France : le massacre de l’industrie
En fait la France a connu un véritable massacre de son industrie confirme une note de la Fabrique de l’industrie publiée ce lundi 4 novembre. En même temps, cet écroulement de l’industrie a vidé nombre de territoires de leur substance économique. Une sorte de processus irréversible de désaménagement du territoire. Le résultat d’un manque général de compétitivité, d’une insuffisance de l’offre technique aussi des visions illusoires de certains experts qui pensaient que la France se transformerait complètement dans des activités de services commercialisant des productions fabriquées à l’étranger. Le problème, c’est que ces productions ont bien été délocalisées mais que les pays de production se sont réappropriés la commercialisation et la valeur ajoutée tout en progressant en technicité. Dans le même temps, la France perdait certaines compétences techniques et certaines qualifications. 4/5 des zones d’emploi que compte la France ont subi des destructions d’emploi dans le secteur industriel entre 2009 et 2015. Le déclin industriel français ne date pas d’hier.
Au niveau national, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée entre 1980 et 2018 a clairement chuté pour passer de 29% à 16% selon de récentes données de la Banque mondiale. En parallèle, l’industrie a détruit près de 2,2 million d’emplois, réduisant ces effectifs de 43% sur la même période, selon de récents chiffres cités par l’Observatoire français des conjonctures économiques dans l’ouvrage consacrée à »L’économie française en 2020″. En outre, le poids de l’emploi industriel dans l’emploi marchand est passé de 29,2% en 1980 à 14,6% en 2018.
Résultat, en 2017, le niveau de production de l’industrie manufacturière française est inférieur de 13% à son pic de la fin 2000. Pire, il est inférieur de 12% à celui du début des années 90, il y près de 30 ans ! Il a fallu tout ce temps pour que l’on prenne conscience de l’exigence d’une politique de l’offre.
L’appareil industriel a ainsi connu « sa pire chute d’activité depuis la Seconde Guerre mondiale, perdant près de 10% de sa valeur ajoutée au cours des années 2008-2009″, ajoutent les économistes de l’observatoire rattaché à Sciences-Po Paris. Outre les délocalisations massives vers des pays à bas coût, de nombreux industriels ont externalisé une partie de leurs services chez des sous-traitants implantés dans le tertiaire. La branche des services aux entreprises a connu une expansion majeure depuis le début des années 1980.
« Les activités scientifiques, et techniques, services administratifs et de soutiens ont crée de plus de 2,8 millions d’emplois, soit une hausse de 181%, sous l’effet notamment du recentrage des activités industrielles sur leur coeur de métier », soulignent les auteurs de l’ouvrage précité.
L’un des enseignements important de cette étude est que la variation de l’emploi industriel est d’abord déterminée par des conditions macroéconomiques favorables. La composante nationale explique environ 52% des variations locales de l’emploi dans l’industrie. Les chercheurs citent entre autres la productivité dans l’industrie, la concurrence internationale ou les structures de dépenses des consommateurs.
En outre, les conditions locales peuvent également être des facteurs déterminants pour la santé de l’emploi dans des territoires fortement industrialisés. La qualité des infrastructures de transport, le prix du foncier, la disponibilité de la main d’oeuvre, le climat, la géographie, la présence d’établissements d’enseignement supérieur ou de centres de recherche sont cités par les économistes. L’effet local comme la forte spécialisation sectorielle explique des variations d’emploi dans 122 zones d’emploi (environ 40% de l’échantillon ). »Les zones à effet local positif se retrouvent le plus souvent à l’ouest, dans le sud et en Rhône-Alpes, tandis que celles qui présentent un effet local négatif sont majoritairement localisées dans le nord et le centre de la France » expliquent les auteurs de la note.
Le gouvernement a lancé en novembre 2018 le dispositif des 144 territoires d’industrie bénéficiant d’un appui spécifique de l’Etat et des collectivités locales. Sous la coupole du Grand Palais, le Premier ministre Edouard Philippe, accompagné de plusieurs ministres, avait lancé en grande pompe cette initiative au moment du salon de l’industrie du futur devant un parterre de chefs d’entreprise et de décideurs.
Un an après, la conjoncture s’est fortement dégradée. La plupart des grandes économies de la zone euro frôlent les récessions techniques dans le secteur industriel. Et si la France tente de résister en raison justement d’un poids plus faible de l’industrie et d’une moindre exposition au ralentissement du commerce mondial, les dernières enquêtes de conjoncture n’annoncent pas de perspectives vraiment optimistes. La plupart des instituts de statistiques ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance de l’économie française pour 2020.
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