Réforme des retraites, « formidable gâchis » (Antoine Bozio), maître de conférences à l’EHESS
Selon l’économiste Antoine Bozio, qui a participé à la réflexion du gouvernement dans une tribune au « Monde », malgré l’annonce de quelques mesures visant à réduire les inégalités, les craintes des opposants à la réforme d’une réduction des droits à la retraite sont validées.
« Le 11 décembre, le premier ministre présentait devant le Conseil économique, social et environnemental (CESE) les modalités de mise en place de la grande réforme des retraites. On attendait des clarifications sur les objectifs de la réforme : est-ce que l’objectif est la baisse des dépenses de retraite, comme les opposants à la réforme le craignent, ou est-ce que l’objectif est la mise en place d’un régime universel visant à donner plus de garanties des droits à la retraite et réduire les inégalités de retraite ?
La première partie du discours a consisté à énoncer les grands principes et objectifs de la réforme. Avec un ton d’apaisement, le premier ministre a rejeté toute volonté de stigmatisation des uns ou des autres, répété qu’il n’y avait pas d’agenda caché. Il a affirmé nettement la garantie « incontestable » de la valeur du point, et « l’indexation progressive sur les salaires ». Enchaînant sur l’objectif de justice sociale, il a détaillé les mesures de solidarité comprises dans le nouveau système, de la pension minimale aux points pour une période de chômage, de maladie, et aux droits pour les enfants. L’objectif de réduction des inégalités de retraite semblait enfin assumé, avec un système qui vise à renforcer « la redistribution au profit des plus modestes » et corriger « les inégalités de pensions entre les femmes et les hommes ». Sur la gouvernance, il confirme également l’orientation vers une gouvernance par les partenaires sociaux. A ce stade, l’auditeur pourrait penser que le gouvernement a décidé d’apaiser et de clarifier l’objectif profondément social porté par la mise en place d’un régime universel.
L’objectif est ainsi assumé de réduire la dépense de retraite
Mais c’est ensuite que vient l’annonce la plus importante du discours. Le premier ministre annonce le report de la mise en place de la réforme aux générations nées après 1975, et donc à 2037 pour la première pension liquidée en partie avec les règles du nouveau système. La réforme systémique étant repoussée de douze ans, le premier ministre annonce ensuite une autre réforme, prévue pour s’étaler entre 2022 et 2027. Il s’agit de la mise en place, dans le système actuel, d’un nouveau paramètre remplaçant l’âge du taux plein, un nouvel âge pivot. Cet âge pivot devrait être mis en place progressivement pour atteindre 64 ans en 2027. Il impliquerait un malus en cas de départ plus précoce et un bonus en cas de départ plus tardif. Cette réforme paramétrique vise ainsi à augmenter l’âge du taux plein à 64 ans plus rapidement que ce qui était prévu dans la législation actuelle, qui prévoyait l’augmentation de l’âge moyen de départ à 64 ans vers 2037. » Aototal d’après intéressé, une présentation en forme de gâchis ».
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