Réforme des retraites : attention à ne pas enfumer la CFDT
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Les propos du Premier ministre qui a accepté une conférence sur le financement constitue une avancée pour peut-être sortir du conflit social. Peut-être, car demeurent plusieurs contradictions dans les déclarations d’Édouard Philippe. Parmi ces contradictions, la possibilité de reprendre sa première proposition d’âge pivot à 64 ans si les propositions financières ne plaisent pas au gouvernement. sans doute s’agit-il là aussi d’une manière de rassurer l’électorat de droite. Mais c’est à l’évidence une maladresse. On ne peut à la fois ouvrir une discussion et aussitôt la fermer avec des conditions tellement contraignantes que le débat est illusoire. Cela rappelle la récente réforme des allocations chômage où les conditions et les délais ont empêché de trouver le moindre compromis. La CFDT avait manifesté sa colère contre cet pseudo concertation. Il ne faudra sans doute pas la prendre au piège une seconde fois les syndicats réformistes et les autres . La CFDT se méfie particulièrement du caractère manœuvrier de Macron et de son équipe tout autant que de la condescendance du pouvoir vis-à-vis des syndicats y compris les plus réformistes. Notons d’abord que le Premier ministre demande que la discussion s’inscrive dans les projections financières du comité d’orientation des retraites. Un organisme courtisan à la solde du Premier ministre qui il y a peu de temps sous Hollande avait prévu l’équilibre des retraites en 2025 et qui tout d’un coup annonce un déficit de huit à 17 milliards !
Pour Édouard Philippe cette « conférence de financement » n’aura qu’une marge de manœuvre restreinte. « Les mesures destinées à rétablir l’équilibre ne devront entraîner ni baisse des pensions pour préserver le pouvoir d’achat des retraités, ni hausse du coût du travail pour garantir la compétitivité de notre économie. Pourtant d’après Les Echos du 8 janvier, un compromis pourrait néanmoins être trouvé autour d’un « cocktail de mesures » allant de l’allongement de la durée de cotisation au recours aux fonds de réserve.
Si l’accord intervient « d’ici fin avril, le Parlement pourra en tenir compte lors de la seconde lecture et le gouvernement prendra une ordonnance transcrivant cet accord dans la loi », précise Edouard Philippe. Et sinon ? Dans l’hypothèse où un accord ne pourrait intervenir lors de cette conférence de financement, le gouvernement « prendra par ordonnance les mesures nécessaires pour atteindre l’équilibre d’ici 2027 et financer les nouvelles mesures de progrès social ». »Je veux être parfaitement clair sur ce point : je prendrai mes responsabilités« , assure le Premier ministre. Autrement dit, si aucune solution de financement correspondant aux standards fixés par l’exécutif n’est trouvée d’ici à la fin des discussions, le gouvernement pourrait imposer à nouveau l’âge pivot.
Le problème c’est qu’il serait bon que le Premier ministre demande une évaluation du coût financier de sa réforme qui pourrait entraîner une dépense supplémentaire de l’ordre de 20 milliards, soit notoirement plus que le déficit évoqué par le comité d’orientation des retraites.
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