Réforme Retraites: l’ erreur stratégique fondamentale de Macron
Macron vient de commettre une erreur stratégique fondamentale en se trompant de réforme. L’urgence n’est pas de définir ce que seront les retraites de ceux qui aujourd’hui ont 47 ou 57 ans et moins ( donc avec application en 2025 ou 2035). Ce n’est pas l’âge de la retraite qu’il faut reculer mais le temps de travail qu’il faut augmenter. Notons que la France la durée de travail annuelle la plus faible de l’Europe. 1646 heures travaillées, soit 434 heures de moins que la Roumanie !
La solution, c’est de travailler plus longtemps tout au long de sa vie pour partir plus tôt, à 62 ans. Au lieu de travailler 35 heures, il faut travailler 37 heures et ça équilibrera les retraites et la balance commerciale qui accuse régulièrement un déficit de 50 à 60 milliards par an.
Pour des questions démographiques et de justice, une réforme des retraites est indiscutablement nécessaire. Mais l’urgence n’est sans doute pas de retarder de manière uniforme l’âge de la retraite mais de travailler davantage tout au long de sa vie en tenant compte des spécificités du métier. Le problème, c’est que la France a pris l’habitude d’enfiler les réformettes tous les cinq ans en moyenne sans s’attaquer aux questions de fond. Il y a forcément l’équilibre financier à trouver entre les actifs et les retraités. De ce point de vue, la France souffre d’un taux d’inactivité trop important ( 6 à 8 millions de personnes ) comparé aux autres pays . Ce sont en effet les cotisations d’actifs qui permettent d’assurer le financement des pensions. Jusqu’alors, on a surtout raisonné en termes de catégories professionnelles, d’entreprises et de secteurs. De sorte qu’on a fait l’amalgame entre les conditions de vie d’un employé dont le travail ne comporte pas de sujétion particulière avec celui d’un autre salarié soumis à des conditions de travail difficiles ( charge physique, charge mentale, cadence, horaires, travail des dimanches et jours de fête etc.).
Si une véritable réforme égalitaire devait intervenir, elle devrait prendre en compte les conditions individuelles de chaque salarié et non son appartenance à un secteur à une entreprise. À l’hôpital, tous les salariés sont loin d’être soumis aux contraintes d’un service d’urgence; à la SNCF nombre de postes ne justifient nullement une retraite anticipée par rapport à la norme; chez les fonctionnaire en général s’ajoutent des conditions de travail généreuses à des sureffectifs. Certes certains métiers, dans certaines fonctions et dans certaines circonstances subissent des contraintes qui justifient un départ en retraite anticipé. Cette réalité ne doit toutefois pas servir d’alibi pour justifier la généralisation de cet avantage a la masse des autres salariés concernés. On objectera qu’un salarié peut au cours de sa carrière changer de poste, certains plus difficiles que d’autres. Ce sont précisément ces sujétions particulières qui doivent être évaluées, prises en compte pour justifier un niveau de retraite particulier.
C’est l’approche globale qui rend la réforme actuelle complètement confuse en même temps qu’injuste. Pour preuve , il y a une différence d’espérance de vie de 10 ans environ entre certains ouvriers et des cadres. C’est la philosophie même du régime des retraites qui doit être mise en cause. L’approche méthodologique par secteur, statut, grande entreprise est complètement obsolète et nourrit l’inefficacité et la justice. Enfin pour éviter d’avoir à engager une réforme tous les cinq ans, il convient de prendre le temps d’organiser les inévitables transitions car on ne passe pas d’un système aujourd’hui particulièrement incohérent et inégalitaire à un système universel. Bref comme sur beaucoup d’autres sujets, l’approche du gouvernement se caractérise par une grande incompétence technique et sociale. Enfin et peut-être surtout l’ urgence n’est sans doute pas le report uniforme de l’âge de la retraite mais l’augmentation du temps de travail tout au long de la vie. Ce qui permettrait de maintenir un âge de départ réel autour de 62 ans.
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