Inondations : Castaner ne veut pas rechercher des responsables
« Je pense qu’il faut arrêter de toujours chercher à désigner des responsables. Oui il y a eu des fautes, des fautes d’aménagement. Et nous devons les prendre en compte. Il y a des lois qui sont mises en œuvre, des outils pour piloter à l’échelle du bassin versant ces politiques-là. Mais cessez de chercher toujours des responsabilités, des coupables », a-t-il ajouté. Pourtant un article de Politis met le doigt sur certains facteurs applicatifs qui impliquent la politique d’urbanisme.
« Les épisodes météorologiques violents ne datent pas d’hier, même s’ils sont rendus plus fréquents par le dérèglement climatique. Mais, de plus en plus souvent, les pluies se traduisent par de brutales inondations très localisées. C’est vrai par exemple de la période orageuse modérée que la France achève de traverser : à Morlaix en Bretagne, à Bénécourt dans l’Eure, dans les Pyrénées où plusieurs routes ont été coupées, dans le Haut-Rhin, dans l’Oise. Ces zones ont déjà autrefois été touchées par des gros événements orageux ou pluvieux, mais sans que des centres-villes ou des villages soient brusquement recouverts par les eaux ou la boue. Pourquoi ? L’aménagement du territoire pourrait bien être en cause.
Ainsi, pour le climatologue Jean Jouzel, qui fut vice-président du Giec, qui n’écarte pas l’influence des changements climatiques, « il ne faut pas oublier que l’artificialisation des sols et le manque de précautions prises par les municipalités accentuent les problèmes ». Il cite la bétonisation, la disparition des champs entourant les petites villes, l’éradication des haies et des bocages, et donc la capacité d’absorption des sols. Avec cette conclusion : « Ces désastres dits naturels sont aussi imputables à la main de l’homme. »
Dans un rapport remis au gouvernement en décembre 2017, l’Inra explique :
Les sols artificialisés englobent toutes les terres non agricoles, non forestières, non naturelles. Ils recouvrent ainsi toutes les surfaces qui supportent l’activité humaine (sauf l’agriculture et la sylviculture) : les villes, les logements, les activités économiques et les réseaux de transports. L’emprise des villes est croissante, elles ont tendance à s’étaler, une partie des activités urbaines se dispersant dans les campagnes environnantes formant ainsi des espaces périurbains au sein desquels les sols artificialisés s’étendent. Près de la moitié des surfaces artificialisées entre 2006 et 2014 l’ont été pour de l’habitat, qui couvre en 2014 plus de 40 % des sols artificialisés. Le foncier économique (entreprises, entrepôts, commerces) couvre 30 % des surfaces artificialisées et entraîne une augmentation des surfaces imperméabilisées plus rapide que celle des usages résidentiels. Il en est de même des surfaces artificialisées dédiées aux infrastructures de transport qui représentent également 30 % des surfaces artificialisées françaises.
D’après ce rapport, dans la plus grande indifférence, l’artificialisation des sols vient d’atteindre 9,3 % du territoire français. Entre 2006 et 2014, la France a ainsi perdu 490 000 hectares de terres agricoles, surfaces qui absorbaient les eaux de pluies et ne peuvent alors plus le faire. Ce phénomène concerne principalement les abords des petites villes et des villages, et se poursuit à un rythme de 55 000 hectares artificialisés chaque année. Et dans l’examen du projet de loi Elan, le gouvernement et sa majorité viennent de refuser, ce jour, un amendement de la France insoumise qui imposait de limiter cette artificialisation à 10 % du territoire.
En cause : l’installation sur des terres agricoles de grandes surfaces, de zones commerciales ou de zones pavillonnaires couvertes de routes et de parkings imperméables, sur lesquels l’eau ruisselle avant d’aller gonfler brusquement de petites rivières qui traversent les villes, avant de disparaître en quelques heures après avoir fait de gros dégâts. D’autant plus que l’artificialisation occasionne également, aux abords des agglomérations, des vases d’expansion naturels dans lesquels l’eau pouvait se stocker sans déferler. Ce qui s’est passé à Morlaix est un parfait exemple des conséquences de la bétonisation sans réflexion de cette ville d’une quinzaine de milliers d’habitants… »
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