Macron-Berger ( CFDT): l’affrontement du progressisme contre la théocratie
Officiellement il y a confrontation entre le premier ministre et Laurent Berger de la CFDT sur les questions centrales de la réforme des retraites, en particulier concernant sa justice et son efficacité. Il y a aussi une opposition totale sur les conditions de la gouvernance du risque retraite. Une gouvernance parfaitement assumée par les partenaires sociaux pour l’Agirc-Arrco ( caisses complémentaires).Mais il s’agit d’un affrontement plus fondamental entre deux conceptions du progressisme. Macron se revendique de cette idéologie mais ne conçoit sa mise en œuvre que de manière théocratique. Pour parler simple, tout doit être centralisé, voire étatiser et lui seul doit décider des orientations. À l’inverse, la CFDT a toujours milité en faveur d’un progressisme qui privilégie le paritarisme. Or toute la droite française, le Medef et la technocratie méprisent en fait le paritarisme et réduisent le rôle des syndicats à la gestion de quelques activités sociales comme l’arbre de Noël ou les colonies de vacances. En France, l’ancien régime a évidemment disparu mais on a gardé le contenu monarchique des processus de décision. C’est évidemment un véritable drame pour le pays qui se caractérise par le plus fort taux de conflictualité au monde. Régulièrement, la France est agitée par des mouvements sociaux ingérables parce qu’il n’y a pas la volonté d’aboutir de la part du pouvoir et que souvent il n’y a pas non plus l’envie, la capacité et les compétences de parvenir à un compromis du côté de certains syndicats radicaux. De sorte que nombre de syndicats se complaisent dans des postures uniquement de protestation avec des revendications irréalisables justement pour n’avoir pas à s’inscrire dans la construction d’un compromis. Bref des centrales plus proches d’organisation politique que d’une organisation syndicale . Progressivement, les choses évoluent et la CFDT est devenue le premier syndicat de France justement du fait de ce qui le caractérise à savoir le progressisme via le paritarisme. Les syndicats réformistes sont aujourd’hui majoritaires en France avec la CFDT bien sûr mais aussi l’UNSA, la CFTC et la CGC. Reste que dans la rue, les syndicats radicaux tiennent sans discussion le pavé mais dans les entreprises ce sont les syndicats réformistes qui dominent. Le problème des syndicats réformistes, c’est que Macron ne leur facilite pas la tâche en adoptant une posture d’indifférence totale vis-à-vis des corps intermédiaires y compris les syndicats quand ce n’est pas une attitude méprisante. La CFDT a ainsi été humiliée à plusieurs reprises. Ainsi lors du mouvement des gilets jaunes Laurent Berger avait proposé rapidement une table ronde sociale pour que le pouvoir trouve des interlocuteurs susceptibles de mettre fin à ce mouvement très contradictoire de nature gauchiste, corporatiste et anarchiste. Macron n’a jamais répondu à cette proposition de médiation. Il en a payé le prix fort en acceptant de satisfaire des revendications d’un cout de près de 15 milliards. Le second sujet de conflit entre Macron et Berger est venue des ASSEDIC; là le gouvernement à posé de telles conditions qu’il était impossible d’aboutir dans les délais à une réforme partagée par les partenaires sociaux. Du coup, le gouvernement a tranché à la hache contre notamment l’avis de la CFDT. C’est donc avec les retraites, le troisième sujet d’affrontement avec Macron. Macron qui n’a déjà pas beaucoup de respect pour les corps intermédiaires, y compris le Parlement voir même ses collaborateurs entretient évidemment des relations assez ésotériques avec les syndicats. Si le chef de l’État ne parvient pas à surmonter son opposition aux revendications de la CFDT et plus généralement des syndicats réformistes, il en paiera le prix politique car les voix qu’il grappille régulièrement à droite ne compenseront pas les voies de gauche qui ont permis son élection. Le plus grave dans l’affaire, c’est que le chef de l’État favorise la chienlit sociale dont les conséquences ne seront pas sans effets sur une activité économique déjà chancelante puisqu’on prévoit pour l’année 2020 une toute petite croissance de 1 %, et encore sans éclatement de bulle financière.
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