Niveau scolaire en hausse ? un peu prématuré !
« C’est historique le niveau des élèves remonte » à déclaré Blanquer, le ministre de l’éducation. Sans doute une expression un peu excessive et surtout prématurée car on ne peut sans doute procéder à une évolution sérieuse sur un an seulement.
« Nous vivons un moment historique pour l’école: d’une part la maîtrise des savoirs fondamentaux est en hausse – autrement dit le niveau des élèves remonte – et d’autre part, l’amélioration est plus forte pour ceux qui viennent des territoires les plus défavorisés. Cela répond à mes deux objectifs principaux : hausser le niveau général, assurer plus de justice sociale » affirme-t-il glorieusement dans le JDD. En vérité les résultats sont plus contrastés que ne le dit le ministre de l’éducation et même parfois contradictoires surtout pour les milieux les plus défavorisés . La principale critique porte sur une évaluation limitée à un an. Ce type d’évaluation pour être statistiquement pertinente doit nécessairement porter sur plusieurs années. Ce n’est certainement pas après un an qu’on peut constater un redressement du niveau des élèves. il faut rappeler quelques chiffres. 30 à 40 % des élèves qui éprouvent des difficultés avec la langue française. En 2015, seulement « 60% des élèves ont une maîtrise suffisante des compétences attendues (en compréhension de l’écrit et étude de la langue, Ndlr) en fin de scolarité primaire » (Cedre 2015). Les élèves français de CM1 obtiennent, d’après l’évaluation PIRLS 2016, une moyenne inférieure à celle des pays de l’OCDE et de l’Union Européenne. « Depuis PIRLS 2001, la performance globale française baisse progressivement à chaque évaluation. En 2016, l’écart est significatif et représente – 14 points sur la période de quinze ans », peut-on ainsi lire sur le site du ministère de l’Education Nationale. Et les professeurs le constatent aussi dans leurs classes : nombreuses fautes d’orthographe et d’accords grammaticaux, incompréhension des textes, méconnaissance des compléments circonstanciels, difficulté à lire à voix haute, à s’exprimer à l’oral et à l’écrit, à articuler les idées entre elles.
Par ailleurs, I ‘illettrisme concerne 7 % (9 % en 2004) de la population âgée de 18 à 65 ans résidant en France métropolitaine et ayant été scolarisée en France. Si l’on considère les 2500000 personnes concernées : 9 % sont âgées de 18 à 25 ans (9 % en 2004) 15 % sont âgées de 26 à 35 ans (15 % en 2004) 23 % sont âgées de 36 à 45 ans (23 % en 2004) 23 % sont âgées de 46 à 55 ans (30 % en 2004) 30 % sont âgées de 56 à 65 ans (23 % en 2004) Plus de la moitié des personnes en situation d’illettrisme ont plus de 45 ans. Si l’on considère les groupes d’âge, 4 % des 18 – 25 ans (4,5 % en 2004) 5,5 % des 26 – 35 ans (6 % en 2004) 7,5 % des 36 – 45 ans (9 % en 2004) 8 % des 46 – 55 ans (13 % en 2004) 12 % des 56 – 65 ans (14 % en 2004). La proportion de personnes en situation d’illettrisme est plus forte pour les groupes d’âge les plus élevés. Sur les 2,5 millions de personnes concernées, 60,5 % sont des hommes (59 % en 2004), 39,5 % sont des femmes (41 % en 2004). Sur l’ensemble de la population sur laquelle a porté l’exploitation de l’enquête, les hommes (9 %) sont plus souvent en situation d’illettrisme que les femmes (6 %). Les résultats d’IVQ confirment les observations de PISA et de la JDC (Journée Défense Citoyenneté) qui vont dans le même sens. La moitié des personnes en situation d’illettrisme vit dans des zones faiblement peuplées : 26 % dans les zones rurales (28 % en 2004), 22,5 % dans des villes de moins de 20 000 habitants (21 % en 2004). L’autre moitié vit dans des zones urbaines : 14 % dans les villes de plus de 20 000 habitants (17 % en 2004), 27,5 % dans les villes de plus de 100 000 habitants (24 % en 2004), 10 % en région parisienne (idem en 2004).
Pour les quartiers couverts par la politique de la ville? 10 % des personnes en situation d’illettrisme vivent dans les ZUS (idem en 2004). Mais attention : dans les Zones Urbaines Sensibles le pourcentage de personnes en situation d’illettrisme est deux fois plus élevé que dans la population sur laquelle a porté l’exploitation de l’enquête (14 % au lieu de 7 % (18 % au lieu de 9 % en 2004)). Plus de la moitié des personnes en situation d’illettrisme ont un emploi. 51 % des personnes en situation d’illettrisme sont dans l’emploi (57 % en 2004) 10 % sont au chômage (11 % en 2004) 17,5 % sont retraités (14 % en 2004) 13,5 % en formation ou en inactivité (10 % en 2004) 8 % sont au foyer (8 % en 2004) Sur l’ensemble de la population, 6 % de ceux qui sont dans l’emploi (8 % en 2004) et 10 % des demandeurs d’emploi (15 % en 2004) sont confrontés à l’illettrisme. Illettrisme et emploi: 20 % des allocataires du RSA sont en situation d’illettrisme (26 % en 2004). Parmi les personnes allocataires du RSA (RMA, RSO), la proportion des personnes en situation d’illettrisme est donc trois fois plus élevée que dans l’ensemble de la population concernée.
Les progrès constatés par le ministre de l’éducation nationale concernant le niveau des élèves sont en fait assez marginaux et trop partiels pour décréter une hausse historique. De ce point de vue, les classements internationaux ne devraient guère bouger. faut-il rappelé que la France dans le classement PISA obtient la piteuse place de 26e sur 70 pays classés. La question n’est d’ailleurs pas de savoir si le niveau progresse par rapport à lui-même mais si il y a une progression par rapport aux autres pays.
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