Le retrait de la réforme, le retrait de Philippe puis de Macron
Si beaucoup s’accordent sur la nécessité d’une réforme des retraites qui tienne compte en particulier de l’évolution de la démographie presque autant souhaitent que cette réforme soit à la fois juste et efficace. or de toute évidence, la réforme pourtant laborieusement élaborée par Jean-Paul Delevoye est à la fois mal ficelée, injuste et d’une efficience toute relative. La vérité c’est que cette réforme est surtout marquée par des préoccupations politiques. Macron sait qu’il ne pourra pas récupérer grand monde de ses anciens électeurs de gauche. Du coup, toutes ses espérances sont fondées sur une tentative de séduction des sélecteurs de droite précédemment sous influence des républicains. Des républicains qui proposent une réforme brutale à savoir le rétablissement immédiat de l’âge d 65 ans pour l’ouverture d’une pension complète. Macron veut ainsi montrer qu’il est le réformateur de la classe politique actuelle. En clair, il veut montrer aux électeurs de droite qu’il a su tailler dans le budget social quitte à accroître les inégalités (qui vont se perpétuer pendant longtemps avec la juxtaposition de sept à huit régimes selon l’âge, les métiers et l’entreprise. Une vrai cacophonie en perspective. Du coup, le gouvernement avec son incompétence et sa provocation a réussi l’exploit de refaire l’unité de tous les syndicats, ce qui n’était pas arrivé depuis des dizaines d’années. L’espace de compromis se réduit à pas grand-chose à moins que le pouvoir ne recule sérieusement. Un recul qui pourrait prendre la forme d’un quasi retrait de la réforme. Bref une réforme vidée de son contenu mais dont resterait le titre pour sauver les apparences. L’autre hypothèse en cas de persistance du conflit pourrait passer par le retrait d’Édouard Philippe largement responsable du durcissement du gouvernement avec l’amalgame entre les réformes systémiques et les réformes paramétriques. Reste à savoir un éventuel retrait Premier ministre sera suffisant pour apaiser les mécontentements. Il se pourrait bien que le retrait concerne Macron lui-même. Le président dont la légitimité juridique ne peut être contestée ne dispose plus cependant de la légitimité politique. Sa popularité tourne autour de 30 %. On ne peut imposer une réforme avec aussi peu de soutien dans un régime démocratique. En outre, sa popularité déjà en régression va sans doute subir une nouvelle baisse après cette affaire de réforme des retraites. Il pourrait ne bénéficier d’ ici quelques semaines, quelques mois que de l’ordre d’un peu plus de 20 % de soutien. Dès lors serait en question la crédibilité d’une candidature en 2022.
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