Carlos Ghosn: du statut de héros international à celui de pestiféré ou la lâcheté des médias
Il y a évidemment quelque chose de surréaliste dans l’évolution de la situation de Carlos Ghosn. Hier il était traité comme un prince de l’économie, un héros international par les grands médias qui le considèrent aujourd’hui comme un fugitif, un pestiféré voire un criminel. Cela démontre à l’évidence la grande lâcheté du monde médiatique et son inconsistance éthique. Il est clair que Carlos Ghosn n’est pas un saint, il a largement confondu son portefeuille avec celui des entreprises qu’il présidait.
D’une certaine manière, il a utilisé les mêmes méthodes que la plupart des grands patrons qui s’attribuent de manière quasi autoritaire -en tout cas avec la complicité des conseils d’administration- des rémunérations excessives, des stock-options et des retraites chapeaux. Faut-il rappeler cependant que sans Carlos Ghosn, Renault n’existerait peut-être plus en France. Quand l’intéressé a repris l’entreprise française, elle était en effet à l’agonie. Ensuite Carlos Ghosn a réussi un spectaculaire redressement de Nissan qui était condamné aussi à disparaître. Il a construit l’un des plus grands groupes automobiles du monde. Sa compétence est indéniable.
Ce succès a d’ailleurs nourri certaines jalousies y compris du côté de Macron qui lorsqu’il était dans le gouvernement de François Hollande s’est opposé à Carlos Ghosn publiquement. Si la question d’utilisation de fonds de l’entreprise à des fins personnelles peut justifier une procédure judiciaire , ce n’est qu’une question accessoire par rapport à l’enjeu fondamental de l’évolution capitalistique envisagée par Carlos Ghosn pour le groupe Renault. L japon qui voulait rejaponiser Nissan et se débarrasser du poids du constructeur français était évidemment complètement opposé à cette évolution. Mais la France l’était tout autant dans la mesure où cela aurait dilué le capital que détient le pays dans le groupe Renault. On peut évidemment contester le projet d’évolution capitalistique envisagé par Carlos Ghosn mais les moyens employés sont lamentables. Par parenthèse, on vient d’autoriser Peugeot à se regrouper avec Fiat Chrysler et les mêmes risques de dilution du capital détenu par la France existent de la même manière.
La vérité sans doute c’est que Carlos Ghosn a été victime d’un complot organisé bien sûr par Nissan appuyée par le gouvernement et la justice du Japon. Mais aussi avec une complicité de la France qui a laissé faire, bien content de se débarrasser d’une personnalité aussi compétente et aussi indépendante. Les manières dont les grands médias traitent maintenant Carlos Ghosn sont assez lamentables et révèlent l’hypocrisie de ceux qui sont capables de dresser des louanges aux puissants mais de les enfoncer quand ils sont à terre y compris de manière partiellement injustes.
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