Coûts des déchets nucléaires sous-estimés ?
Pour Greenpeace, il manquerait une vingtaine de milliards pour la gestion des matières radioactives stockées. Pourtant, les couts de cette gestion sont déjà estimés à hauteur de près de 75 milliards dont 25 pour le site d’enfouissement profond Cigeo. La différence porte sur la nature des déchets à stocker et leur volume. De toute manière, cela ne change pas la situation financière catastrophique d’EDF qui traîne déjà un déficit de l’ordre de 35 milliards et qui aura dans les années à venir des besoins de financement de 200 milliards environ notamment pour le grand carénage, le démantèlement des vieilles centrales et la gestion des déchets.
Greenpeace estime que les volumes de déchets de haute activité à vie longue sont cinq à sept fois supérieurs aux chiffres officiels (…) Cela signifie qu’il faudrait a minima doubler les dimensions du projet Cigéo», a déclaré Florence de Bonnafos, de Greenpeace France.
Pour l’ONG anti-nucléaire, un certain nombre de substances radioactives, comme le combustible usé entreposé dans les piscines de La Hague, devraient être classées comme déchets et non pas comme matières (substances pour lesquelles une utilisation ultérieure est prévue ou envisagée).
Dans un rapport publié en juillet, la Cour des comptes avait déjà noté les «limites» et l’«ambiguïté» de cette classification pour certaines substances, comme le MOX usé et l’uranium de retraitement ré-enrichi (URE) dont la réutilisation est liée à l’hypothétique développement de réacteurs de 4e génération à protons rapides. Une perspective qui s’est éloignée avec l’abandon, au moins à moyen terme, du projet de réacteur prototype Astrid.
«Le coût du seul stockage éventuel des MOX et URE usés dans Cigéo est évalué à plus de 5 milliards d’euros», soulignait la Cour.
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Mais Greenpeace plaide pour requalifier en déchets davantage de types de matières et l’ONG en arrive au total à une estimation «conservatrice» de 18 milliards d’euros supplémentaires pour leur gestion, dont 15 milliards à la charge d’EDF, déjà endetté à hauteur de 33 milliards d’euros.
Cette passe d’armes intervient à deux semaines de l’issue du débat national sur la gestion des matières et déchets radioactifs lancé en avril, sujet sensible et très clivant dans un pays qui possède le deuxième parc de réacteurs nucléaires au monde.
Après le bilan de ce débat qui sera publié d’ici à la fin novembre, le gouvernement présentera le 5e Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR).
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