Une vraie incompatibilité entre croissance et écologie ?
Certains défenseurs de l’environnement défendent l’idée que la croissance verte pourrait tuer le mode de développement actuel. Ce développement est le plus souvent mesuré avec l’indicateur qui agglomère toutes les valeurs ajoutées . Un indicateur critiqué -le PIB- parce qu’il n’indique pas les conséquences néfastes du développement sur l’environnement et qu’il ne prend pas en compte non plus le concept de bien-être. Les partisans du productivisme au contraire estiment que la croissance verte ne pourra jamais se substituer au mode de développement actuel. En clair, que l’écologie et la croissance sont incompatibles. Il est évident que nos sociétés ont profondément évolué depuis un siècle, que des ruptures sont intervenues après la seconde guerre mondiale et que des évolutions structurelles s’accélèrent depuis 10 à 20 ans. Nos anciennes sociétés étaient essentiellement agricoles et artisanales. Progressivement elles ont laissé la place au développement industriel. L’agriculture, principale moteur des économies, est devenue marginale, elle ne représente que 2 %. Depuis son apogée, le secteur industriel ne cesse lui aussi de régresser particulièrement en France remplacé par les services. On dit que l’économie s’est dématérialisée du fait que le poids réel de l’industrie ( autour de 17% du PIB) n’a cessé de diminuer. Normalement ce glissement de la société industrielle vers une société de services aurait dû se traduire par une réduction des atteintes environnementales. Observons que les services recouvrent des choses assez disparates dont certaines étaient précédemment rattachées aux activités de la production industrielle. L’industrie a en effet externalisé le maximum de tâches qui ne constituent pas son cœur de métier. Par ailleurs et surtout, les services ont progressé dans les pays développés au fur et à mesure que les productions physiques se délocalisaient. restaient dans les pays développés les fonctions d’ingénierie, d’organisation, de logistique et de commercialisation. De ce point de vue, le taux de tertiarisation est à relativiser. En même temps que la délocalisation des productions physiques on a aussi de localisé les externalités négatives. Si on prend un champ géographique et statistique plus large ,la croissance (mesurant de la valeur ajoutée) risque d’être assez incompatible avec la durabilité. A moins de vraiment réduire les gaspillages et de respecter les équilibres environnementaux. Il est incontournable de réduire en même temps la masse de matière première mais aussi l’énergie et le transport. En clair, pourrait sans doute être remis en cause une grande partie de la matérialité de l’économie. La question est de savoir si la croissance verte pourrait compenser cette réduction de l’économie matérielle. Certains avancent l’idée que les nouvelles technologies notamment de l’in formation constituent une grande partie de la solution. Il faut toutefois remarquer que ces nouvelles technologies sont également gourmandes en matières premières et en énergie. Il y a cependant de nombreux gaspillages qui pourraient être évités aussi bien dans la conception que dans la distribution ou l’utilisation. Le développement pourrait à l’avenir reposer sur des services de bien-être, de confort, d’éducation moins gourmands en matières premières et en énergie. La croissance au sens traditionnel du terme telle qu’elle est mesurée pourrait alors être mise en cause sans qu’il soit porté atteinte à l’aspiration au bien-être social, physique et psychologique. Un question du contenu de la croissance, de sa maîtrise autant que de sa répartition.
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