France : un rapprochement douteux avec Moscou
On peut légitimement s’interroger sur la pertinence du rapprochement entre la France et Poutine. Cela d’autant plus qu’il n’y a pas d’objectif précis dans le contenu de cette nouvelle diplomatie. Le ministre des affaires étrangères français Jean-Yves le Drian, dit le saumon rose pour sa capacité à évoluer dans tous les courants a justifié cette rencontre « pour réduire la défiance. Le problème c’est qu’on ne reviendra pas bien entendu sur l’envahissement de la Crimée par la Russie et qu’on aura bien du mal à obtenir un apaisement pour les conflits qui se déroulent dans l’est de l’Ukraine. Bref on voit mal ce que la France pourrait obtenir de concret dans cette évolution de sa politique diplomatique. Poutine n’a pas l’habitude de faire des concessions, pire il conteste le bien-fondé du concept de démocratie dans les pays développés. En outre ce rapprochement intervient à un moment où Poutine est en difficulté politique. Lors des très récentes élections, Poutine a reçu un camouflet puisque l’opposition a emporté de nombreuses sièges à Moscou par exemple et la majorité poutinienne n’a pu être maintenue que d’un cheveu. « Réduire la défiance » ne serait constitué un objectif politique en diplomatie. Il convient de fixer des objectifs précis. Il se pourrait bien que ce virage diplomatique constitue en quelque sorte une manière de protester contre la politique de Trump qui snobe désormais Macron et qui s’oppose à toutes les initiatives françaises en matière par exemple de climat ou encore de fiscalité sur les grands du numérique. «Le moment est venu de travailler à réduire la défiance» avec la Russie, a déclaré Jean-Yves Le Drian, aux côtés de Florence Parly et de leurs homologues, Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou. «Nous n’avons pas toujours la même vision», a dit de son côté la ministre. Mais «il est important de pouvoir se parler, d’éviter des incompréhensions, des frictions».
Dans ce nouveau contexte, la France a proposé à la Russie un «agenda de confiance et de sécurité» dans «cinq directions complémentaires» : coopération dans le domaine sécuritaire, culturel et le dialogue des sociétés civiles, création de mécanismes de concertation pour éviter tout incident (dans le domaine nucléaire, l’espace et le cyber), mise en place d’une «architecture de sécurité» en Europe, rapprochement des valeurs et des principes et travail commun face aux crises. Des les objectifs relativement ambigus et flous qui pourraient surtout servir à Poutine pour se recrédibiliser dans le champ international mais aussi national.
0 Réponses à “France : un rapprochement douteux avec Moscou”