français que résumait Edgar Pisani d’une formule aussi acérée que juste : « L’État, c’est le mépris ».

Le résistant, devenu le plus jeune préfet de France après-guerre, ministre des gouvernements de Charles de Gaulle puis de François Mitterrand, l’a constaté sa vie durant : « il y a quelque chose d’Ancien régime dans notre État républicain centralisé », une disposition d’esprit faite de mépris.

L’État n’écoute pas assez les corps intermédiaires, dont il se méfie depuis la loi Le Chapelier de 1791 interdisant les groupements professionnels. Les grands commis de l’État n’écoutent pas suffisamment leurs concitoyens, au point que ceux-ci les perçoivent comme volontiers méprisants. Une observation attentive m’a souvent amené à vérifier, sans pouvoir la démontrer, la règle suivante : le pouvoir d’un fonctionnaire français est inversement proportionnel à la probabilité qu’il a de croiser ses contemporains à un guichet, dans le métro, ou en faisant ses courses à l’hypermarché.

Ce mépris, on en trouve une bonne illustration dans le propos tenu par Marie-Françoise Bechtel, conseillère d’État et ancienne directrice de l’ENA de 2000 à 2002, dans Libération le 17 avril 2019, où elle déclarait :

« La localisation de [l'ENA] à Strasbourg pose problème. [...] il est discutable de former l’administration d’État dans une ville lointaine et enclavée. »

Strasbourg se situe à 1 h 46 de TGV de Paris, avec une liaison chaque heure ou presque. À ce compte-là, toute la France au sud de Lyon serait « enclavée » ! Toute la France à l’ouest de Limoges serait « lointaine » !

Faut-il rappeler à Mme Bechtel que les juges de notre pays sont formés à Bordeaux, à l’École nationale de la magistrature ? Que les cadres de la fonction publique hospitalière sont formés à Rennes, à l’EHESP (ex-ENSP) ? Que les cadres du ministère de l’Éducation nationale sont formés à Poitiers, à l’Institut des hautes études de l’éducation et de la formation ? Que même l’École polytechnique n’est plus à Paris intramuros ?

Ces formules à l’emporte-pièce (chacun en aura d’autres exemples à l’esprit) nourrissent cette impression, chez nos concitoyens, que « l’État, c’est le mépris ». Notre passion ancienne pour l’égalité se trouve d’ailleurs renforcée par la tendance démontrée à la fin du siècle dernier par Anthony Giddens et d’autres sociologues : dans nos sociétés démocratiques, la distance hiérarchique ou symbolique entre dirigeants et dirigés devient insupportable aux seconds.

S’il est un trait commun à tous les « gilets jaunes », par-delà les contradictions de leurs revendications hétéroclites, c’est celui-là.

Dans une société qui « s’horizontalise » au détriment des normes et des injonctions volontiers verticales, contraindre devient de moins en moins efficace, convaincre de plus en plus nécessaire. Il n’est donc pas sûr que supprimer l’ENA suffise à convaincre.

_________

Par Aurélien Colson, Professeur de science politique et directeur de l’Institut de recherche et d’enseignement sur la négociation, ESSEC

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Coronavirus: reprise économique menacée (FMI)

Coronavirus: reprise économique menacée (FMI)

Comme toutes les autres autorités économiques et financières, le FMI est partagé entre la nécessité de rassurer les acteurs économiques et l’autre nécessité de prendre la mesure des conséquences graves du virus chinois pour relancer l’économie. D’où cette valse hésitation entre des propos rassurants et d’autres qui visent à se réveiller vis à vis  conséquences économiques du virus chinois. Le propos se veut désormais beaucoup plus grave même si la quantification des conséquences demeure très modeste voir assez fantaisiste. De toute manière, l’évaluation des perturbations économiques et financières est pratiquement impossible tant qu’on ne connaîtra pas exactement la gravité du virus, son mode de propagation et sa durée.

 

Il est clair que les conséquences seront différents selon qu’il sera mis un terme à cet ennemi pis démis en avril en juillet août fin 2020. Les conséquences pourraient être limitées comme l’indique la responsable du FMI si la situation sanitaire est maîtrisée d’ ici avril. Par contre si cela devait se prolonger, la Chine pourrait tomber à 5 % de croissance au lieu des 6% initialement prévus. La croissance internationale elle perdant aussi un point.

La directrice du Fonds monétaire international (FMI) a en tout cas affirmé dimanche que le coronavirus mettait « en péril » la reprise de l’économie mondiale lors d’une réunion du G20 à Ryad, qui s’est dit prêt à agir pour limiter les « risques » sur la croissance.

« Le virus Covid-19, une urgence sanitaire mondiale, a perturbé l’activité économique en Chine et pourrait mettre en péril la reprise », a déclaré Kristalina Georgieva devant les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des vingt premières économies dans la capitale saoudienne.

En janvier le FMI avait prédit une croissance globale de 3,3 % pour 2020, contre 2,9% en 2019. Lors du sommet à Ryad, Mme Georgieva a affirmé que l’impact du nouveau coronavirus sur la croissance serait d’environ 0,1 point.

« La reprise de l’économie prévue (…) est fragile », a ajouté la cheffe du FMI, citée dans un communiqué.

La croissance chinoise s’établirait à 5,6% en baisse de 0,4 point comparé aux estimations de janvier.

Le virus a fait 2.345 victimes en Chine, coupant les transports, perturbant les échanges commerciaux et attisant l’inquiétude des investisseurs, les entreprises étant obligées de suspendre leur activité. « J’ai informé le G20 que, même en cas d’endiguement rapide du virus, la croissance en Chine et dans le reste du monde serait touchée », a déclaré Mme Georgieva. « Le G20 est un forum important pour aider à mettre l’économie mondiale sur une base plus solide », a insisté la cheffe du FMI, exhortant les pays membres à coopérer pour contenir la propagation du virus.

Marine Le Pen: « présidente de la République » ?

Marine Le Pen: « présidente de la République » ?

 

Sauf événement non prévu, on se dirige tout droit vers une nouvelle rencontre Macro- Le Pen pour les présidentielles en 2022. Marine Le Pen semble y croire et considère même qu’elle a les plus grandes chances d’y parvenir. Ce qu’elle disait déjà précédemment notamment en 2017. La question est de savoir si cette perspective de succès est ou non possible . Jusque-là, Marine Le Pen a toujours été empêchée d’accéder à la magistrature suprême grâce ou à cause du front républicain réunissant gauche, extrême gauche et droite confondue. Le front anti Le Pen a constitué  l’instrument majeur politique qui a permis à d’autres candidats d’être élus. D’où d’ailleurs ensuite des contradictions, des mécontentements, voire des colères car les élus à la présidence, comme Macron en particulier, en ont conclu qu’ils avaient le soutien massif de l’opinion publique pour leur programme.

Juridiquement certes,  l’élection ne pouvait être mise en cause mais politiquement le programme de Macron n’avait aucune légitimité populaire. La grande question qui se pose maintenant avec l’extrême faiblesse de popularité de Macron dans l’opinion publique et même au-delà la haine qu’il suscite ne va pas constituer un rejet de l’intéressé plus fort que celui qui joue contre Marine Le Pen. Cette fois-ci il est fort probable que le candidat Macron en 2022 ne bénéficiera pas du soutien d’une grande partie de la gauche voir des écologistes. L’opinion pourrait bien avoir la tentation première d’éliminer Macron d’autant que Marine Le Pen  a depuis 2017 arrondi nombre de ses positions notamment dans le domaine européen.

En outre, elle a choisi une stratégie de communication très habile avec des expressions publiques très rares qui lui évitent de susciter les contradictions et condamnations du camp adverse. Conclusion, l’hypothèse de l’élection de Marine le Pen est loin d’être nulle. Comme déjà indiqué, il ne s’agirait pas d’une adhésion à son propre programme mais surtout d’un réflexe anti Macron . Candidate (déjà) déclarée à l’élection présidentielle, Marine Le Pen aborde l’échéance confiante. «J’ai de grandes chances d’être présidente de la République parce que je pense que les Français en ont soupé de la situation», a-t-elle jugé, dimanche, lors du «Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro». Les Français «ont compris maintenant qu’il faut arrêter avec l’ultralibéralisme de la concurrence déloyale, l’immigration de masse, l’insécurité, le laxisme, le n’importe quoi, l’entre-soi de nos élites, la finance internationale. Il faut arrêter avec tout cela, et donc je pense que beaucoup sont prêts aujourd’hui à tenter une autre politique, une alternative à la politique menée par Emmanuel Macron», a listé la députée du Pas-de-Calais.

 

Élections municipales : un cadeau électoral de 100 euros par mois pour les jeunes enseignants

Élections municipales : un cadeau électoral de 100 euros par mois pour les jeunes enseignants

 

Les votes sont parfois devenus comme des biens marchands : ils se vendent ! C’est le cas dans l’enseignement à l’occasion de la réforme des retraites.  On s’est brutalement aperçu que les pensions des enseignants devraient brutalement chuter. Cela en raison du fait de la quasi absence de prime chez ces fonctionnaires. En gros en moyenne les salaires évoluent de 2000 à 3000 €, ils sont d’environ 1400 € pour les plus bas concernant un enseignant débutant. Pour maintenir les retraites au niveau actuel avec la réforme discussion, c’est une augmentation de presque 1000 € en moyenne qu’il faudrait accorder aux enseignants. Soit un coût de 10 milliards sur 10 ans. Impossible financièrement évidemment,  ce dont a convenu même le président de la république. Du coup, quelques miettes sont distribuées avant les municipales pour amortir le choc qu’à produit la perspective du nouveau système de retraite chez les enseignants.

«Les retraites des professeurs ne baisseront pas» et «leur rémunération va augmenter», a réaffirmé le ministre en rappelant que des hausses cumulatives de 500 millions d’euros annuels doivent venir abonder les augmentations budgétaires «naturelles» de l’Education nationale à partir de 2021. Notons cependant qu’on ne commence qu’en 2021 et que la somme n’est pas à la hauteur des enjeux.

«On va faire un rattrapage particulièrement important pour les débuts de carrière et les milieux de carrière», a tenté de préciser le ministre. Selon lui, les professeurs nés avant 1975, non concernés par la réforme des retraites, «auront aussi une augmentation de leur rémunération». Les syndicats craignent que ces revalorisations soient conditionnées à des «contreparties» comme une hausse du temps de travail.

1...34567...27



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol