Réforme de retraites: Édouard Philippe responsable de la pagaille
On peut évidemment s’étonner de l’entêtement Édouard Philippe qui a favorisé l’installation d’une chienlit sociale en France qui risque de durer comme celle des gilets jaunes. La question n’est ni sociale, ni financière. Elle est politique. Pour l’instant Édouard Philippe ne joue pas son rôle de fusible vis-à-vis du mécontentement de nombre de Français dont la plupart souhaitent toujours le retrait de la réforme.
Ce mécontentement affecte surtout la popularité de Macron, une popularité déjà faible mais qui va s’écrouler dans les prochains sondages si l’on en juge par exemple par le peu de crédibilité qui lui est accordée après son fastidieux exercice des vœux de fin 2019. La lutte politique est clairement engagée entre Macron et Édouard Philippe. Édouard Philippe sait bien qu’il ne pourra demeurer Premier ministre jusqu’en 2022. Pour redonner un peu de souffle à un gouvernement particulièrement amorphe, Macron devra peut-être après les élections municipales, changer son gouvernement. Édouard Philippe veut partir avec une image de marque de réformateur beaucoup plus déterminé que Macron qui cultive trop son ambigu en même temps.
Édouard Philippe qui appartient toujours au parti des républicains n’aura aucune difficulté à imposer sa légitimité auprès des électeurs de droite. Or Macron qui a perdu ses soutiens de gauche qui ont permis son élection court lui aussi uniquement après ces électeurs de droite en espérant aspirer le sang électoral des républicains voire de l’extrême droite. Macron est clairement devenu d’évolution en évolution, le président de la droite. Édouard Philippe sait bien que le pouvoir usera Macron d’autant plus que l’intéressé se réfugie toujours dans une posture hautaine voir méprisante vis-à-vis de ceux qui ne sont pas d’accord avec lui; actuellement les 70 % qui contestent sa politique économique et sociale. Édouard Philippe, comme souvent pour les Premiers ministres de la Ve République, se positionne donc dans l’hypothèse d’un après Macron qui pourra intervenir évidemment en 2027 mais peut-être en 2022 si l’environnement économique et politique se dégrade encore davantage.
Édouard Philippe ne lâchera donc pas cet âge pivot, c’est sa posture, son totem politique. Certes, il pourra l’habiller pour faire quelques exceptions mais ne lâchera rien sur ce terrain quitte à partir mais avec l’étendard du réformateur radical que la droite attend depuis Sarkozy. Certains politologues considèrent qu’Édouard Philippe est sincère en voulant articuler la réforme systémique avec la réforme paramétrique, qu’il veut préserver l’avenir du système. En réalité ce qu’il veut préserver, c’est son propre avenir politique car on sait bien que le pouvoir politique, comme d’habitude, sera amené à revoir sa réforme des retraites tous les cinq ans en raison notamment du trop grand nombre d’incertitudes sur l’évolution des paramètres.
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