Réforme des retraites : mal engagée et trop tard
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette réforme des retraites est à la fois mal engagée et trop tardive. Elle est mal engagée car ce type de réforme complexe et délicate doit en général être mise en œuvre dès le début de mandat et non dans une période qui compte tenu du quinquennat s’inscrit dès maintenant dans une campagne électorale. La réforme est également mal engagée car elle contredit une promesse de Macron qui lors de la campagne électorale de 2017 avait promis de ne pas toucher à l’âge la retraite. Or dans les faits, l’âge réel de départ sera bien prolongé d’environ deux ans, pour commencer. En effet pour équilibrer les retraites, le pouvoir propose de rallonger la durée de cotisation à 43 ans. En moyenne les Français entrent sur le marché du travail à 21 ans, on aboutit donc à l’âge de 64. Encore une fois, ce n’est qu’un début, il y aura d’autres reports. Le gouvernement a aussi nettement sous-estimé la complexité de cette réforme en masquant son incompétence derrière des slogans de type un euro égale un euro, un régime universel pour tous, la retraite universelle. Autant de slogans qui ne veulent pas dire grand-chose quand on ne précise pas les modalités concernant l’essentiel, à savoir le niveau de la retraite et l’âge auquel on peut y prétendre. Comme d’habitude le gouvernement a voulu s’asseoir sur les corps intermédiaires en tentant de pratiquer la démocratie directe.
Du coup, il a mis dans une situation ingérable le négociateur Delevoye en intervenant de façon maladroite sur les négociations en cours. Le gouvernement doit s’attendre évidemment à rencontrer l’opposition des syndicats marqués à l’extrême gauche mais aussi d’autres catégories comme les travailleurs libéraux qui ne veulent pas voir liquidé leurs régimes. On a bien noté que le gouvernement était très fébrile désormais dans la mesure où le mécontentement risque de pourrir le climat de la majorité. Le Premier ministre a commencé à désamorcer la colère en indiquant que la réforme pourrait être reportée aux calendes grecques elle ne s’appliquerait qu’à partir de 2025 et pourrait s’étaler qu’en 2040 ou 2050, le temps nécessaire pour les régimes spéciaux de s’intégrer progressivement dans le régime général. D’ici ces échéances, de l’eau aura coulé sous le pont et de nombreux gouvernements pourront revenir sur la question comme ils le font d’ailleurs à peu près régulièrement tous les cinq ans !
Après la RATP, c’est au tour du collectif SOS Retraites, emmené par les avocats et représentant pas moins de 14 professions libérales en colère (sans parler des pilotes de ligne et autres stewards ou hôtesses de l’air qui se sont joints au mouvement), de battre le pavé à Paris. Leur message? «Ne touchez pas à nos retraites», comme ils l’ont encore martelé ce dimanche dans le JDD, refusant que leurs régimes soient fondus dans le «régime universel à points» préconisé par le haut-commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, dans son rapport.
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