Offensive en Syrie: pour Erdogan, un objectif de politique intérieure
Il est peu probable que l’offensive turque en direction des Kurdes soit stoppée. En effet, il ne s’agit pas tellement d’un problème de gestion militaire mais plus simplement d’une question de survie électorale pour Erdogan. Ce dernier ne cesse de perdre des places dans l’opinion publique, il a même perdu Istanbul. Il s’appuie donc sur le nationalisme très fort en Turquie pour faire oublier les turpitudes de sa gestion tant dans les dimensions économiques que démocratiques. Une sorte de détournement de préoccupations des turcs par ailleurs minés par un reflexe nationaliste exacerbé. L’affaire des Kurdes est une opération de survie politique pour Erdogan.
Six jours après le début de l’offensive destinée à éloigner de la frontière les Kurdes de la milice des Unités de protection du peuple (YPG), Recep Tayyip Erdogan ne compte donc pas céder. Le président turc a catégoriquement écartéune proposition américaine d’intervenir pour un cessez-l e-feu dans le nord de la Syrie, mardi dans des déclarations au quotidien Hurriyet.
« (Les Américains) nous disent de ‘déclarer un cessez-le-feu’. Nous ne pourrons jamais déclarer un cessez-le-feu » tant que la Turquie n’aura pas chassé « l’organisation terroriste » de la frontière, a-t-il déclaré à des journalistes dans l’avion qui le ramenait d’Azerbaïdjan.
Cette interview est publiée deux jours avant une rencontre entre Mike Pence et Recep Tayyip Erdogan, programmée jeudi avec l’objectif affiché pour les Etats-Unis d’obtenir un « cessez-le-feu immédiat » dans le nord de la Syrie. Le vice-président américain devrait »réaffirmera l’engagement de Donald Trump à maintenir les sanctions économiques punitives visant la Turquie tant qu’une solution n’aura pas été trouvée ».
« Ils exercent des pressions sur nous pour que nous arrêtions l’opération. Nous avons un objectif clair. Nous ne sommes pas préoccupés par les sanctions », a encore réagi Recep Tayyip Erdogan dans son interview.
Bien que considérées comme « terroristes » par Ankara, les milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) sont des alliées de l’Occident dans la lutte contre les jihadistes de Daesh, d’où le tollé international suscité par l’offensive turque.
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